Battle Royale - Perfect Edition Vol.1 - Actualité manga
Battle Royale - Perfect Edition Vol.1 - Manga

Battle Royale - Perfect Edition Vol.1 : Critiques

Battle Royale

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 15 Janvier 2013

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Battle Royal est un manga culte. Sa notoriété fût d'ailleurs encore amplifiée par le succès du film éponyme et du roman à l'origine de toutes ces adaptations. C'est donc sans réelle surprise que le manga a eu droit à une seconde édition, qui regroupe les quinze volumes de la licence originale, en cinq gros pavés dit « Deluxe » (chacun des cinq tomes contenant trois des volumes de la première édition). L'histoire reste telle qu'on la connaît.

Dans un Japon alternatif nommé « République d’extrême orient », un « jeu » est organisé chaque année pour renforcer le pouvoir de l'état tyrannique sur sa population : le programme. Les règles sont simples, une classe de troisième est choisie pour être emmenée dans un lieu clos où ils devront s’entre-tuer jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. La dictature militaire fait toutefois preuve de compassion et offre à chaque participant un sac contenant trousse de secours, vivres et une arme, distribuée aléatoirement. Les plus chanceux se retrouveront donc équipés de mitrailleuses, tandis que d'autres devront se contenter d'une fourchette ou d'un couvercle de poubelle.
La classe de notre héros Shûya Nanahara se retrouve embarquée dans l'aventure Battle Royal, et c'est sur une île débarrassée de tous ses habitants que le massacre doit avoir lieu.
Face à l'horreur de la situation, les adolescents de quatorze ans réagissent selon quatre grands schémas :
-Se suicider, de peur de tuer ou d'être tué par celui qui était autrefois un ami.
-Tenter de sauver tout le monde sans tuer personne.
-Participer au jeu, de peur d'être tué.
-Participer au jeu, par pur plaisir de tuer.

Il faut savoir que les jeunes collégiens réagissent de façon assez adulte pour leur âge, qu'ils ne font d'ailleurs pas. En effet, avant même que ne débute les réjouissances, les personnages étaient déjà plutôt matures. Personnellement, en troisième, je ne comptais pas le nombre de préservatifs qu'il y avait dans mes poches pour savoir si je pouvais contenter toutes les filles qui me faisaient la cour, je n'étais pas non plus chef de gang, j'évitais de me prostituer, et aucune barbe hirsute ne mangeait mon visage (aujourd'hui non plus d'ailleurs). Et bien nos amis de troisième B, si. En apparence également, ils font presque tous au moins vingt ans, et Kawada, qui a redoublé, en fait trente-cinq. Cela peut néanmoins paraître légitime d'un point de vue morale, dans la mesure où tout ce beau monde s'entre-tue.

Pourtant, la morale est loin d'être l'une des caractéristiques les plus flagrantes du manga. Il y en a une, bien évidemment, toute cette horreur n'est pas que gratuite. C'est belle est bien une critique de la société et de l'égoïsme qui s'empare de plus en plus du citoyen Japonais (selon l'auteur) qui se cache entre les morceaux de cervelles et de tripes qui ponctuent les pages. Dire que c'est l'unique but du manga serait tout de même une erreur, tout ce gore et toute cette pornographie sont également un divertissement qui doit beaucoup au sadisme cathartique de ses lecteurs. Qui va mourir ? Qui va vivre ? Et surtout, comment ceux qui vont mourir quitteront ce monde ? Voilà les questions que se pose le lecteur, qui prend un malin plaisir à voir la mort en marche. Le dessinateur lui même s'amuse avec cela, et fait régulièrement preuve d'un certain sadisme. En effet, si à la fin d'une page, vous voyez individu un souriant, nimbé de quelques rayons de soleil bienfaisants, soyez sûrs qu'en tournant la page, l'individu en question verra sa cervelle éjectée de sa boite crânienne par une balle ou un carreau d’arbalète. Dois-je préciser que les âmes sensibles doivent fuir l’œuvre ? Pour les autres, ils en redemanderont.

Revenons-en au déroulement de l'histoire. Shuya et Noriko, la fille dont était amoureux le meilleur ami du héros (morts avant même que le jeu ne débute), décident d'un commun accord de sauver toute la classe en les ramenant à la raison. Fort heureusement pour l'assouvissement de nos désirs barbares, cela ne fonctionne évidemment pas, et nos deux amis se seraient eux-même fait trancher en rondelles environ une dizaine de fois si Kawada ne les avait pas sauvés. Kawada, le type bourru et censé, aussi débrouillard que MacGyver, et qui compense parfaitement la niaiserie et l'idéalisme de Shuya et Noriko. Le trio fera alors tout pour survivre tout en essayant de sauver un maximum de camarades, objectif que partageront d'autres figures fortes du manga, comme Mimura, le hacker de génie, à la fois ingénieux et courageux, ou encore Sugimura, dont la maîtrise des arts martiaux n'a d'égale que sa gentillesse mêlée de timidité. Tous les participants n'ont toutefois pas aussi bonne conscience, et l'énigmatique Kazuo Kiriyama prendra activement part au massacre, tout comme Mitsuko Sôma, que l'on peut aisément qualifier de dévergondée.

Les dessins de l'auteur sont uniques en leur genre, et forment un heureux croisement entre la bande dessinée japonaise et américaine. Très réalistes, ce qui accentue encore l'horreur de ce qui est montré.

Venons-en à l'édition. La couverture, noire et cartonnée, est sobre mais de bonne facture, malgré le fait que le titre, inscrit en doré, ait tendance à s'effacer. Le papier glacé est de qualité, quelques pages couleurs sont présentes en début de volume, et le grand format est un réel plaisir. Dans les points négatifs, on notera une impression trop souvent effacée ou tachée, et une absence totale de bonus inédits. Le rythme de parution est également particulièrement lent et ce, sans raison valable apparente.
Au final plutôt décevante donc, surtout quand on sait qu'acheter les volumes de l’édition standard revient moins cher (environ vingt-et-un euros les trois volumes, contre vingt-cinq en intégrale).

Si l'édition fait assez peu honneur à ce monument du seinen, découvrir ou redécouvrir Battle Royal en grand format est un plaisir dont il serait dommage de se passer, le manga en lui-même étant toujours aussi génial. Un défouloir jouissif et attractif qui mérite amplement son titre de manga culte.


Luciole21


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Luciole21
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs