Nekodamari - Nid de chats Vol.1 - Manga

Nekodamari - Nid de chats Vol.1 : Critiques

Neko Damari

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Avril 2023

Après nous avoir enchantés avec la très belle série en trois volumes Plongée dans la nuit chez Taifu Comics, la mangaka Goumoto débarque dans le catalogue des éditions Ototo avec NekoDamari, une oeuvre sous-titrée à juste titre "Nid de chat" dans notre pays. Ce manga félin fut l'une des deux premières séries de la mangaka: elle le prépublia au Japon parallèlement à Plongée dans la nuit, entre 2018 et fin 2020, aux éditions Hôbunsha.

Le concept de l'oeuvre est on ne peut plus simple, et on ne peut plus classique d'un paquet de tranches de vie félines: on suit tout simplement, au fil de 18 premiers chapitres très courts (8 pages chacun), le quotidien d'une femme active et célibataire quand elle ne travaille pas, avec ses trois chats dans sa maison. Le petit nouveau, Chibi (c'est lui qui a choisi son nom ! ), est encore un chaton et est donc toujours très agité et souvent joueur. Et l'on découvrira dès ce premier tome dans quel contexte assez dur il a été recueilli par la jeune femme. De son côté, Sumo (en vrai, il s'appelle Joseph, mais est surnommé Sumo à cause de son embonpoint) est un gros matou plutôt pépère, qui sait garder ses distances et rester calme tant qu'on ne l'embête pas trop. Quant au troisième, il reste le plus solitaire et distant des trois, en fuyant même les caresses.

Que ce soit en jouant avec Chibi, en nous faisant suivre l'heure du repas, en tentant de caresser le troisième chat si distant ou à bien d'autres petites occasions, Goumoto se contente simplement de dérouler des petits instants, sans grosse ambition hormis celle de nous faire partager ce quotidien entre l'humaine et les trois félins qui squattent chez elle. Globalement, on reste sur du très simple, d'autant que la narration est posée et que les chapitres sont brefs. On appréciera toutefois les quelques moments où la mangaka place son récit depuis le point de vue du chat le plus distant, qui nous permet de voir le regard qu'il pose sur les autres, que ce soit ses deux compagnons félins, ou surtout notre héroïne avec qui il ne compte pas spécialement faire ami-ami mais qu'il "tolère" car elle entretient la "boîte de félicité" (la maison, quoi) où il vit et où il est nourri.

A travers ces trois félins bien différents (le joueur, le pépère, le distant), Goumoto nous propose sans doute une vision assez crédible de ce que peuvent être les chats au quotidien, en n'idéalisant pas les félins et en montrant qu'ils garderont toujours une part inaccessible à l'affection que leur portent les humains. Et notre héroïne elle-même en a bien conscience, comme quand elle se doute que, lorsque Chibi vient la voir après une chute, c'est moins par inquiétude que juste pour s'assurer qu'elle est toujours vivante. Et pourtant, le fait est que l'humaine aime leur compagnie, apprécie de les caresser quand ils se laissent approcher, et aime scruter leurs comportements parfois insolites, comme quand Chibi s'agite face à un mystérieux chat extérieur qui vient le voir depuis l'autre côté de la baie vitrée, ou quand ces trois félins observent fixement des choses qui semblent presque imperceptibles comme s'ils fixaient le vide.

Ces chats sont, tout simplement, importants pour elle, à leur manière, et cela pour ne bonne raison: sa vie active éreintante. Elle est souvent épuisée, commence tôt et finit tard au travail... Alors cette maison, même si personne d'humain ne l'y attend, est primordiale pour elle afin de se ressourcer au contact de ces boules de poils qui, malgré tous leurs caprices, leur agitation ou leurs sautes d'humeur, peuvent lui offrir rien qu'un instant la douceur et l'affection dont elle a besoin.

Sur le plan visuel, on sent que NekoDamari a été pensé par Goumoto comme une sorte de série lui permettant de souffler parallèlement à Plongée dans la nuit, une série qui était ben plus exigeante avec ses nombreuses métaphores visuelles et ses envolées lyriques via des découpages régulièrement peu académiques. Ici, on reste sur des découpages beaucoup plus standard, sur un trait un peu plus relâché et moins profond... ce qui n'empêche pas le tout d'être agréable, car ça colle bien à l'atmosphère voulue. Et puis, on reconnaît bien la patte de Goumoto dans le design de son héroïne, tandis que les chats jouissent tous d'un physique bien différent et signé, notamment via leurs yeux (à commencer par ceux de Chibi, grands, tout rond et tout noirs).

A l'arrivée, ce premier tome fait plutôt bien le job. Sur ces débuts, NekoDamari n'affiche pas de prétentions particulières hormis celle de narrer une petite tranche de vie assez classique autour d'une humaine et de ses chats, et le résultat est assez convaincant sous le trait de cette autrice.

Enfin, quelques mots sur l'édition française, de bonne facture. Derrière une jolie jaquette très proche de l'originale japonaise, on trouve un papier très légèrement transparent mais souple et permettant une honnête qualité d'impression, un lettrage propre, et une traduction claire de la part de Yoan Giraud.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs