Bienvenue au club Vol.1 - Actualité manga
Bienvenue au club Vol.1 - Manga

Bienvenue au club Vol.1 : Critiques

Seishun shonbori club

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Avril 2014

Nima Momosato est une lycéenne normale, à ceci près qu'elle a la faculté de tomber amoureuse aussi vite que son ombre, pour mieux se prendre des râteaux juste après ! Il faut dire qu'une sorte de malédiction semble la frapper : dès lors qu'elle tombe amoureuse d'un garçon, celui-ci obtient une déclaration d'une autre fille dans la foulée et sort finalement avec... Sorte de Cupidon malgré elle, la pauvre Momosato n'est pas encore au bout de ses peines, car son cas pour le moins unique suscite l'intérêt d'une autre fille : la dénommée Yoriko Mitoya, richissime fille de l'administrateur général du lycée et passionnée par l'observation des comportements humains, l'invite à rejoindre son "club d'étude de la psychologie des jeunes", un club où séjournent deux autres occupants assez particuliers : Ryô Hikawa, un otaku d'animes à la mode, et Takeshi Okinojima, un beau gosse hétéro pourtant adepte du travestissement, et qui s'avère d'ailleurs extrêmement "belle"...

Premier manga (au sens japonais du terme) des éditions Akata avec Journal d'une fangirl, Bienvenue au club marque l'arrivée en rance de Nikki Asada, une jeune auteure qui s'est fait remarquer au Japon pour cette série. Publiée dans le magazine Gekkan Princess d'Akita Shoten, un magazine plutôt réputé pour ses oeuvres féminines assez mâtures et pouvant toucher un public mixte (citons X Day, L'infirmerie après les cours, Bigbang Venus, Shinobi Life...), l'oeuvre suscite d'emblée pas mal d'espoirs, qui se concrétisent très vite !

Il faut dire que, malgré une base classique, Nikki Asada tourne son récit de très jolie manière. Sous couvert d'étudier la psychologie des lycéens, le club formé par Yoriko est surtout un repère de "cas", un lieu où se retrouvent nos trois puis bientôt quatre personnages centraux, tous un peu marginaux, un peu laissés pour compte, voire désabusés. Tout comme les caractères de base des membres (le présidente binoclarde studieuse, l'amoureuse constamment transie, le travesti et l'otaku qui ne parle que d'animes), le concept de ce club est loin d'être nouveau, mais le talent de la mangaka est alors d'exploiter tout cela de façon plutôt intelligente.
Le ressort comique de chacun des protagonistes est évident, et Nikki Asada ne se prive jamais pour l'exploiter, surtout en ce qui concerne Momosato, dont le statut de Cupidon malgré elle tourne presque à la parodie par moments. Rapportant tout au monde des animes, Ryô est lui aussi une perle dans le genre, très bien campé. Mais Asada a néanmoins le bon goût de ne pas en faire trop, de ne pas surexploiter dans l'humour les traits de ses personnages au risque de les rendre imbuvables. Ses notes d'humour sont certes omniprésentes, mais sont distillées avec parcimonie, parfois sans qu'on s'y attende, l'effet étant alors garanti. Le ton reste assez simple, très focalisé sur nos héros, et ce qui ressort alors également de la lecture, c'est le regard que la mangaka pose sur ses protagonistes : un regard empli d'une certaine bienveillance, d'une forme de tendresse qui dès lors démarque un tant soit peu l'oeuvre... d'autant que Nikki Asada aime déjà nous surprendre, dès ce premier tome, en faisant évoluer ses personnages dès lors qu'ils sont confrontés à la réalité lycéenne qui les entoure.

Le cas le plus parlant est celui de notre travesti, Okinojima, dont nous découvrons déjà la raison, plutôt touchante, qui l'a poussé à commencer à se déguiser en fille des années auparavant. Soudainement rattrapé par cette raison revenue du passé, le jeune garçon est amené à se remettre un peu en question, à évoluer pour ne pas rester coincé, et sa situation qui aurait pu n'être qu'un prétexte à l'humour se pare alors d'une portée plus profonde franchement bienvenue.
Quelque part, même topo pour Yoriko. Sous ses allures de binoclarde studieuse et insensible, passant son temps à tout analyser, se cache également un coeur de jeune fille qu'elle a elle-même un peu de mal à cerner, et la découvrir déjà sous un autre angle permet de renforcer notre attachement pour elle. Laisser apparaître l'humanité se cachant derrière des stéréotypes humoristiques, c'est peut-être l'une des principales qualités de ce premier tome, et cela fait franchement du bien de voir que Nikki Asada s'intéresse réellement à ses héros, qui dans d'autres séries du genre auraient eu de grandes chances de se cantonner à un registre humoristique.
Quant à Momosato, elle apporte à elle seule le quota sentimental de la série, mais sa situation ne se limite pas à une succession d'échecs amoureux aussi amusants que tristes pour elle. Tranquillement et sans trop insister dessus, Nikki Asada met en place un fil rouge amoureux différent des nombreux échecs amoureux qu'a connus la jeu_ne fille, et cela nous intrigue forcément.
Reste Ryô, pour l'instant encore surtout cantonné à un rôle humoristique, rôle qu'il campe toutefois très bien, en évoluant lui aussi à sa manière, principalement dans sa relation avec le club des fans d'animes.

Visuellement, en plus d'une narration agréable, qui sait rester simple et authentique et qui évite certains poncifs du genre, Nikki Asada offre un coup de crayon plaisant, un peu épuré et très expressif, qui évite également les gros clichés du shôjo et peut alors plaire autant aux filles qu'aux garçons. Un trait bien mis en valeur dans un découpage assez sobre, mais qui se plaît régulièrement à faire très joliment ressortir les réactions des personnages, en se focalisant sur leur visage pendant quelques cases à la suite.

En exploitant avec humour, tendresse et une certaine intelligence ses personnages, Bienvenue au club s'offre une entrée en matière attachante et prometteuse, que l'on a hâte de voir confirmée dans la suite.

L'édition proposée par Akata est nickel. Le papier, l'impression, la traduction et l'incursion des onomatopées traduites sont très bons, et le système de collection proposé par l'éditeur trouve déjà ses marques de manière intéressante avec une série qui peut clairement toucher un public mixte.


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs