Aya et la sorcière - Actualité manga
Aya et la sorcière - Manga

Aya et la sorcière : Critiques

Earwig and the Witch

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 18 Novembre 2021

Kiki la petite sorcière, Paprika, Perfect Blue, Le Mystère des Pingouins, Mary et la Fleur de la Sorcière, La Trilogie de Hurle qui a inspiré Le Château Ambulant, La Cité des Brumes Oubliées qui fut à la base du Voyage de Chihiro... Cela fait désormais quelques années que les éditions Ynnis s'évertuent à faire découvrir en France des romans qui ont ensuite donné naissance à des films d'animation japonais bien connus. Et en mars dernier, l'éditeur a récidivé en publiant Aya et la Sorcière, roman jeunesse aux allures de nouvelle, qui a servi d'inspiration à Goro Miyazaki pour concevoir le long-métrage éponyme.

A l'origine, la publication du roman devait être assez proche de l'arrivée dans les cinémas français du film, avant que le sort n'en décide autrement: pourtant annoncé dès juin 2020 par le distributeur Wild Bunch pour une sortie dans nos salles de cinéma cette année, alors même qu'il fut diffusé sur les télévisions japonaises seulement l'hiver dernier, le film a ensuite enchaîné les reports dans notre pays, essentiellement à cause de la situation sanitaire et de la fermeture des salles de cinéma pendant quelques mois. Initialement prévu le 17 février 2021 sur les grands écrans français, il avait ensuite été repoussé au 14 juillet puis au 18 août, avant de tout bonnement disparaître des plannings, Wild Bunch ayant alors expliqué en août son choix de reporter la sortie à une date ultérieure, sans plus de précisions, après avoir jugé que la situation sanitaire restait trop incertaine. Finalement, le verdict est tombé: le film ne passera pas par la case cinéma, et est arrivé directement sur la plateforme Netflix aujourd'hui-même. En attendant de voir le film, il est donc temps de revenir un peu sur le roman.

De son nom original Earwing and the Witch, celui-ci est l'oeuvre de Diana Wynne Jones, écrivaine britannique de romans fantastiques pour enfants et adultes, née en août 1934, décédée en mars 2011, peu publiée chez nous mais très réputée outre-Manche en ayant même obtenu quelques récompenses au fil de sa carrière. Son oeuvre la plus connue est peut-être La Trilogie de Hurle, publiée elle aussi par Ynnis en France, et célèbre pour avoir inspiré à Hayao Miyazaki Le Château Ambulant, comme déjà dit plus haut. Earwing and the Witch est un récit qui fut initialement publié en Angleterre en 2011, à titre posthume, et qui a ensuite eu droit à une publication japonaise dès l'année suivante, en 2012, en s'enrichissant au passage d'illustrations signées Miho Satake, une illustratrice qui a conçu auparavant des illustrations pour certains romans ou light novels nippons, dont Seirei no Moribito. Pour l'édition française, Ynnis, tout en se basant sur le texte d'origine anglais pour la traduction, a pu s'approprier les illustrations de Miho Satake, afin de proposer le tout dans un joli livre illustré en grand format.

L'histoire nous immisce dans une Angleterre pouvant être située dans les années 1990, et plus précisément au sein de l'orphelinat St Morwald où sévit Aya Gance, une petite fille de 10 ans plutôt turbulente. Aux côtés de son copain froussard Custard, elle est toujours prête à commettre des petites bêtises et à afficher son sacré caractère, au point d'être surnommée Manigance. Mais le fait est qu'elle adore son orphelinat, qu'elle raffole de l'odeur du lieu et de ses extérieurs ensoleillés, qu'elle s'y sent libre et heureuse... Alors quand débarque un "couple" très bizarre pour adopter un enfant, elle fait tout son possible pour apparaître désagréable, mais rien n'y fait: elle est choisie par les dénommés Mandrake et Bella Yaga... qui sont en réalité une sorte de "démon" souvent de mauvaise humeur et une sorcière irascible au possible ! Et si Mandrake se montre rarement en dehors de son bureau, Aya va avoir fort à faire avec Bella Yaga: alors que cette dernière lui a promis qu'en échange de son aide dans les tâches domestiques elle lui apprendra la magie, la sorcière n'en fait absolument rien, et se contente d'exploiter la pauvre fillette ! Mais Aya n'est certainement pas du genre à se laisser faire: sous l'oeil de Thomas, le chat noir de la maison, elle va se débrouiller par elle-même pour jouer un bien mauvais tour à la sorcière et obtenir ce qu'elle veut !

Ce roman jeunesse, comme déjà dit, a plutôt des allures de nouvelle, et pour cause: il est court et se lit très vite, ce qui change énormément de La Trilogie de Hurle de la même écrivaine. L'édition française a beau s'étirer sur environ 120 pages, le fait est que c'est écrit gros (normal, puisque l'oeuvre est avant tout dédiée au jeune public), et que les illustrations de Miho Satake prennent pas mal de place en pouvant occuper des quarts de page, des demi-pages, des pages entières ou même des doubles-pages. A cela, une explication : cette oeuvre, qui pour rappel a été publiée à titre posthume, n'est qu'une ébauche de roman. Une sorte de "work in progress" écrit quelques années auparavant, où Diana Wynne Jones a écrit une trame principale qu'elle comptait développer/approfondir plus tard, en n'en ayant finalement jamais eu l'occasion, malheureusement, du fait de son décès.

En sachant ça, que donne la lecture ? Eh bien, malheureusement, quelque chose où on sent de l'idée, mais qui manque beaucoup d'immersion, tant tout semble lisse car, forcément, pas du tout approfondi un minimum. Il y a pourtant de quoi être intéressé par Manigance, véritable petite chipie au fort caractère et ne se laissant pas faire, tour à tour un peu odieuse dans ses mauvais tours, et pourtant, quelque part, assez attachante. Mais pour le reste... les raisons des manigances d'Aya pendant la lecture sont assez mal définies si l'on ne lit pas entre les lignes (il y a très peu d'insistance sur le fait qu'elle est exploitée par Bella Yaga et qu'elle en veut à la sorcière de ne pas tenir sa promesse sur l'apprentissage de la magie), les personnages secondaires (la sorcière comprise) manquent de présence, d'impact et d'envergure (la mention spéciale étant pour Custard qui n'est là que dans les toutes premières pages, alors que visiblement il devrait jouer un plus grand rôle dans le film vu qu'il est sur l'affiche), les rebondissements restent lisses... Impression qui n'est peut-être pas aidée non plus par la traduction, très claire dans l'ensemble, mais parfois inutilement ampoulée (surtout pour un jeune public) et un eu plan-plan. Ca manque de verve, de dynamisme... alors même qu'il est question d'une héroïne qui, elle, n'en manque pas du tout.

Reste, alors, la satisfaction de découvrir le tout dans un beau livre. Vu de l'extérieur, le livre fait belle impression avec sa couverture reprenant l'affiche du film, et son grand format cartonné de 20x28cm. Et à l'intérieur, le papier glacé est d'excellente qualité et, entre autres, rend très bien honneur aux illustrations, que celles-ci soient en couleurs ou en noir et blanc. Et pour dire un mot sur ces illustrations, Miho Satake semble avoir joliment cerné l'oeuvre, en proposant des traits assez fins, un brin enfantins et pourtant assez détaillés, voire assez foisonnants sur certaines pleines pages ou doubles-pages. De quoi accentuer le côté sympathique de la lecture, à défaut d'avoir quelque chose de vraiment immersif et d'impérissable. A présent, il ne reste plus qu'à découvrir ce que Goro Miyazaki a pu faire de ce matériau de base dans son film...
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction