Berserk - Collector Vol.41 - Actualité manga
Berserk - Collector Vol.41 - Manga

Berserk - Collector Vol.41 : Critiques

Berserk

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 08 Juillet 2022

"Il ne me restait qu'une vague impression de solitude qui, à son tour, disparaissait aussitôt, en même temps qu'une larme, comme la rosée du matin..."


Presque prophétiques quand on sait qu'il s'agit de la toute dernière phrase de Berserk publiée du vivant de Kentarô Miura, ces mots, prononcés par Griffith dans les toutes dernières pages de ce 41e volume, pourraient tout à fait coller au sentiment que nombre de fans pourront avoir en refermant le présent opus. Un sentiment de solitude, une envie de verser quelques larmes en songeant au fait que, cette fois-ci, nous voici bel et bien devant les toutes dernières planches ancrées par le regretté mangaka, qui nous laisse un peu orphelins.Voici déjà plus d'un an, précisément le 6 mai 2021, que l'auteur nous a quittés à seulement 54 ans, en laissant derrière lui des proches et des millions de fans éplorés à travers le monde. Les hommages se sont multipliés pour saluer l'auteur d'un des principaux monuments de dark fantasy de ces 30 dernières années, tandis que l'avenir des aventures de Guts devenait forcément incertain. Mais si M. Miura n'est plus parmi nous, son oeuvre, elle, sera éternelle, et se poursuivra finalement en ayant été confiée entre de bonnes mains. Après bien des débats, on a effectivement pu apprendre, il y a quelques semaines, la reprise au Japon de Berserk depuis le 24 juin, avec aux dessins le Studio Gaga, qui n'est autre que le studio collectif créé par Miura il y a quelques années, et à la supervision Kouji Mori, mangaka bien connu chez nous pour les séries Suicide Island (Kazé Manga) et plus récemment Genesis (Vega-Dupuis). Notons que le choix de Kouji Mori pour poursuivre l'histoire est le plus logique, le plus évident, le plus symbolique aussi: cela fait plus de 35 ans, depuis l'époque du lycée, que l'auteur était un ami très proche de Kentarô Miura, à tel point que celui-ci lui a souvent demandé conseil pour Berserk, et qu'il est même le seul à qui le regretté mangaka a confié toutes les grandes lignes de sa série de dark fantasy culte jusqu'à la conclusion. Le fil directeur de l'équipe éditoriale et de Kouji Mori sera donc évident: poursuivre Berserk en restant le plus fidèle possible à ce que Kentarô Miura voulait en faire. Berserk a donc encore de l'avenir, même si, en cette première semaine de juillet 2022, c'est un deuil qui a lieu pour tous les fans français de Berserk.


En France aussi, Glénat, éditeur historique des oeuvres de Miura, a souhaité rendre un dernier hommage à l'artiste avec deux publications simultanées. l'une est la publication de Dur-An-ki, oeuvre imaginée par Miura pour être dessinée par son studio, qui restera à tout jamais inachevée après 6 chapitres et environ 160 pages, mais qui constitue un bel ouvrage pour les fans de l'auteur dans la mesure où l'on y retrouve tout son goût pour imaginé des univers foisonnants. Et l'autre est la sortie d'une belle et imposante édition collector pour ce 41e opus de Berserk, où l'éditeur a clairement voulu bien faire les choses. Au programme, donc, un beau livre en hard cover et soft touch, avec vernis sélectif en relief sur la couverture, et surtout dans un très grand format de 188 x 264mm permettant de profiter au maximum de l'intensité visuelle que Miura a pu mettre dans son oeuvre jusque dans ses ultimes planches, grand format d'autant plus appréciables que le papier est assez épais (bien plus que sur l'édition simple) en offrant une excellente impression, et que certaines pleines pages et doubles-pages quasiment lovecraftiennes sont saisissantes. Mais ce n'est pas tout: l'éditeur nous gratifie aussi de deux premières pages en couleurs sur papier glacé (équivalant au dépliant recto-verso de l'édition simple), d'un ex-libris reprenant l'illustration de la jaquette de l'édition simple en format 170x247mm, et d'une très belle plaque métallique de dimensions 125x175mm mettant à l'honneur Guts abattant vivement et puissamment son imposante épée, dans une gravure métallisée et en relief du plus bel effet. Pour un prix de 23,45€, le rapport qualité/prix de l'ensemble est plutôt convaincant, et devrait avoir de quoi ravir plus d'un fan.


Si ce 41e volume s'achève sur des mots de Griffith, il s'ouvre également auprès du Faucon, en pleine réunion militaire au sujet de Falconia. l'occasion pour "Femto" d'affirmer encore un peu plus sa position, en négociant avec charisme et fermeté avec son entourage, en appuyant une proposition de la princesse Charlotte avec qui sa relation reste intense, en montrant encore des facettes humanistes alors même que l'on connaît bien son parcours et ce qu'il a pu faire pour en arriver là... Griffith reste assurément un personnage dont l'ambiguïté permanence fascine. Et plus encore quand son parcours est mis en parallèle à celui de Guts, toujours un peu dans l'ombre et avide de revanche envers celui qui l'a trahi et qui attire à lui toute la lumière.


Une étape importante a pourtant été franchie par le groupe de notre héros dans le précédent volume, qui sonnait comme une véritable charnière avec un événement si longtemps attendu, si longtemps espéré depuis de très, très nombreux chapitres: à Elf Helm, au bout du rituel des rêves où Schierke et Farnese ont pu l'accompagner tout au fond de son monde intérieur, Casca a enfin retrouvé la raison en sortant de son interminable cauchemar. Cela aurait pu être un événement purement heureux, mais ledit cauchemar peut-il vraiment s'achever en un rien de temps ? En effet, en se retrouvant enfin consciente face à Guts, face à celui qu'elle a tant aimé et qui l'aime tant, Casca a poussé un cri glaçant: l'heure des vraies retrouvailles avec Guts devra encore attendre. Il reste encore de nombreuses blessures, des traumatisme profonds que la jeune femme doit parvenir à surpasser, ce qui ne sera pas chose aisée, comme nous le montreront certains instant de ce tome où ses démons se rappelleront à sa mémoire à la moindre occasion. Jusqu'au bout, Kentarô Miura aura eu le mérite de ne jamais tomber dans la facilité, de ne pas régler en un rien de temps toute l'ampleur de l'horreur que Casca a dû subir il y a tant de volumes, il y a temps de temps. Et face à elle, il y a un Guts soucieux de ne pas brusquer sa compagne, et préférant alors rester encore dans l'ombre le temps qu'il faudra.


Le retour à la raison de Casca n'est donc qu'une étape, certes essentielle, attendue et espérée, mais qui ne règle pas tout pour autant. Et dès lors, il convient de reposer petit à petit les choses autour des principales figures suite à cet événement. On passera outre les quelques nouvelles petites bouffonneries d'Isidro et de Puck (surtout vers la fin du tome) qui ne sont pas toujours bien intégrées, pour plutôt s'intéresser au reste: une Casca devant retrouver ses sensations de bretteuse et essayer de guérir peu à peu de ses blessures, une Farnese s'interrogeant sur son rôle à ses côtés et sur son utilité et voulant dès lors améliorer son apprentissage (en guérison, entre autres), une Schierke avançant encore un peu plus dans son statut de sorcière accomplie et questionnant sa relation avec sa mentor Flora et en ayant le sentiment d'avoir trouvé un endroit où on l'accepte telle qu'elle est, un Guts retrouvant sur sa route Skull Knight pour des conséquences assez symboliques...


Le tome est en réalité assez calme, mais n'en est donc pas moins captivant, tant les personnages y restent soigneusement travaillés, le défunt mangaka n'ayant rien négligé jusqu'à la fin. Et puis, il semble difficile de ne pas ressortir ému de cet ultime volume conçu par Kentarô Miura en personne, un sentiment à part étant bel et bien là jusque dans ces toutes dernières planches, cette toute dernière phrase. Berserk se poursuivra désormais sans son papa, mais n'est pas orphelin, en ayant normalement été confié entre les meilleures mains possibles. Souhaitons donc le plus bel avenir à l'une des plus grandes sagas de dark fantasy de ces dernières décennies, tout en n'oubliant jamais celui qui lui a donné naissance.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs