Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 28 Mai 2021
Chronique 3 :
Alors qu'il avait accepté d'aider Yahya à appréhender Melon, l'hybride tueur en série, Legoshi se laisse dominer par la curiosité, voire la compassion, pour celui dont il se sent si proche en tant qu'hybride. Mais Melon tire sur notre jeune héros et le laisse pour mort, ce qui ne manquera pas d'attiser la colère de son grand père.
Mais il en faut plus pour abattre une telle force de la nature, et Legoshi ne baisse pas les bras: il va retrouver et arrêter Melon!
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ce titre qui ne cesse de nous emmener dans des directions inattendues, et ce tome ne va pas déroger à cette règle!
Dans un premier temps on va s'intéresser à Legoshi qui se réveille de sa blessure et va se sentir plus vivant que jamais, et cela il le doit à sa mère, ou plutôt au souvenir de cette dernière!
Elle va l'accompagner tout le long du tome par le biais de cet amour qu'elle n'a pas pu exprimer comme elle l'aurait voulu, mais Legoshi a compris ce qu'elle a pu ressentir et il va aller jusqu'à extrapoler que c'est peut être ce que peut ressentir Melon...mais c'est bien mal le connaître!
Avant de repartir sur la traque de ce dernier, on va avoir droit à une parenthèse amusante entre Louis et Juno (qui trône d'ailleurs superbement sur la couverture), ils sont face à face aussi mal à l'aise l'un que l'autre, non pas comme un herbi et un carni mais comme deux ados maladroits.
La jeune Louve va alors aller retrouver Legoshi pour lui faire part de ses états d'âmes et alors qu'il va essayer de l'aider il va réfléchir à sa propre condition et sa relation avec Haru qui n'avance pas.
Mais tout ceci n'est pas le plus important, puisque la traque de Melon est toujours d'actualités! Legoshi va tenter de le retrouver et va finir par être confronté à son tatoueur dans un échange lunaire des plus savoureux! L'auteur fait encore une fois preuve d'un talent, d'un humour et d'originalité indéniable!
Mais tout ne se passera pas comme prévu et ce qui sauvera Legoshi c'est sa gentillesse et sa capacité à s'intéresser aux autres!
De son coté, son grand père a aussi son propre combat à mener...
Un volume une nouvelle fois riche et dense où il va se passer bien des choses, et si les points d’intérêts se multiplient, ce n'est jamais au détriment du développement des différentes intrigues qui continuent de progresser à un rythme plus que satisfaisant, subtil mélange entre évolution et montée en tension progressive!
Beastars ne déçoit toujours pas et continue de faire vivre d'incroyables moments!
Chronique 2 :
Cédant à sa morale, Legoshi libère le criminel Melon mais finit grièvement blessé. Dans cet état comateux, il revoit le fantôme de sa mère, l'occasion pour lui de faire face à sa génitrice, d'en apprendre plus sur elle et de dénouer quelques nœuds qui subsistaient en lui.
Mais étant donné le fiasco de la mission, Yahya ne peut poursuivre sa collaboration avec le loup gris. Qu'à cela ne tienne, Legoshi est déterminé à poursuivre Melon de lui-même, tant lui et le criminels ont des visions opposées de la mixité inter-espèces.
Le manga de Paru Itagaki a toujours su narrer des intrigues dont l'intensité montait crescendo, et cette deuxième grande partie de la série ne fait pas exception.Après une amorce plutôt sereine, l'aventure a pris la forme d'une traque du criminel hybride Melon, particulièrement dangereux, et dont l'opposition avec notre loup héros dans le volume précédent était aussi nerveux que riche de sens. Beastars reste donc dans une optique très thriller tout en développant un scénario extrêmement cohérent par rapport à l'univers de l’œuvre, rendant même les petits élans mystiques tout à fait pertinents.
La fin de la rencontre entre Legoshi et le fantôme de sa défunte mère demeure alors un moment particulièrement touchant émotionnellement, qui finit de dévoiler un autre aspect du background familial du loup gris, et le tout en développant une autre optique dans l'idée des relations inter-espèces, thème phare de cette nouvelle partie du manga qui se voit déclinée dans chacun des aspects de ce seizième tome. Car outre les péripéties, la mangaka reste fidèle à sa vision, celle de parler d'une société animalière hétéroclite qui se bride pourtant elle-même.
On peut alors avoir la sensation que cette suite s'éparpille dans ses focus, par exemple via la potentielle relation amoureuse entre Louise et Juno qui nous sort du récit intense autour de Melon, mais qui trouve pourtant une place pertinence dans cet arc scénaristique. L'artiste joue avec les mises en avant de personnages pour les développer (ce qu'elle fait depuis les premiers volumes) comme elle joue avec les ambiances de son œuvres sans forcément casser son rythme, loin de là même. Ce qui peut paraître comme des digressions reste toujours bien dosé, suffisamment pour ne pas donner la sensation de non progression. Au contraire même, puisque le petit parcours de Legoshi vis à vis de Melon avance correctement dans ce seizième tome. Paru Itagaki trouve simplement le temps de glisser les autres personnages dans son œuvres afin d'étoffer leurs relations et évoquer le sujet central du récit par leur prisme, rendant chaque dimension du volume passionnante.
La traque de Melon progresse donc doucement mais sûrement tandis que le rôle fédérateur de Legoshi entre les espèces se confirme par ses actions comme par ses réflexions. Il y aurait beaucoup à dire sur cette opposition qui caractérise chaque aspect de cet arc et fait écho aux différentes mises en avant des autres personnages, et c'est ce qui rend Beastars toujours aussi saisissant et l'écriture de l'autrice habile. On en viendrait même à regretter qu'il ne reste déjà que 6 tomes avant le fin mot de l'histoire. Heureusement, Beast Complex nous permettra de retrouver cet envoutant univers animalier le temps de trois opus supplémentaires.
Chronique 1 :
Legoshi a fait le choix d'accorder le bénéfice du doute à Melon, ce dangereux criminel qui lui a semblé souffrir de son statut d'hybride dans cette société, et qu'il a alors eu envie de comprendre... Mais en laissant fuir cet être mi-gazelle mi-léopard, le loup, à la place de remerciements, a recueilli un coup de feu. Transporté inanimé à l'hôpital, il a eu la surprise de découvrir son propre corps dans un lit: son âme semble effectivement vagabonder entre la vie et la mort. Et c'est dans ce contexte qu'il a croisé la route du fantôme de quelqu'un qu'il connaît bien et qui semble avoir laissé là des regrets: Leano, sa propre mère, qui s'est suicidée quand lui n'était encore qu'un adolescent, car elle fut incapable d'accepter les changements physiques dus à son hybridité.
Presque irréelle, cette rencontre de la mère et du fils entre la vie et la mort fut entamée dans la dernière partie du tome précédent, et se poursuit donc encore ici, le temps de quelques dizaines de pages. On retrouve une Leano qui ne sort plus du tout de sa chambre, même pas pour voir son enfant, tant elle est brisée par son obsession pour les apparences. Une obsession ayant gâché sa relation avec un fils que, pourtant, elle chérissait plus que tout. Mais l'occasion est, alors, enfin donnée ici à ces deux êtres de se dire ce qu'ils ont sur le coeur, pour réparer les blessures qui étaient restées là depuis tant d'années. Et même si cette petite part plus surnaturelle peut éventuellement sonner de façon un peu bizarre dans le cadre plus réaliste de la série, il reste que tout ce passage est beau et essentiel pour la construction du personnage principal, et aussi pour expliquer encre mieux certaines facettes de sa personnalité si unique.
Une fois le loup revenu à lui, c'est alors avec un intérêt toujours aussi prégnant qu'on le suit dans une quête qu'il se forge de lui-même: retrouver la trace de Melon. Ce Melon, on a l'occasion ici de l'entrevoir encore un peu plus dans son rapport avec sa propre hybridité, par exemple vis-à-vis de la nourriture qui ne lui procure aucun plaisir, ou des regards qu'on pose en permanence sur lui. Ce Melon, Legoshi aimerait le retrouver avec d'abord le désir de comprendre, de cerner la solitude qui peut être la sienne. Ce qui permet au loup de voir à quel point lui-même n'a jamais connu cette solitude, entouré par un grand-père attentif et par des amis fidèles... et c'est précisément ces amitiés ainsi que sa nouvelle ouverture au monde qui le sauveront plus tard dans le volume, grâce aux bons enseignements du phoque Sagwan. Mais il reste qu'au bout de tout ceci, une question se pose plus encore pour Legoshi: un être comme Melon peut-il être compris ? Ou le mal à l'état pur existe-t-il vraiment ?
Mais Paru Itagaki, comme souvent, n'oublie pas de s'intéresser en parallèle aux autres personnages.
Ainsi retrouve un Louis toujours aussi troublé par les avances que lui fait désormais Juno, la louve étant plus séduisante que jamais avec son franc-parler et sa manière de ne cacher aucunement ce qu'elle ressent envers un herbi... et cela, même si le cerf préfèrerait l'éloigner de lui, qui a déjà une fiancée imposée par son père pour le bien de la haute société. Alors, pour conseiller la jeune louve, qui de mieux qu'un confrère déjà engagé dans une relation carni-herbi ? Voici alors Legoshi dans une position de "conseiller", de mentor qu'il n'attendait pas ! Avec, à la clé, de nouvelles petites réflexions intéressantes sur ces relations dépassant la norme, et sur la difficulté éventuelle de les vivre aussi bien d'un point de vue personnel (où se situe la limite, pour un carni se sentant amoureux d'un herbi, entre attirance et appétit ?) que du point de vue de la société (qui, forcément, impose sans cesse sa vision normative, par exemple via les regards des autres ou via les aides qui favorisent les mariages de même espèce)
Soulignons aussi le petit passage sur les "500 souris sans soucis", un groupe de lutte contre les criminels composé de nombreux petits rongeurs qui, auprès de Yahya, ont trouvé un rôle, et qui permettent d'évoquer encore des choses supplémentaires dans la série: l'espérance de vie différente, le fait que la vie d'êtres si minuscules puisse être négligée par les plus grands... Mais le Beastar a su leur montrer que toute les vies se valent.
Quant à Gosho, de grand-père assagi et voisin attentif (ne serait-ce que pour ne pas empoisonner les autres), on le revoit passer au statut de prédateur. Tout d'abord face à Yahya, par inquiétude familiale toute naturelle envers son petit-fils qui a été mis en danger. Puis par désir de protéger des innocents dans une toute fin de volume qui nous laisse, par ailleurs, sur un sacré suspense. Une fin de tome qui, en plus, vient glisser encore une thématique supplémentaire faisant largement écho à notre propre monde via la menace de suprémaciste prônant la pureté raciale au ponit de vouloir éradiquer tous les hybrides...
Au bout du compte, pour ne pas changer, la lecture de Beastars est toujours un régal de richesse. Paru Itagaki, comme à son habitude, brasse un flot incroyable de sujets à travers une galerie de personnages eux-mêmes bien abordés sur le plan personnel. Le tout nous dirigeant vers une suite qui, au vu des dernières pages, promet d'être encore plus intense.
Alors qu'il avait accepté d'aider Yahya à appréhender Melon, l'hybride tueur en série, Legoshi se laisse dominer par la curiosité, voire la compassion, pour celui dont il se sent si proche en tant qu'hybride. Mais Melon tire sur notre jeune héros et le laisse pour mort, ce qui ne manquera pas d'attiser la colère de son grand père.
Mais il en faut plus pour abattre une telle force de la nature, et Legoshi ne baisse pas les bras: il va retrouver et arrêter Melon!
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ce titre qui ne cesse de nous emmener dans des directions inattendues, et ce tome ne va pas déroger à cette règle!
Dans un premier temps on va s'intéresser à Legoshi qui se réveille de sa blessure et va se sentir plus vivant que jamais, et cela il le doit à sa mère, ou plutôt au souvenir de cette dernière!
Elle va l'accompagner tout le long du tome par le biais de cet amour qu'elle n'a pas pu exprimer comme elle l'aurait voulu, mais Legoshi a compris ce qu'elle a pu ressentir et il va aller jusqu'à extrapoler que c'est peut être ce que peut ressentir Melon...mais c'est bien mal le connaître!
Avant de repartir sur la traque de ce dernier, on va avoir droit à une parenthèse amusante entre Louis et Juno (qui trône d'ailleurs superbement sur la couverture), ils sont face à face aussi mal à l'aise l'un que l'autre, non pas comme un herbi et un carni mais comme deux ados maladroits.
La jeune Louve va alors aller retrouver Legoshi pour lui faire part de ses états d'âmes et alors qu'il va essayer de l'aider il va réfléchir à sa propre condition et sa relation avec Haru qui n'avance pas.
Mais tout ceci n'est pas le plus important, puisque la traque de Melon est toujours d'actualités! Legoshi va tenter de le retrouver et va finir par être confronté à son tatoueur dans un échange lunaire des plus savoureux! L'auteur fait encore une fois preuve d'un talent, d'un humour et d'originalité indéniable!
Mais tout ne se passera pas comme prévu et ce qui sauvera Legoshi c'est sa gentillesse et sa capacité à s'intéresser aux autres!
De son coté, son grand père a aussi son propre combat à mener...
Un volume une nouvelle fois riche et dense où il va se passer bien des choses, et si les points d’intérêts se multiplient, ce n'est jamais au détriment du développement des différentes intrigues qui continuent de progresser à un rythme plus que satisfaisant, subtil mélange entre évolution et montée en tension progressive!
Beastars ne déçoit toujours pas et continue de faire vivre d'incroyables moments!
Chronique 2 :
Cédant à sa morale, Legoshi libère le criminel Melon mais finit grièvement blessé. Dans cet état comateux, il revoit le fantôme de sa mère, l'occasion pour lui de faire face à sa génitrice, d'en apprendre plus sur elle et de dénouer quelques nœuds qui subsistaient en lui.
Mais étant donné le fiasco de la mission, Yahya ne peut poursuivre sa collaboration avec le loup gris. Qu'à cela ne tienne, Legoshi est déterminé à poursuivre Melon de lui-même, tant lui et le criminels ont des visions opposées de la mixité inter-espèces.
Le manga de Paru Itagaki a toujours su narrer des intrigues dont l'intensité montait crescendo, et cette deuxième grande partie de la série ne fait pas exception.Après une amorce plutôt sereine, l'aventure a pris la forme d'une traque du criminel hybride Melon, particulièrement dangereux, et dont l'opposition avec notre loup héros dans le volume précédent était aussi nerveux que riche de sens. Beastars reste donc dans une optique très thriller tout en développant un scénario extrêmement cohérent par rapport à l'univers de l’œuvre, rendant même les petits élans mystiques tout à fait pertinents.
La fin de la rencontre entre Legoshi et le fantôme de sa défunte mère demeure alors un moment particulièrement touchant émotionnellement, qui finit de dévoiler un autre aspect du background familial du loup gris, et le tout en développant une autre optique dans l'idée des relations inter-espèces, thème phare de cette nouvelle partie du manga qui se voit déclinée dans chacun des aspects de ce seizième tome. Car outre les péripéties, la mangaka reste fidèle à sa vision, celle de parler d'une société animalière hétéroclite qui se bride pourtant elle-même.
On peut alors avoir la sensation que cette suite s'éparpille dans ses focus, par exemple via la potentielle relation amoureuse entre Louise et Juno qui nous sort du récit intense autour de Melon, mais qui trouve pourtant une place pertinence dans cet arc scénaristique. L'artiste joue avec les mises en avant de personnages pour les développer (ce qu'elle fait depuis les premiers volumes) comme elle joue avec les ambiances de son œuvres sans forcément casser son rythme, loin de là même. Ce qui peut paraître comme des digressions reste toujours bien dosé, suffisamment pour ne pas donner la sensation de non progression. Au contraire même, puisque le petit parcours de Legoshi vis à vis de Melon avance correctement dans ce seizième tome. Paru Itagaki trouve simplement le temps de glisser les autres personnages dans son œuvres afin d'étoffer leurs relations et évoquer le sujet central du récit par leur prisme, rendant chaque dimension du volume passionnante.
La traque de Melon progresse donc doucement mais sûrement tandis que le rôle fédérateur de Legoshi entre les espèces se confirme par ses actions comme par ses réflexions. Il y aurait beaucoup à dire sur cette opposition qui caractérise chaque aspect de cet arc et fait écho aux différentes mises en avant des autres personnages, et c'est ce qui rend Beastars toujours aussi saisissant et l'écriture de l'autrice habile. On en viendrait même à regretter qu'il ne reste déjà que 6 tomes avant le fin mot de l'histoire. Heureusement, Beast Complex nous permettra de retrouver cet envoutant univers animalier le temps de trois opus supplémentaires.
Chronique 1 :
Legoshi a fait le choix d'accorder le bénéfice du doute à Melon, ce dangereux criminel qui lui a semblé souffrir de son statut d'hybride dans cette société, et qu'il a alors eu envie de comprendre... Mais en laissant fuir cet être mi-gazelle mi-léopard, le loup, à la place de remerciements, a recueilli un coup de feu. Transporté inanimé à l'hôpital, il a eu la surprise de découvrir son propre corps dans un lit: son âme semble effectivement vagabonder entre la vie et la mort. Et c'est dans ce contexte qu'il a croisé la route du fantôme de quelqu'un qu'il connaît bien et qui semble avoir laissé là des regrets: Leano, sa propre mère, qui s'est suicidée quand lui n'était encore qu'un adolescent, car elle fut incapable d'accepter les changements physiques dus à son hybridité.
Presque irréelle, cette rencontre de la mère et du fils entre la vie et la mort fut entamée dans la dernière partie du tome précédent, et se poursuit donc encore ici, le temps de quelques dizaines de pages. On retrouve une Leano qui ne sort plus du tout de sa chambre, même pas pour voir son enfant, tant elle est brisée par son obsession pour les apparences. Une obsession ayant gâché sa relation avec un fils que, pourtant, elle chérissait plus que tout. Mais l'occasion est, alors, enfin donnée ici à ces deux êtres de se dire ce qu'ils ont sur le coeur, pour réparer les blessures qui étaient restées là depuis tant d'années. Et même si cette petite part plus surnaturelle peut éventuellement sonner de façon un peu bizarre dans le cadre plus réaliste de la série, il reste que tout ce passage est beau et essentiel pour la construction du personnage principal, et aussi pour expliquer encre mieux certaines facettes de sa personnalité si unique.
Une fois le loup revenu à lui, c'est alors avec un intérêt toujours aussi prégnant qu'on le suit dans une quête qu'il se forge de lui-même: retrouver la trace de Melon. Ce Melon, on a l'occasion ici de l'entrevoir encore un peu plus dans son rapport avec sa propre hybridité, par exemple vis-à-vis de la nourriture qui ne lui procure aucun plaisir, ou des regards qu'on pose en permanence sur lui. Ce Melon, Legoshi aimerait le retrouver avec d'abord le désir de comprendre, de cerner la solitude qui peut être la sienne. Ce qui permet au loup de voir à quel point lui-même n'a jamais connu cette solitude, entouré par un grand-père attentif et par des amis fidèles... et c'est précisément ces amitiés ainsi que sa nouvelle ouverture au monde qui le sauveront plus tard dans le volume, grâce aux bons enseignements du phoque Sagwan. Mais il reste qu'au bout de tout ceci, une question se pose plus encore pour Legoshi: un être comme Melon peut-il être compris ? Ou le mal à l'état pur existe-t-il vraiment ?
Mais Paru Itagaki, comme souvent, n'oublie pas de s'intéresser en parallèle aux autres personnages.
Ainsi retrouve un Louis toujours aussi troublé par les avances que lui fait désormais Juno, la louve étant plus séduisante que jamais avec son franc-parler et sa manière de ne cacher aucunement ce qu'elle ressent envers un herbi... et cela, même si le cerf préfèrerait l'éloigner de lui, qui a déjà une fiancée imposée par son père pour le bien de la haute société. Alors, pour conseiller la jeune louve, qui de mieux qu'un confrère déjà engagé dans une relation carni-herbi ? Voici alors Legoshi dans une position de "conseiller", de mentor qu'il n'attendait pas ! Avec, à la clé, de nouvelles petites réflexions intéressantes sur ces relations dépassant la norme, et sur la difficulté éventuelle de les vivre aussi bien d'un point de vue personnel (où se situe la limite, pour un carni se sentant amoureux d'un herbi, entre attirance et appétit ?) que du point de vue de la société (qui, forcément, impose sans cesse sa vision normative, par exemple via les regards des autres ou via les aides qui favorisent les mariages de même espèce)
Soulignons aussi le petit passage sur les "500 souris sans soucis", un groupe de lutte contre les criminels composé de nombreux petits rongeurs qui, auprès de Yahya, ont trouvé un rôle, et qui permettent d'évoquer encore des choses supplémentaires dans la série: l'espérance de vie différente, le fait que la vie d'êtres si minuscules puisse être négligée par les plus grands... Mais le Beastar a su leur montrer que toute les vies se valent.
Quant à Gosho, de grand-père assagi et voisin attentif (ne serait-ce que pour ne pas empoisonner les autres), on le revoit passer au statut de prédateur. Tout d'abord face à Yahya, par inquiétude familiale toute naturelle envers son petit-fils qui a été mis en danger. Puis par désir de protéger des innocents dans une toute fin de volume qui nous laisse, par ailleurs, sur un sacré suspense. Une fin de tome qui, en plus, vient glisser encore une thématique supplémentaire faisant largement écho à notre propre monde via la menace de suprémaciste prônant la pureté raciale au ponit de vouloir éradiquer tous les hybrides...
Au bout du compte, pour ne pas changer, la lecture de Beastars est toujours un régal de richesse. Paru Itagaki, comme à son habitude, brasse un flot incroyable de sujets à travers une galerie de personnages eux-mêmes bien abordés sur le plan personnel. Le tout nous dirigeant vers une suite qui, au vu des dernières pages, promet d'être encore plus intense.