Baby Vol.3 : Critiques

Réfugiée auprès des Défectueux, Elisa a déjà découvert certaines choses grâce à eux, mais sa plus grande surprise provient sûrement d'une photo vue par hasard et lui faisant comprendre non seulement que Kenny est un méchant, mais en plus qu'Alice est en grand danger en restant près de lui. Notre héroïne file donc à la rescousse de celle-ci et du reste du groupe de Ryan, mais n'est-il pas déjà trop tard ? Kenny s'est effectivement déjà éclipsé avec Alice et compte bien ramener auprès de sa commanditaire la Matrice cette enfant qu'il qualifie de simple "produit à récolter"... Alors, qu'est exactement la pauvre Alice ? Quelle est son origine et pourquoi existe-t-elle ? Qui se cache derrière la Matrice et quel est son bout ? Et surtout, en unissant leurs forces, Elisa et ses différents alliés pourront-ils empêcher le pire ?

Evidemment, les réponses à toutes ces questions vont arriver dans ce troisième et dernier volume de 300 pages et quelques, Chang Sheng ayant au moins le mérite de ne pas frustrer là-dessus. De même, certaines thématiques restent suffisamment intéressantes même si elles ne sont pas très approfondies (surtout autour de la nature d'Elisa et d'Alice: peuvent-elles toujours se considérer comme humaines ? ). Et le travail graphique de l'artiste, si l'on excepte ses nouvelles fautes de goût (aimer dessiner de jolies filles bien badass c'est une chose, insister constamment sur leur fessier en combi moulante c'en est une autre), est toujours très léché, surtout dans ses designs mécaniques assez poussés et dans le rendu saisissant de la plupart des moments d'action, ne serait-ce que quelques vues vertigineuses entre les immeubles ou certaines capacités intéressantes (la fusion d'Elisa bien sûr, mais aussi certaines facultés ennemies).

Cependant, comme souvent avec cet auteur, les limites se ressentent beaucoup dans le déroulement très artificiel des choses, et dans pas mal de dialogues qui restent très plats, quand ils ne tentent pas d'amener un humour forcé. Les rôles secondaires sont bien trop expédiés pour toucher (à l'image de ce que fait la fille du train pour sauver Simba), plusieurs personnages semblent presque débarquer de nulle part au bon moment, certains d'entre eux restent désespérément caricaturaux (coucou Simba, constamment renvoyé à son statut de "gros" ), quelques facilités d'écriture tendent à l'incohérence (genre, pourquoi l'autre fille s'est-elle servie de Kenny pour mettre la main sur Alice, alors qu'au final elle est elle-même infiltrée dans le groupe de Ryan elle aussi ? )

Une nouvelle fois, à la lecture de BABY comme lors de celle des autres oeuvres de Chang Sheng, on ne peut pas s'empêcher de penser que l'artiste devrait s'associer à un scénariste à-même de bien porter ses projets. Car concrètement, même si l'on n'est jamais déçu par l'inégalable qualité visuelle de ce dessinateur, et bien qu'il montre toujours des pitchs intrigants et beaucoup de chouettes idées, le fait est que sur la longueur il peine à chaque fois à bien consolider et mener ce qu'il a en tête. On reste alors toujours sur du divertissement très esthétique mais basique, alors que l'on pourrait avoir beaucoup plus que ça.