Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 07 Mars 2025
Tsubasa Hanekawa a enfin pu être sauvée d'elle-même, de son passé et de ses chimères. Mieux encore, la mignonne déléguée à lunettes arrive enfin à être elle-même, en apprenant à ne plus contenir ce qu'elle ressent vraiment, et en ayant avoué ses sentiments à Koyomi même si elle savait d'avance qu'elle recevrait une réponse négative. A présent, il ne reste plus à Koyomi qu'à profiter de sont ant attendu rendez-vous avec sa bien-aimée Hitagi qui, sous le ciel étoilé, se livre corps et âme avec légèreté. Mais si les choses auraient presque pu s'arrêter là, il n'en est en réalité rien, car désormais chacun des protagonistes de la série doit faire le point sur les leçons à retirer de leurs péripéties de ces derniers mois.
L'heure est donc venue pour le manga Bakemonogatari de s'achever, avec un 22e et dernier tome où Oh! Great suit essentiellement un schéma on ne peut plus simple, avec une succession d'épilogues/chutes consacrés chacun à un des héroïnes de l'oeuvre, avant un final qui se recentre sur Koyomi puis sur Mémé Oshino. Dans les faits, l'idée n'est pas mauvaise du tout, d'autant plus que globalement le mangaka y cristallise assez bien l'essentiel de l'évolution connue par chacun des personnages, avant de mettre en lumière la leçon que Mémé Oshino leur a offerte sur le fait d'aider les autres et, surtout, de leur apprendre à s'aider soi-même. Mais malheureusement, la formule adoptée tend assez vite à montrer aussi certaines limites.
On pourra inévitablement évoquer, en premier lieu, le côté fan-service volontairement outrancier, qui a toujours existé dans la série en étant tantôt bien équilibré tantôt plus lourd, mais qui ici prend bien trop de place par rapport aux thématiques centrales de l'histoire, en plus de nous offrir certaines scènes plus malaisantes que jamais (qu'est-ce qui vous gênera le plus, entre le harcèlement sexuel sur une fillette, et le gros sous-entendu pédo-incestueux où la collégienne Karen semble quasiment jouir entre les mains de son grand frère ? ). Mais il y a aussi le fait que certains épilogues n'ont quasiment aucun intérêt car ils se focalisent sur des visages n'ayant finalement jamais été vraiment au premier plan du manga (on pense précisément ici aux deux soeurs de Koyomi). Enfin, quand un mangaka en arrive à sous-entendre avec auto-dérision qu'il ne sait pas comment conclure son oeuvre, c'est rarement très bon signe.
Le plus gros problème est peut-être là: difficile de conclure convenablement une oeuvre aussi atypique, d'autant plus que les romans d'origine de Bakemonogatari, avant que l'anime d'Akiyuki Shinbo et du studio Shaft ne passe par-là, étaient réputés quasiment inadaptables. On se dira alors que, malgré ses limites et déviances, ce dernier volume s'en sort quand même honorablement, et que l'ensemble de cette version manga aura été généralement qualitative, soignée et souvent aboutie dans son esthétique.