Berceau des esprits (le) Vol.1 - Actualité manga
Berceau des esprits (le) Vol.1 - Manga

Berceau des esprits (le) Vol.1 : Critiques

Mouryô no Yurikago

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 09 Septembre 2011

Le mangaka Kei Sanbe jouit déjà d'une certaine réputation en France, aussi bien pour son style très nerveux et addictif que pour ses fins ratées et incohérentes (L'île de Hozuki), bâclées (Kamiyadori) voire inexistantes (Testarotho). Après avoir découvert L'île de Hozuki l'année dernière, c'est à nouveau via les éditions Ki-oon que nous découvrons un nouveau manga de l'auteur, son dernier en date.

Tout semble aller pour le mieux pour des lycéens qui ont embarqué sur un paquebot, en compagnie de nombreuses autres personnes, en vue de leur voyage scolaire. L'excursion aurait dû être un bonheur, et pourtant, celle-ci tourne à l'horreur avant même de commencer: un tueur fou rôde sur le navire et massacre tout ce qu'il croise. Comme si ça ne suffisait pas, les blessures ne semblent pas l'atteindre et sa folie meurtrière paraît s'étendre à d'autres personnes. Et cerise sur le gâteau, voici que le bateau sur lequel tout ce petit monde se trouve se retourne sur lui-même, perdu au beau milieu de l'océan. Pour les survivants, s'échapper de cet enfer s'annonce compliqué, d'autant qu'avec cette folie meurtrière contagieuse, le danger peut débarquer à chaque seconde...

C'est sur ce synopsis totalement et volontairement "too much" que se présente le Berceau des esprits. Une histoire qui semble tenir sur un fil nylon, ce que la lecture nous confirmera, et on comprend tout de suite que l'on va avoir affaire à une bonne grosse série B. Oui, mais une série B diablement efficace !

Efficace, car Kei Sanbe fait du pur Kei Sanbe, à ceci près qu'il ne s'embarrasse pas ici d'un véritable scénario fait de mystères demandant un minimum de vrai développement, un peu comme ce qu'il a raté sur L'île de Hozuki. Du moins, pour le moment. L'auteur se consacre alors à ce qu'il sait faire de mieux: du divertissement popcorn bourrin à souhait et totalement décérébré. Et il attaque très vite sur cette voie, puisque dès les toutes premières pages, le sang gicle. Pas de préambule, Sanbe plonge directement son lecteur dans le vif du sujet. Lorsque la lecture débute, le massacre a déjà bien commencé, et il ne faut pas attendre longtemps avant de voir le bateau piquer la tête dans l'eau.

Rapidement se crée une petite équipe de survivants, faite dans ce premier volet de quatre adolescents stéréotypés comme il faut: l'héroïne paniquée mais courageuse, le bad boy sans tact qui semble faire peu de cas de la vie d'autrui, le séducteur qui se veut rassurant en faisant chavirer les coeurs des minettes, et la minette en question, crétine de base à moitié hystérique qui passe son temps à refuser d'avance à cause de la peur. Typiquement le genre de personnage qu'on a envie de voir mourir, justement. Kei Sanbe, doué pour réveiller nos pulsions sadiques ?

Ce petit monde va alors se fixer la mission de s'échapper, cherchant à remonter à la surface en descendant les étages du bateau (non non, ils ne sont pas idiots à ce point, quand même, n'oubliez pas que le bateau s'est retourné). Ca tombe bien, l'un d'eux connaît par coeur les dimensions du bateau, le nombre d'étages et de passagers, ce qui pourra leur être utile. Par contre, ne vous demandez pas où il a appris tout ça...

Tout ceci en espérant éviter de tomber sur les tueurs qui rôdent (au sujet desquels ils sont les seuls à ne pas avoir encore compris qu'il s'agit de zombies... Ils sont peut-être un peu idiots quand même, finalement... Mais une telle situation est difficile à accepter, n'est-ce pas ?). Pendant 200 pages, leurs pas vont donc les amener à tomber sur des victimes massacrées de toutes les manières (un bon coup de hache dans la tête, des démembrements, des corps brûlés, dévorés, transpercés ou éclatés contre un mur, voire quasiment le tout à la fois), ou sur des survivants qui ne le resteront pas forcément très longtemps. On notera que parmi toutes ces rencontres, on semble retrouver Yume, la petite soeur aveugle de Kokoro dans L'île de Hozuki, à présent adolescente. Simple clin d'oeil où élément voué à avoir son importance ? En tout cas, au fil des pages, il semble que cette petite équipe soit destinée à s'agrandir, et, espérons-le, à rétrécir également.

Pour tenter de justifier un tant soit peu tout ça, Kei Sanbe tente vaguement d'apporter quelques tourments à ses personnages (doit-on achever sans état d'âme une personne qui le demande ? Laisser derrière soi quelqu'un inapte à se déplacer facilement ?). Cet aspect est survolé, mais à vrai dire, ici on s'en fiche totalement, car n'importe quel amateur de séries "popcorn" bourrines, gores et idiotes sera plus occupé à prendre son pied devant les planches sanguinolentes de Kei Sanbe.

Car pas question pour l'auteur de nous épargner quoi que ce soit. Les corps explosés ou en train de se faire dévorer, nous les voyons, avec tripes et côtes qui ressortent de préférence, et par moments, les haut-le-coeur nous arrivent réellement pendant la lecture de ce qui constitue d'ores et déjà la série la plus trash du mangaka. Le trait expressif, noirci, incisif et ultra-nerveux fait le reste, rendu très efficace par un découpage et des plans fluides. Ajoutons par-ci par-là quelques filles en sous-vêtements et des culottes, mais pas trop non plus, et l'on obtient le penchant manga d'un bon nanar horrifique à voir entre potes et trouvable à 0,99€ dans tout magasin d'occasion qui se respecte.

Vous l'aurez compris, avec ce premier volume, le Berceau des Esprits se dresse d'ores et déjà comme une série B dont l'histoire tient sur un fil nylon, mais qui s'avère redoutablement efficace, à condition d'aimer le genre. C'est "too much", c'est décérébré, c'est gratuit, c'est gore, et c'est surtout très fun, et on n'en demande pas plus à un tel titre. A essayer en connaissance de cause, toutefois.

Du côté de l'édition, Ki-oon rend une très bonne copie, avec traduction fluide et première page en couleur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs