Blessures nocturnes Vol.8 : Critiques

Yomawari Sensei

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Septembre 2011

La lutte en solitaire du guetteur se poursuit, et deux nouvelles histoires poignantes viennent ici toucher là où il faut.

Dans la première, constituée de 3 chapitres, Mizutani croise, à plusieurs reprises, la route de Yôji et Nakayama. Le premier est une petite frappe dont l'avenir semble devoir l'amener dans le milieu des yakuza, le deuxième est la nouvelle star du club de baseball de son lycée. Ils sont amis d'enfance, inséparables, alors même que tout semble les séparer. Pourtant, lorsque Nakayama se retrouve face à un enseignant qui n'en porte que le nom, le voici contraint de rejoindre son ami et de tomber dans la drogue. L'amitié entre Nakayama et Yôji reste incassable, le premier allant jusqu'à faire de la prison pour protéger le deuxième. Mais dans le monde de la nuit, si l'on ne fait pas attention, le malheur peut s'abattre à tout moment, et Nakayama ne pourra rien faire pour sauver réellement son ami...
C'est à ce moment-là que le rôle de Mizutani prend toute son ampleur. Ne pouvant revenir sur le passé, mais pouvant sauver le présent du jeun garçon pour construire son avenir. Avec l'aide du guetteur et sur les paroles fortes en sentiments de la mère de Yôji, Nakayama devra se relever, de lui-même.

Dans la deuxième histoire, difficile de rester insensible face aux malheurs d'une jeune fille, n'allant plus à l'école, restant enfermée chez elle, et pour cause: depuis plusieurs années, son grand frère la viole. Le père n'est pas au courant, la mère cache la vérité comme pour conserver le semblant de vie familiale qui lui reste. Mais la fillette, elle, prend son courage à deux mains et, après avoir entendu Mizutani à la radio, le contacte. Pendant que le guetteur lui vient en aide en lui conseillant la démarche à suivre, nous découvrons un peu plus en détails la vie du frère, un peu ringard, semblant amoureux transi d'une camarade de classe, et se défoulant alors sur sa soeur. Les actes du garçon sont impardonnables, et pourtant, la force du récit est de venir le nuancer. A travers un geste symbolique, on comprend largement ce que ressent réellement le frère pour sa soeur et qu'il aimerait vraiment lui demander pardon. Mais tout comme le système qui va prendre en charge la jeune fille, Mizutani, homme parmi les hommes, va commettre une grave erreur et ne s'en rendre compte qu'après coup. On tient ici l'une des plus dures histoires de la série, montrant jusqu'où le malheur peut aller, montrant à quel point la bonne volonté de Mizutani peut se retourner contre lui, symbolisant à elle seule toute l'essence de l'oeuvre.

Seiki Tsuchida fait toujours des merveilles. Son trait sait toujours proposer des expressions à la fois déchirantes et nuancées chez ses personnages, et la peinture des tares de la société reste exemplaire: adultes incompétents ou ne cherchant pas à devenir meilleurs, familles déchirées... Impossible de ne pas être touché par les images que nous offre le mangaka.

Le guetteur est un homme comme n'importe quel autre. Il arrive parfois trop tard pour sauver certaines personnes, comme Yôji, émet parfois les mauvais choix, comme avec cette fillette violée par son frère, ne peut pas faire grand chose face aux tares du système. Mais lui conserve encore et toujours cette bonne volonté et cette foi en un avenir meilleur pour les enfants qu'il protège. Les essais séparant chaque chapitre, appuient toujours de manière magistrale cet état de fait, comme le fait que Mizutani recherche toujours activement aujourd'hui, plusieurs années plus tard, cette jeune fille qu'il na pas pu sauver. Ces essais sonnent comme autant d'images d'une humanité exemplaire. On ne peut que conseiller la lecture de Blessures Nocturnes, le plus humain des mangas.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs