Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 22 Février 2017
Critique 2
Zed, l'homme-poisson, a intégré un peu à son insu Libra, et pour fêter Léo lui propose d'aller se faire une bouffe en ville... en compagnie de Zapp. Les deux Z ne pouvant pas franchement se piffer, la sortie promet, d'autant que le trio va aller de déconvenue en déconvenue en cherchant un resto ! Pendant ce temps, du côté de Klaus et du reste des membres de Libra, il faut collaborer avec la police afin de remonter jusqu'à un dangereux groupe mafieux préparant des desseins loin d'être mignons...
L'un des talents de Nightow, depuis l'époque de Trigun, est sûrement sa capacité à partir de trois fois rien pour nous offrir des histoires qui partent complètement en vrille, autant grâce aux personnages barrés qu'aux rebondissements ravagés. L'artiste récidive en nous offrant, dans le premier tiers du tome, l'un des passages les plus funs depuis le début de son manga. D'un côté une affaire de lutte contre un groupe mafieux dangereux, de l'autre une sortie-déjeuner qui était censée être cool... voilà pour les bases, qui ne vont cesser de dégénérer. D'un côté, celui de la lutte contre les mafieux, Nightow exploite efficacement ses personnages, notamment C.C pour quelques notes d'humour où le flic que l'on reverra, et sait surtout faire aller crescendo les choses concernant la menace du plan des ennemis. Mais c'est bien ce qui se déroule de l'autre côté qui nous éclate le plus. Le trio composé de Leo, Zapp et Zed est exquis, entre le premier qui se désespère de voir sa sortie dégénérer et de ne pas trouver de resto potable, le deuxième qui est plus crétin que jamais dans ses gamineries et son envie d'embêter Zed, et notre homme-poisson dont on découvre encore un peu plus le caractère, la tentative de courtoisie (et de self-control...) face à Zapp ainsi que les goûts alimentaires un peu délicats. En toile de fond, la virée des trois gus dans les rues de la ville permet d'approfondir encore l'univers riche et foutraque de cette cité unique, avec notamment un flot de créatures aux designs divers et variés où le dessinateur a tout le loisir de se faire plaisir. Au vu de la malchance de ce trio dans ce chapitre, on a vite fait de deviner l'inévitable conclusion où les deux "affaires" se rejoignent (s'entrechoquent, plutôt)... mais ils ont beau souvent sembler largués, un peu branques et couillons, ils n'en restent pas moins des membres de Libra, capable d'assurer dès que la situation l'exige.
Dans la deuxième histoire de ce volume, c'est un personnage parfois un peu trop discret qui est mis en avant : cette chère Chain, la lycanthrope qui, en plus de faire partie de Libra, est membre du bureau des loups-garous. Et quand les autres membres de son espèce sont dans la panade, il lui faut agir... dans une nouvelle déferlante d'idées extravagantes trustées par un rythme bien soutenu ! Bien qu'un poil confus dans sa dernière ligne droite, ce passage régale essentiellement grâce à l'image qu'il nous offre de la miss Sumeragi, une image où tantôt on la reconnaît bien, tantôt on la découvre sous de nouveaux jours, évidemment pas toujours sous son meilleur profil !
Quant au troisième et dernier récit du volume, il change encore de tonalité : bien que des notes d'humour soient toujours présentes et que l'action bourrine soit bien au rendez-vous quand il faut (Klaus, ce charisme), Nightow adopte une ambiance globale un peu plus touchante et dramatique. En effet, sur fond de tension entre clans mafieux japonais arrivés à H.L. pour des raisons mystérieuses, le mangaka met aussi l'accent sur le lien entre les dénommés Meivi et Kirishima, respectivement une fillette meurtrie que la cruauté de la ville n'a pas épargnée, et le yakuza qui a choisi de s'occuper d'elle... sans forcément pouvoir toujours la protéger. Le récit est très bien mené dans son mélange de tonalités et aboutit sur une nouvelle réussite.
Au final, on tient un volume particulièrement bon. Faisant à peu près la même longueur, les trois histoires jouent sur des créneaux assez différents, et dans les trois cas c'est fichtrement réussi en termes d'ambiance, de rythme, de trouvailles, de petites découvertes sur les personnages... et surtout d'approfondissements d'une cité aussi riche et vivante que dangereuse ou cruelle, où toutes les espèces continuent de vivre dans un équilibre parfois mis en danger. Dans tout ça, la trame principale ne fait une nouvelle fois que s'esquisser vaguement par le biais de quelques renvois, mais l'intérêt n'est clairement pas là et se situe dans l'exploitation d'une cité aux mille possibilités et de ses délicieux habitants. Et si le vrai personnage principal de B3, c'était cette ville hybride d'Hellsalem's Lot ?
Critique 1
Libra vient d’accueillir en ses rangs un nouveau membre, Zed, qui venait de passer une bien mauvaise journée. Leonardo, Zapp et leur nouveau compère décident d’aller déjeuner, mais difficile de trouver un établissement qui satisfaisait chacun, sans compter que Hellsalem’s Lot regorge de restaurants aux plats aussi farfelus que peu ragoutants. Et la quête d’un bon repas sera d’autant plus compliquée qu’au même moment, Klaus enquête sur un dangereux ennemi…
Sixième tome pour Blood Blockade Battlefront, et sixième recueil d’aventures totalement folles pour le Libra. Encore une fois, Yasuhiro Nightow choisit délibérément de ne pas suivre de véritable fil conducteur, malgré tous les éléments plantés dans la série dans les premiers chapitres, et préfère utilisation son imagination pour développer des intrigues qui se suffisent, qui mettent en avant les différents personnages de manière successive et qui contribuent à décortiquer ce monde vaste qu’est la ville de Hellsalem’s Lot, mégalopole aux frontières d’autres dimensions.
Alors, ce nouvel opus est très caractéristique du style de Nightow sur sa série, celui-ci est capable de développer aussi bien une tonalité complètement déjantée que dépeindre des séquences plus touchantes comme c’est le cas dans le chapitre « The Outlaw of Green ». Toutes les tentatives entreprises s’avèrent être des réussites, aussi, la première histoire du tome conte un véritable périple du trio formé par Leo, Zapp et Zed dans Hellsalem’s Lot, le tout ponctué de savoureuses phases d’humour où toutes les vannes se centrent sur le caractériel Zapp. L’action n’est toutefois jamais exclue, elle surgit même là où on l’attend le moins dans ce chapitre, le tout pour clore la première intrigue de manière survoltée et rappeler qu’aussi couillons soient les membres de Libra, ils n’en restent pas moins des agents du surnaturel d’exception.
Le second chapitre met en avant un personnage trop peu développé jusqu’à présent, Chain Sumeragi, membre du bureau des loups-garous en plus d’être une agente de Libra. Outre ses allures d’hommage à Cat’s Eye de Tsukasa Hôjô, le chapitre est l’occasion pour l’auteur de développer un registre différent et de s’adonner à toutes les excentricités possibles pour donner à Chain un moment mémorable. Il faudra alors reste accroché pour saisir les quelques retournements de fin, mais globalement, le tout s’ancre parfaitement dans le style de la série qui ne tient jamais en place.
Vient enfin la dernière histoire, plus classique dans sa forme, mais qui apporte plus de douceur par rapport à ce que BBB a pu montrer jusqu’à présent. Il est alors question de Klaus qui, au sein de son club de jardinage, va détecter une menace importante pour Hellsalem’s Lot, menace qui joue un rôle clef dans une guerre entre gangs. S’il est très classique dans l’intrigue développée, c’est bien pour le côté sentimental que ce chapitre apporte un peu de baume au cœur, ce par la présence de la petite Meivi qui ne demandait rien d’autre qu’une petite plante à chérir comme le plus précieux des joyaux, et un papa adoptif à ses côtés.
Nouveau tome très classique dans son schéma pour du Blood Blockade Battlefront, mais sixième opus toujours aussi réussi par le renouveau permanent de ses intrigues et des registres employés. L’absence de fil conducteur ne gêne donc pas et le divertissement est à prendre pour ce qu’il est, un divertissement ici à la fois explosif, drôle, touchant et complètement barré.