Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 09 Octobre 2013
Nous avons vécu l'horreur. Nous avons connu l'enfer. Un massacre pire que le pire de nos cauchemars. Un banquet de sang donné sur une île... en l'honneur de son macabre nom.
Pour parfaire leur entraînement, 13 filles du club de naginatajutsu de leur lycée partent en camp sur une petite île, où elles se préparent à vivre quelques jours d'enfer. Et en effet, le séjour sera infernal, mais pas comme elles le pensaient. Arrivées sur place, elles ne trouvent pas leur contact, mystérieusement disparu. Les habitants semblent totalement absents, puis elles ne tardent pas à faire d'étranges découvertes : des masques, dont un ressemble étrangement à l'une d'elles, puis quelques mots sur un ordinateur : "Offrande sacrificielle", "Treize", Vierges". Débutant malgré tout leur camp comme si de rien n'était, elles sont vite confrontées à la disparition de certaines d'entre elles. Il faut dire que l'île, nommée l'île des treize démons, possède une légende qui fait froid dans le dos : autrefois, 13 rebelles, détenteurs d'un trésor, se seraient opposés à Nobunaga avant d'être massacrés...
Ainsi se présente Bloody Maiden, une courte série en deux tomes qui en dit déjà long rien qu'à son titre, et qui est la première oeuvre publiée en France du scénariste Kikuhiko Taida et du dessinateur Sutarô Hanao (aussi connu au Japon pour un spin-off en manga de Robotics Notes), qui nous offrent ici un récit pour le moins étrange, partagé entre une ambiance sanglante en huis-clos à la Battle Royale, et une déferlante de fan-service ponctué de notes d'humour.
Et à vrai dire, entre les deux, la balance penche plutôt pour le fan-service dans ce premier volume... qui toutefois ne traîne pas pour autant à nous faire entrer dans le vif du sujet. Car tandis que certaines filles s'amusent bien en se promenant à moitié nues, en plaisantant entre elle, en se pelotant ou en s'embrassant (parce qu'un peu de shôjo-ai, c'est toujours fun), d'autres commencent déjà à se retrouver les viscères à l'air, ce qui instaure peu à peu un climat d'angoisse dans le groupe, dès lors qu'elles se décident à s'interroger un peu plus sur la disparition de certaines de leurs amies. Les voici alors lancées sur les traces de la macabre légende de l'île, qui, sans qu'elles le sachent encore, risque fort de se jouer d'elles...
Sur ses trois premiers quarts, le premier volume de Bloody Maiden suit donc un schéma très linéiaire : plein de fan-service entre filles et un peu d'humour, ponctués de quelques morts en bonne et due forme. D'un côté, les auteurs s'en donnent à coeur joie dès qu'il s'agit de mettre en valeur le corps ou le caractère de leurs jolies héroïnes, quasiment toutes assez différentes, même si quasiment aucune n'a droit à un développement (elles se contentent de mourir, c'est plus sympa) et que les rares qui y ont droit restent totalement superficielles (qu'elles meurent aussi, c'est tout ce qu'on demande, le reste on s'en fout). De l'autre côté, ils n'hésitent pas non plus à éparpiller quelques tripes ou à faire voler un bras, ce qui met toujours une bonne ambiance, même si le rendu gore, tout aussi sanglant soit-il, reste limité.
Hormis cela, on peut quand même regretter un rendu pas toujours très clair : les transitions manquent de netteté dès lors que plusieurs groupes se forment pour partir à la recherche des disparues, et les très courtes scènes d'action manquent de lisibilité.
On se contente donc de suivre bêtement une courte série qui ne développe rien de bien folichon, mais qui offre l'un de ces petits plaisirs coupables qui font du bien de temps en temps. Vous aimez les seins en tous genres, les culottes et de manière générale les jolies filles, et vous aimez encore plus quand elles sont en plusieurs morceaux ? Bloody Maiden est peut-être pour vous.
Côté édition, on déplorera l'habituel papier rêche de l'éditeur et la qualité d'impression médiocre (vous en aurez plein les doigts), et on saluera les quatre premières pages en couleur.