Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 11 Avril 2023
Chronique 2 :
Le club de littérature va disparaître le mois prochain: telle est la terrible nouvelle annoncée par le proviseur, qui a eu vent de l'absence de référent pour nos cinq héroïnes et, surtout, de leurs lectures à voix haute qui sont parfois jugées obscènes, quand bien même il s'agit de littérature et d'Art. Les cinq membres, alors qu'elles commencent toutes à être si troublées par leur éveil au désir, risquent ainsi de perdre leur havre de paix, où elles peuvent être elles-mêmes ou oublier qui elles sont sans s'inquiéter du regard des autres... et ça, elles le refusent catégoriquement, au point de se lancer dans une véritable opération de sauvetage du club ! Entre la recherche désespérée d'un professeur référent, la conception de tracts et la mise au point d'une pétition, elles ne lâchent rien. mais elles doivent aussi, en parallèle, continuer de se questionner sur les troubles qui naissent en elles...
Si la menace de disparition du club de littérature vient quelque peut dynamiser de plus belle le récit en apportant un petit enjeu plus concret, la quête de nos héroïnes pour le sauver ne dure pas non plus trop longtemps en trouvant sa chute dès la première moitié de ce deuxième volume, avec un intérêt précis: celui de bien cristalliser l'importance qu'a ce club pour les cinq jeunes filles, pour partager des moments à part sur leurs lectures, leurs réflexions... et aussi, forcément, leur doux éveil à la sexualité. Et de ce côté-là, les adolescentes suivent des chemins assez différents et tous intéressants.
Kazusa essaie de ne pas penser à Izumi, en se réfugiant dans le sauvetage du club. Elle n'a pas envie que son ami d'enfance change, et elle n'a pas envie de changer elle non plus. Mais le fait est que tout change, plus encore à l'âge charnière de l'adolescence, et que la jeune fille va encore devoir se confronter à ses désirs naissants, tout en ayant encore des exemples qu'Izumi pense lui aussi à la chose. Le tout étant désormais de savoir faire la différence entre amour, désir et sexe.
De son côté, Rika, depuis qu'elle se sent troublée par Shun, change doucement, s'intéresse aux méthodes de séduction et à l'éveil à la sexualité par le biais de magazines et de romans. Et rien que parce qu'elle change de look pour révéler sa beauté, tout le monde semble changer soudainement d'avis sur elle, en interrogeant volontiers un peu plus sur le rapport au physique. Au-delà de ça, la si sérieuse jeune fille saura-t-elle faire le point sur le trouble sentimental qui est né en elle, et être sincère envers elle-même ?
Hitoha, de son côté, se confronte plus concrètement au manque de réalisme de ses écrits lors des scènes érotiques, au point de vouloir prendre une décision radicale qui n'appartient qu'à elle. Mais quelques surprises risquent bien de l'attendre... Et à l'arrivée, elle pourrait en ressortir à son tour troublée dans une fin de tome intrigante. Elle qui n'envisageait le passage à l'acte que comme un moyen de gagner de l'expérience pour ses écrits, qu'en sera-t-il désormais ?
Les deux autres filles de la bande sont un peu moins en vue, en particulier Momoko qui reste décidément la plus discrète pour le moment. Cependant, elle continue d'être un adorable soutien pour son amie Kazusa, et même de se rapprocher de façon bénéfique de Niina. Et puis même si elle ne s'est jamais intéressée aux garçons, à son cours du soir, elle en rencontre un qui affirme être une connaissance de l'école primaire. Est-ce vrai, ou y a-t-il une entourloupe de la part de ce gars qui semble très à l'aise avec les filles ? Dans tous les cas, Momoko a au moins le mérite ici de rappeler qu'il ne vaut mieux pas se précipiter.
Quant à Niina, au-delà de son habituelle aura auprès des garçons et de certaines jalousies féminines que ça commence à provoquer (n'est-ce pas Emi ?), elle apparaît surtout ici comme une conseillère voire une grande soeur pour les autres, elle qui connaît déjà certains tracas liés au désir au vu de son passé. Et elle permettra même de faire prendre conscience à Izumi que les filles aussi pensent au sexe.
Tout en ayant la bonne idée de ponctuer leur oeuvre de petite références littéraires, les deux mangakas dépeignent avec beaucoup d'attention ces cinq adolescentes décidément attachantes dans leur genre. Et elles savent toujours profiter de leurs parcours respectifs pour aborder encore d'autres choses autour de leur lent et en même temps troublant éveil à la sexualité: se questionner sur la différence entre amour et désir, penser à l'acte d'amour en tant qu'étape nécessaire pour avoir des enfants, demander l'avis de personnes plus expérimentées y compris les parents (même si ça peut forcément être très gênant), et dans tous les cas prendre le temps de réfléchir pour ne pas se précipiter et ne pas commettre d'erreurs.
Après deux volumes, il y a vraiment beaucoup de bonnes choses dans Blooming Girls. Globalement, Okada et Emoto trouvent un ton adéquat pour décortiquer minutieusement, avec ce qu'il faut de pudeur, les troubles tout à fait naturels que connaissent ces jeunes filles à une époque charnière de leur vie, celle où l'on s'éveille à la sexualité.
Chronique 1 :
Rien ne va plus au sein du petit club de littérature. Non seulement ses membres sont perturbées depuis que le mot « sexe » a été évoqué, mais leur assemblée risque d'être dissoute, faute de la présence d'un proviseur référent. Alors, tout en faisant face à leurs chamboulements respectifs, les quatre demoiselle mettent tout en œuvre pour tenter de sauver leur club.
Le premier volume de Blooming Girls posait de jolies bases, abordant le sensible sujet de la sexualité au cœur d'un groupe d'adolescentes, sans virer sans le voyeurisme ni franchir la ligne rouge. Néanmoins, parce que toutes les héroïnes n'avaient pas forcément eu droit à un véritable espace de développement, on attendait d'en découvrir davantage du manga conjoint de Mari Okada et de Nao Emoto. Aussi ce deuxième tome, publié en simultanée du premier, est l'occasion de se faire un avis plus construit.
Et effectivement, si Kazusa et Rika occupent toujours des places centrales dans ce tome, Hitoha affirme sa présence et son caractère bien à part, via une histoire personnelle qui la liera... à l'un de ses professeurs ! Fort heureusement, il ne s'agit là que d'une manœuvre cocasse pour déjouer une situation, du moins pour l'instant. Pas de détournements de mineur à l'horizon et fort heureusement, tant cela aurait trahi la pureté du titre.
Car dans cette enivrance globale, Mari Okada nous parle autant de sexualité que d'adolescence, tout simplement. Ainsi les demoiselles ont droits à des arcs romantiques personnels, dans lesquels il n'est pas forcément toujours question de relations charnelles, même si le sujet continue de tarauder Kazusa vis à vis de son ami d'enfance, Izumi. Avant tout, la concernant elle et Rika, se sont les amours qui se lient à la notion de sexualité, tandis que l'ensemble de l'opus pose des questions pertinentes sur le sujet, tout en légèreté et par le biais de ces demoiselles pures et sincères.
Pour tous ces arguments, le deuxième volume de Blooming Girls confirme les premiers arguments de la série, tout en délivrant de nouvelles richesses des personnages, et vis à vis des thématiques exposées. Malgré un sujet délicat, Mari Okada livre l'histoire d'une tranche de vie adolescente pleine de bons sentiments, de tendresse et de naïveté, le tout sublimé par la patte expressive de Nao Emoto. Une belle lecture, donc, qui nous fait regretter l'absence de diffusion de l'adaptation animée chez nous. Pour compenser, on attendra les six prochains volumes de l’œuvre avec hâte.