Black Rock Shooter - Innocent Soul - L'intégrale - Actualité manga
Black Rock Shooter - Innocent Soul - L'intégrale - Manga

Black Rock Shooter - Innocent Soul - L'intégrale : Critiques

Black Rock Shooter - Innocent Soul

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Septembre 2017

Initialement paru en 2013 chez Panini, le manga Black Rock Shooter - Innocent Soul était passé en arrêt de commercialisation il y a quelque temps... mais c'était pour permettre à l'éditeur de mieux lui offrir une seconde vie dans notre pays ! En effet, nous pouvons retrouver en magasin depuis fin août une édition intégrale de l'oeuvre, qui regroupe les trois volumes initiaux en un seul pavé de presque 600 pages.


Le risque avec ce genre d'édition se situe souvent au niveau de sa qualité et de sa prise en main, une inquiétude qui pouvait être d'autant plus forte que la première édition en 3 tomes souffrait d'un papier un peu rêche et, surtout, d'une encre qui bavait pas mal. On vous rassure donc tout de suite : avec cette intégrale, Panini n'a pas refait les mêmes erreurs, et on a une édition réellement agréable à manipuler. Le papier allie souplesse et légèreté, ainsi qu'absence de transparence, ce qui fait qu'on a droit à quelque chose d'assez qualitatif et qui n'est pas trop lourd en mains. Qui plus est, la reliure et elle aussi très souple, ce qui renforce le confort de lecture. Côté impression, l'éditeur a confié ça à l'imprimeur italien Lego, qui fait souvent du bon travail : ainsi, finie l'encre qui bave. Qui plus est, on retrouve les 4 premières pages en couleurs sur papier glacé, ainsi que la traduction très claire de Djamel Rabahi.


Il est bon de souligner que ce manga est signé Sanami Suzuki, une dessinatrice que l'on a retrouvée cette année en France aux éditions Komikku avec le très bon La Petite fille aux Allumettes. Comme son nom l'indique, Black Rock Shooter - Innocent Soul se base sur l'univers populaire de Black Rock Shooter, un univers parti d'une simple illustration de l'artiste huke, avant que celui-ci n'en fasse tout un univers. L'oeuvre s'est avant tout fait connaître pour ses animés : l'OAV en 2010, et la série de 8 épisodes en 2012. Innocent Soul a été élaboré à partir de la série animée, mais il est à noter qu'il ne s'agit pas d'une simple adaptation : le manga diffère beaucoup de l'animé et possède son intérêt propre. D'ailleurs, il faut aussi constater que huke n'y est crédité qu'en tant qu'auteur original, et qu'il a légué scénario et dessin à Sanami Suzuki.


L'oeuvre nous plonge au coeur de l'Hazama, un monde situé entre la terre et le paradis, et où se retrouvent les morts qui ont conservé des regrets et qui ne peuvent alors rejoindre ni le paradis ni l'enfer. Dans ce monde modulable, les esprits défunts peuvent se bâtir des illusions où, enfin, ils assouvissent leurs regrets. Mais tous les regrets ne sont pas bons, et certains peuvent dérailler complètement jusqu'à commettre le pire... Existent alors les Black Stars, des êtres qui ont pour mission d'empêcher les âmes errantes de sévir et de véhiculer de mauvaises choses dans l'Hazama. Rock est l'une de ces Black Stars.


Globalement, le schéma de la série est assez simple : à chaque chapitre (entre 40 et 60 pages en moyenne, pour un total de 12 chapitres), Rock se confronte à un nouveau cas, doit déterminer quel est l'esprit errant qui sévit et le neutraliser. Mais le tout ne se limite pas du tout à de l'action, car chaque cas rencontré possède des tourments qui permettent à Sanami Suzuki d'évoquer des thématiques tout à fait humaines : le désir, la jalousie, les souvenirs, l'orgueil... ainsi que nombre d'émotions qui semblent parfois vaines, mais le sont-elles vraiment ? Et on constate peu à peu qu'il y a certes des âmes égoïstes et fourbes, mais aussi d'autres, plus pures et honnêtes. L'Hazama est ainsi un monde assez complexe qui se veut le témoin des variations de l'âme humaine.


Dans ce monde intéressant, le format épisodique aurait pu devenir redondant, mais Suzuki parvient à y immiscer un fil conducteur qui trouve peu à peu sa consistance jusqu'au grand final. Cela passe essentiellement par la présence aux côtés de Rock de Ron, un étrange serpent, par l'apparition d'une dénommée Dead qui semble avoir un lien profond avec notre héroïne, et par l'évolution de Rock elle-même : n'ayant pas de souvenirs et dépourvue d'émotions, celle-ci va, petit à petit, évoluer, retrouver la mémoire, comprendre sa terrible condition, et retrouver les fameuses émotions qui sont au coeur de beaucoup de choses dans l'oeuvre.


On suit le tout avec plaisir, mais on sent parfois que Sanami Suzuki précipite quelques éléments, à commencer par le rôle de Dead qui aurait pu être plus fort avant le grand final pourtant très beau. Il y a également le sentiment que l'on profitera mieux du manga si l'on connaît déjà l'animé (ne serait-ce que pour mieux apprécier Dead/Dead Master), même si l'oeuvre papier peut se lire indépendamment.


Si l'on sent que Suzuki a eu quartier libre côté histoire, cela se ressent encore plus au niveau des visuels, où la mangaka se fait clairement plaisir en étalant toute son inventivité visuelle. L'artiste reste fidèle aux designs d'origine, reprend bien les silhouettes élancées typiques de l'animé ainsi que ses perspectives souvent originales et ses décors en damier par exemple. Mais la dessinatrice va encore plus loin : elle offre une multitude de découpages tout sauf académiques et très réussis, toujours variés et souvent assez captivants, avec une mention spéciale pour ses cases tout en longueur verticale. Suzuki joue également avec plaisir sur les angles de vues, sur les perspectives bien sûr, mais elle aime aussi parfois distordre l'espace pour offrir des choses encore plus folles. Cela amène à plus d'une reprise des problèmes de proportion trop flagrants, mais dans l'ensemble l'artiste a su marier une fidélité au matériau d'origine et une inventivité artistique qui lui est propre, et dont on retrouvera nombre de marques dans la Petite Fille aux Allumettes (en tête ses découpages hyper variés et originaux, les damiers, les perspectives.


On aurait pu aimer quelques chapitres supplémentaires pour mieux développer certains angles, mais dans l'ensemble Black Rock Shooter - Innocent Soul est une belle réussite, que l'on prend plaisir à redécouvrir dans une édition intégrale plaisante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction