Bloody Monday Vol.1 - Actualité manga

Bloody Monday Vol.1 : Critiques

Bloody Monday

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 24 Décembre 2015

Critique 1


Vladivostok, Russie. Le soir de Noël, dans un club de strip-tease, une étrange et inquiétante transaction a lieu entre le dénommé Sergeï et Maya, une ravissante jeune femme. En échange d'argent, cette dernière se voit remettre une terrible marchandise : un virus a priori dévastateur...
Quelque temps plus tard, au Japon, nous découvrons un lycéen du nom de Fujimaru Takagi. Côté famille, sa mère n'est plus là depuis 5 ans, son père travaille pour une agence secrète de la sécurité publique, et sa petite soeur Haruka souffre d'une maladie la contraignant à devoir faire des dialyses trois fois par semaine. Et côté lycée, il fait partie du club de journalisme où il fréquente des membres amicaux, mais où il évite de trop s'impliquer. Bref, en apparence, il a une vie d'adolescent on ne peut plus classique et sans gros remous, partagée entre vie paisible et difficultés quotidiennes... Mais ce n'est qu'une apparence, car secrètement il n'est autre que Falcon, un hacker de génie qui, quand il ne pirate pas le matériel informatique des personnes malhonnêtes (son professeur en fera les frais dans le premier chapitre), collabore avec le Third-I, l'agence où travaille son père ! Et en acceptant une nouvelle tâche confiée par son paternel, il ne se doute pas encore dans quel pétrin lui et sa famille vont se retrouver...

Démarrée en 2007 dans le Shônen Magazine de Kôdansha, la saga Bloody Monday s'est achevée au Japon en 2012 après trois saisons faisant respectivement 11, 8 et 4 tomes. En France, la saga est arrivée chez Pika Edition en 2010 et nous a permis de découvrir aux dessins Kôji Megumi, qui signait là son premier manga d'envergure puisqu'auparavant elle n'avait dessiné qu'une courte série en 5 tomes (inédite chez nous). Et au scénario, on trouve Ryô Ryumon, qui est simplement l'un des nombreux pseudonymes de Shin Kibayashi, un auteur que l'on connaît très bien : Psychometer Eiji, Get Backers, Kindaichi, Les Gouttes de Dieu, Psycho Busters... tout ça, c'est à lui qu'on le doit.

Saga devenue facilement populaire, Bloody Monday doit sans doute une partie de son succès à son inscription dans un registre pas forcément courant en manga, et encore moins dans le genre du shônen : suspense, action et terrorisme devraient y faire bon ménage, le tout sur fond de piratage informatique. Une recette largement déjà vue au cinéma, surtout du côté du divertissement hollywoodien, et l'oeuvre imaginée par Ryumon ne cache aucunement cette influence en en reprenant une partie des ingrédients et des poncifs ! On n'en dira pas trop pour ne pas gâcher la mise en place de l'histoire, mais une passé fois le long et banal chapitre introductif on se retrouve très vite plongé dans une affaire de grande envergure, où Fujimaru n'est qu'aux prémisses des dangers qui l'attendent, puisqu'il lui faudra user de ses talents de hacker, protéger les siens, démêler le vrai du faux, démasquer les traîtres et espions, et sans doute échapper à la mort pour empêcher ce qui semble être un complot terroriste qui risque fort de mettre le Japon en danger ! Très vite, impossible de compter sur la police, d'autant que son père se retrouve pourchassé pour un meurtre qu'il n'a pas commis... et une fois qu'elle a décollé, on peut dire que la recette, sans chercher à être originale pour l'instant, fonctionne bien, car le rythme va crescendo et l'on ressent très bien le parfum de danger qui plane de plus en plus sur Fujimaru, Haruka ou son père... Mais cela suffit-il pour nous convaincre totalement ? Pas sûr...

En effet, si les auteurs jouent à fond la carte des bons vieux stéréotypes du genre avec une certaine efficacité (le génie qui mène en quelque sorte une double vie secrète, le père en cavale, la méchante beauté vénéneuse qui n'hésite pas à user de ses charmes pour manipuler ses cibles sans scrupules... ces trois-là sont plutôt bien campés dans leur genre), cela devient plus gênant pour les rôles secondaires, tant leur caractère se montre très artificiel : la petite soeur malade à protéger à tout prix, l'amie d'enfance un peu garçon manqué, la fille discrète ultra fan de Falcon sans savoir au départ qu'il est devant elle, l'imperturbable et perspicace ami confident un peu beau gosse et président du club de journalisme... Dans le fond, pourquoi pas, mais leur rôle est pour l'instant si primaire que leur caractère stéréotypé les rend peu intéressants. Espérons qu'ils le deviennent plus par la suite.
Toutefois, le principal problème vient plutôt d'ailleurs : le récit, tout aussi rythmé et efficace soit-il, est parsemé de beaucoup de petites choses peu crédibles qui, accumulées, finissent par faire trop. Cela commence dès la fin du chapitre 1, avec les mots que Fujimaru glisse à l'oreille de son enseignant déchu, laissant clairement comprendre son identité à ce dernier... Heureusement que notre héros est censé vouloir garder son identité secrète ! Et toujours concernant l'enseignant, on peut vraiment se demander comment un type aux vices pareils n'a pas été mis au ban avant et n'est même pas arrêté. Quant à l'arrivée de la dangereuse Maya en tant que nouvelle enseignante, elle amène un sacré flot d'idioties de la part de Fujimaru. Lui qui doit décrypter une carte SD sous son identité SECRETE et pour une agence SECRETE, voilà qu'il le fait dans la salle informatique en présence de cette femme qu'il connaît à peine. Et quand il se met à avoir des doutes sur elle, quoi de mieux que d'aller l'interroger directement sur ce qu'elle faisait à Noël, histoire de la mettre sur ses gardes ? Ben voyons... On peut également s'interroger sur la façon dont notre héros dévoile tout au club (à Aoi pourquoi pas, vu que c'est son amie d'enfance, mais visiblement il ne connaît pas depuis longtemps certains autres membres...), ainsi que sur certains faux suspenses, comme l'arrivée de la collègue du père de Fujimaru en fin de tome (c'est tout à fait logique de se présenter au téléphone en disant avoir Haruka en otage alors qu'on est gentille, ben oui... et ça ne fait pas tiquer Fujimaru).

Côté dessins, on sent qu'il s'agit de l'un des premiers travaux de Kôji Megumi, de par certaines inégalités. Mais le coup de crayon n'en reste pas moins très expressif et possède suffisamment d'impact pour entretenir le rythme et le suspense, et l'ensemble ne demande qu'à s'affiner au fil des tomes. A cela, il faut ajouter quelques légères notes d'humour et, pour appâter le lecteur ado, de fan-service (la culotte d'Aoi et, surtout, le corps de rêve de Maya, fatale quand elle tue, et titillant les lycéens en prof de bio au décolleté affriolant). En somme, il y a une bonne marge de progression... ainsi que quelques légers partis pris qui pourront plaire ou rebuter selon les goûts, à l'image des yeux de Falcon prenant la forme d'yeux de faucon quand il planche sur son ordinateur.

Au programme, donc, une entrée en matière ponctuée de gros clichés propres au genre et qui sont plus ou moins efficace/dérangeants et, surtout, d'un certain manque de crédibilité dû à beaucoup trop de petites choses qui clochent. Il y a pourtant cet univers du hacking plutôt bien retranscrit, ce rythme et ce parfum de danger qui sont bien là et instaurent très bien le suspense, et si l'on n'est pas trop regardant il y a ce qu'il faut pour passer un bon moment de lecture. Espérons simplement que Bloody Monday saura gommer ses défauts par la suite, car il y a tout pour faire ici un divertissement efficace.

L'édition proposée par Pika est globalement satisfaisante. La traduction est assez vivante, et les termes propres à l'informatique sont appuyés par des explications suffisantes, même si le lexique n'est pas toujours judicieusement placé.


Critique 2


Bloody Monday est une des nouveautés de fin 2010 chez Pika, une licence attendue par de nombreux fans dans notre pays. L'attente de ce titre était donc légitime, mais ce premier volume n'est pas le chef d'œuvre que l'on attendait...

Bloody Monday commence à notre époque, en Russie, où un grave virus sera propagé le soir même de noel. L'histoire commence réellement au Japon où Fujimaru Takagi, un brillant hacker bien que lycéen, va être mêlé à cette sordide histoire qui va prendre des proportions bien plus grandes que prévu.

Point positif pour ce premier tome : l'idée de base est bonne et vraiment intéressante. Même si le fait de montrer un lycéen génie est assez cliché, les moyens de faire une bonne histoire sont là.
Ce premier tome semble donc poser les bases de la série, nous présentant d'abord le hacker de talent qu'est Fujimaru ainsi que son entourage, ce qui passe aussi par son père qui semble être un personnage clef du manga. On y découvre aussi la séduisante Maya, qui semble être un obstacle pour notre héros sous ses airs d'alliés.

Les évènements de ce premier opus introduisent donc le complot terroriste au sein du Japon, et donc de notre groupe de héros. Le père de Fujimaru est le suspect d'un meurtre, meurtre bien sûr lié au projet "Bloody Monday". Il faut avouer que si le récit se montre assez lent pour le moment, les évènements décrits sont assez intéressants. Le tome se focalise beaucoup sur la relation entre Fujimaru et Maya, une relation de faux alliés puisque Maya n'a rien d'une gentille et les doutes de Fujimaru naîtront plus tôt que prévu.

Ce premier tome aurait pu être décevant tant le principe de la menace terroriste est un thème qu'on a déjà vu sous divers formats, mais Fujimaru et son hacking apportent suffisamment d'intérêt pour permettre à ce tome de ne pas sombrer dans l'ennui total. Les plus geek des lecteurs seront sans doute séduits tant les auteurs semblent s'être renseigné sur l'informatique grâce au langage spécifique omniprésent. De plus, la conclusion du volume est suffisamment efficace pour que l'on souhaite lire la suite.
Néanmoins, un gros défaut est apparent : les personnages. Nous avons affaire à des protagonistes assez clichés pour ne pas dire caricaturaux. Le héros est un lycéen de génie, son père une personnalité importante en cavale, le meilleur ami du héros semble froid pourtant doué, sa meilleure amie est légèrement garçon manqué et semble amoureuse de lui et enfin, Maya est le cliché de l'alliée pourtant ennemie aux airs innocents, mais pourtant machiavéliques. Gageons toutefois qu'il ne s'agit que du premier volume et que l'auteur a le temps de faire évoluer ses personnages, à condition qu'il ne tombe pas dans la facilité.

Du côté du dessin, le trait de l'auteur est d'un style shônen on ne peut plus classique. Si cela ne dérange pas forcément, on peut croire qu'un dessein plus sombre à l'instar de celui d'Obata pour Death Note aurait relevé le côté plus "sombre" du titre.
Quant à l'édition de Pika, elle est remarquable. L'éditeur n'oublie pas un lexique des termes propres au manga, de quoi sauver les non initiés qui n'auraient aucune connaissance du jargon dans le titre.

En bref, on peut dire que ce premier volume de Bloody Monday s'avère intéressant par son thème de l'informatique pour combattre une menace terroriste et permet de se détacher des séries du genre. Reste la galerie de personnages qui reste vue et revue, mais la série a encore le temps de décoller et proposer quelque chose de nouveau.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs