Bathtub Brothers Vol.1 - Actualité manga
Bathtub Brothers Vol.1 - Manga

Bathtub Brothers Vol.1 : Critiques

Bathtub ni Notta Kyôdai – Chikyû Suibotsuki

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 16 Octobre 2020

En 2015, Toshifumi Sakurai débarquait pour la première fois en France aux éditions Akata avec Ladyboy VS Yakuzas, oeuvre faisant alors partie des tout premiers titres de la collection WTF?!. Tout au long de ses 5 volumes, la série fut un très beau succès pour l'éditeur, et devint rapidement un porte-étendard de cette collection barrée où tout est permis. Depuis, c'est sous son autre nom d'auteur Bargain Sakuraichi que l'on a pu retrouver le mangaka chez Akata avec deux one-shot plus sérieux/posés: La virginité passé 30 ans en 2018, et La Métamorphose en 2019. Et en cette année 2020, l'heure est enfin venue pour lui de redevenir Toshifumi Sakurai et de revenir dans la collection WTF?! avec sa dernière série en date, Bathtub Brothers !

Prépublié en 2018-2019 sous le titre Bathtub ni Notta Kyoudai: Chikyuu Suibotsu Ki (grosso modo: "Frères dans la Baignoire: La Submersion de la Terre") dans le magazine Manga Action de Futabasha (le même magazine que Ladyboy VS Yakuzas), Bathtub Brothers nous plonge au coeur d'une catastrophe qui arrivera peut-être un jour, mais que Sakurai met en scène à sa manière. Haruo Koike est un lycéen vivant avec sa mère et son grand frère de 29 ans, Natsuo. Ce grand frangin, l'adolescent n'a jamais pu le blairer, car il se montre plutôt égoïste et reste constamment enfermé dans sa chambre depuis des années en ne faisant rien pendant que leur mère se tue à la tâche seule pour les nourrir. Mais Haruo lui-même n'est pas forcément le garçon idéal: déterminé à perdre sa virginité la veille de ses 17 ans, il a fait croire à Saori Baba, la fille la plus laide de sa classe mais dons les seins sont énormes, qu'il est amoureux d'elle, tout ça pour l'attirer chez lui. ne pouvant finalement rien faire avec elle, il la renvoie chez elle, s'endort... pour se réveiller dans l'eau. La surprise est alors de taille : partout le niveau des eaux a monté, et continue encore de grimper en immergeant tout, tandis que de grands requins sont arrivés là pour manger les gens ! Pour se sortir de là, Haruo doit compter sur ce grand frère détesté, et c'est ainsi que les deux garçons errent sur les eaux à bord d'une baignoire, au gré des attaques de requins et des rencontres...

L'auteur nous immisce donc ici dans un récit-catastrophe où le mythe de la submersion du Japon semble devenir vrai... à ceci près que la situation ne se limite peut-être pas au Japon ! Quel événement a donc pu provoquer cette folle et incessante montées des eaux ? Tout reste à expliquer sur ce point, mais on peut imaginer que Sakurai flirtera peut-être avec des thématiques actuelles autour du climat et de la fonte des neiges ? Tout n'est que suppositions pour l'instant, et dans ce premier tome on se contente surtout de voir les deux gaillards voguer au gré de premières péripéties souvent mortelles pour leur entourage, les requins n'étant jamais bien loin, et certains humains pouvant eux-même devenir de belles raclures en faisant montre de leur égoïsme pour essayer de s'en sortir au détriment des autres.

Ces premières péripéties, elles sont on ne peut plus classiques dans les récits-catastrophes de ce type avec différentes premières menaces attendues, mais quiconque a lu Ladyboy VS Yakuzas sait d'avance que l'auteur a une façon bien à lui de narrer les choses. Ainsi, Sakurai nous déstabilise volontiers en incorporant à la part dramatique du récit nombre d'instants assez grotesques voire ubuesques, amenant alors une part d'humour bien à lui: l'apparence exagérément disgracieuse de Natsuo, ses pets malvenus, sa façon de bouffer des chips pendant qu'à côté c'est le drame pour d'autres, la baignoire qui se sort de nombre d'attaques, les physiques caricaturaux et grossiers, le cynisme de la pancarte sur les agressions de rue, des scènes comme l'arrivée des animaux du zoo... Un mélange assez détonnant, auquel on accrochera ou non, mais qui n'empêche pas l'auteur d'entamer également un certain portrait de ses principaux personnages, qui cachent d'autres choses derrière leurs premières apparences ingrates. Ainsi, Haruo semble quand même regretter de s'être mal comporté avec Saori, cette dernière se montre très humaine voire touchante derrière son physique, Natsuo lui-même préfère cacher à Haruo le sort de leur mère pour ne pas le faire souffrir... D'ailleurs, on imagine que la relation entre les deux frères sera l'un des leitmotiv de la série.

A part ça, sur le plan visuel, en plus des designs déjà évoqués, on peut souligner l'efficacité de la mise en scène du mangaka, bien appuyée par l'omniprésence des décors urbains, réalistes puisque tirés de photos, et assez retravaillées pour coller au contexte très catastrophique et aquatique.

Il faudra voir comment Toshifumi Sakurai compte développer son histoire, mais en attendant il nous offre ici des débuts assez classiques dans le côté catastrophe, mais plutôt efficaces grâce à son ton unique, et piquant facilement la curiosité.

Côté édition, on retrouve à la traduction Aurélien Estager, qui avait déjà officié sur La virginité passé 30 ans ainsi que sur La Métamorphose, et qui offre ici un travail de qualité, bien dans le ton de l'oeuvre, avec des dialogue fleuris quand il le faut. Le papier et l'impression sont de qualité, le lettrage de Tom "spAde" Bertrand est très soigné, et la jaquette de Florent Faguet donne bien le ton en restant proche de l'originale japonaise.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs