Bip-Bip Boy Vol.1 - Actualité manga
Bip-Bip Boy Vol.1 - Manga

Bip-Bip Boy Vol.1 : Critiques

Piko Piko Shônen

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Mars 2019

Ces derniers temps, plusieurs éditeurs français de manga ont émergé. Parmi eux, certains se sont intéressé aux univers vidéoludiques. Mana Books fut le premier, avec la parution d'adaptations manga de grandes licences comme Final Fantasy, Tales of ou Persona, et ils ont désormais accompagné par Omaké Books qui a lancé sa propre branche manga : Omaké Manga. Si ce dernier ne focalisera pas sa branche manga exclusivement sur le jeu-vidéo, c'est bien nos machines électroniques préférées qui ont intéressé l'éditeur pour son premier titre. Le premier manga proposé résonne comme un cri d'amour sincère au jeu-vidéo, et aux joueurs des années 80. Bip-Bip Boy est une série en trois tomes signée Rensuke Oshikiri, un auteur qui s'est dernièrement fait remarqué avec Misu Misô, décrit comme le nouveau Battle Royale, et High Score Girl qui a bénéficié d'une adaptation animée, disponible chez nous sur Netflix. Mais Bip-Bip Boy, publié entre 2009 et 2015, est un récit beaucoup plus personnel puisqu'il s'agit d'une véritable autobiographie de la jeunesse de l'auteur, en tant que joueur et passionné par les jeux-vidéo.

Ainsi, Rensuke Oshikiri fut de ces personnes à découvrir l'univers vidéoludiques par les consoles Game & Watch. Vinrent d'autres consoles comme la NES, la PC Engine, la Playstation, la Gameboy... Sans oublier les fameuses salles d'arcade, lieu de perfectionnement quotidien et véritables terrains de guerre entre joueurs et entre clans. Si l'auteur, à l'époque jeune garçon, n'était pas du tout studieux, et même l'un des derniers de sa classe, c'est cette passion pour les jeux-vidéo qui a forgé son enfance.

Ce premier tome de Bip-Bip Boy se compose de différentes histoires, chacune traitant une expérience bien particulière rencontrée par l'auteur à un moment de sa vie. Au terme de la lecture, on se demande si la série était destinée à accueillir plus d'un tome tant le schéma proposé ici n'appelait pas spécialement de suite. Ce premier volume narre la croissante de Rensuke Oshikiri en tant que joueur, de ses années primaires jusqu'à sa période de jeune adulte. L'auteur se laissait donc aller au gré de ses envies pour dépeindre ses aventures passées, mais aussi au gré de sa nostalgie, une excellente manière d'impacter notre propre regard par rapport à notre vécu.

Car Bip-Bip Boy, c'est un cri d'amour à l'adolescence forgée par la culture vidéoludique, en évolution permanente, si bien qu'il était aisé, pour l'auteur, de trouver différentes périodes de sa vie qui permettrait de renouveler les péripéties. Rensuke Oshikiri aborde tous les aspects de cette passion qui ont forgé sa jeunesse : la rude bataille pour pouvoir se payer les nouvelles consoles, toujours plus fascinantes pour les capacités qu'elles proposaient, mais aussi les véritables guerres d'école qui pouvaient naître autour de ce loisir. Chaque chapitre amène son histoire, son thème, sa machine ou sa licence vidéoludique, permettant un renouveau permanent des récits, mais aussi de parler au plus grand nombre. Car le risque de Bip-Bip Boy était de parler en priorité aux adulescents similaires à l'auteur, à savoir ceux qui ont grandi avec les jeux-vidéo dans les années 80. Il y a une grande part de ça, aussi les concernés sont ceux qui vivront principalement toute la dimension nostalgique du titre. Pourtant, le simple fait d'avoir cotoyé le jeu-vidéo dans notre jeunesse permet au récit de nous parler. Qui n'a jamais passé ses week-end sur une GameBoy ? Et qui n'a jamais testé l'adrénaline des salles d'arcade ? Chaque lectrice ou lecteur ayant côtoyé un minimum le jeu-vidéo en grandissant se reconnaîtra, à un moment donné, dans la lecture. Aussi, ce premier tome représente un élan de nostalgie vidéoludique qui peut parler au plus grand nombre.

Mais ce n'est pas que parce qu'il est question de nostalgie que ce premier opus est une réussite. Le ton de l'ouvrage joue aussi énormément, un ton volontairement cynique qui répond au vécu de l'auteur dont la passion n'était pas forcément bien perçue. Pour beaucoup, même encore aujourd'hui, le jeu-vidéo peut-être réduit au statut de loisir abrutissant. C'est cet état d'esprit qui concerne l'entourage de l'auteur, ses camarades de classe, ses professeurs parfois, et même sa mère à certains moment. Assez rapidement évoqué, son contexte familial répond finalement bien aux critiques que rencontrait le mangaka dans sa jeunesse, et cette désillusion dans le monde « irl » régulièrement dépeinte dans ce premier tome. Face aux critiques de ses proches envers sa passion, le jeu-vidéo était bien le moyen d'évasion idéal, et une rare manière pour lui d'exister en tant qu'individu. Si l'auteur peut sembler parfois insupportable dans son comportement, le portrait global dégagé est parfois triste, notamment parce qu'on est souvent tenté de comprendre les choix de l'auteur jeune, pour peu qu'on se rappelle du joueur adolescent qu'on était auparavant.

Alors, le trait simpliste de l'auteur répond parfaitement à toutes mes spécificités de la série. Ce ton cynique se dégage très bien dans le dessin de Rensuke Oshikiri qui se dépeint volontairement comme un vrai petit diable, aux mines souvent narquoises. Son trait confère un charme certain et une vraie fraîcheur au récit. Lui et son style constituent une belle découverte en ce début 2019, puisque Bip-Bip Boy est la première occasion pour nous de le lire. Alors, on ne peut que croiser les doigts pour que le mangaka soit de nouveau édité par la suite.

Le bilan de ce premier tome est donc plus que positif. Entre cri d'amour à la culture vidéoludique et à nos jeunes années de joueur et portrait subtil et cynique du regard de la société autour de cette culture émergente et sous-estimée, Bip-Bip Boy ne donne qu'une envie : rallumer nos vieilles consoles qui prennent la poussière, et espérer croiser une borne d'arcade pour s'adonner de nouveau à la frénésie d'antan !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction