Avenir nous appartient (l') - Actualité manga
Avenir nous appartient (l') - Manga

Avenir nous appartient (l') : Critiques

Ashita ni Kakeru!

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Octobre 2019

Les Couleurs de Yuki, Bunza l'insouciant, Plus haut que le ciel, Fermé pour la journée, Sacré prof: avec ces quelques titres allant du sympathique à l'excellent, Saburô Ishikawa s'est installé comme un nouvel auteur de choix chez Black Box, via des histoires entre le bucolique et, surtout, l'humain. Si bien qu'on est heureux de retrouver le mangaka en ce débit d'automne avec deux one-shot. Après être revenu sur Mon instant d'éternité, abordons aujourd'hui le cas de L'avenir nous appartient !, un one-shot initialement publié aux éditions Shûeisha sous le titre Ashita ni kakeru! en 1991, ce qui en fait à ce jour l'un des plus anciens mangas d'Ishikawa parus dans notre langue, entre Mon instant d'éternité (1992) et Sacré Prof (1984). Ici, Ishikawa met en images une histoire de Hiroichi Fuse, mais avoue dans sa préface avoir mis un peu de lui-même dans le héros, dans la mesure où son désir de devenir mangaka tout petit est né de la même façon que celui de Shunpei de devenir scénariste.

Car ici, via ce récit de quasiment 290 pages, on suit Shunpei Shiina, un garçon ayant décidé très tôt de devenir scénariste. Ayant grandi en pleine campagne dans l'auberge familiale, il a reçu des cours de rédaction de M. Shimon, un scénariste un peu excentrique qui fut de passage pendant quelque temps. Après avoir reçu les compliments de ce maître sur une rédaction, il a décidé de devenir scénariste plus tard ! Ce rêve ne l'a jamais quitté, et que ce soit au collège ou au lycée il l'a toujours entretenu, ayant même intégré le club de théâtre pour écrire des histoires. Le lycée fini, c'est en étant convaincu qu'il va réussir que Shunpei prend la direction de la capitale, pour revoir son maître. Hélas, Shimon, proche de la retraite et has been, ne compte plus faire de scénario. Il accepte malgré tout de lire le manuscrit de Shunpei, mais ne pourra pas vraiment l'aider. C'est donc par lui-même, et aussi en comptant un peu sur sa bonne étoilé, que le jeune homme devra petit à petit apprendre le métier et faire ses preuves dans un milieu très sélectif, où des milliers de scénaristes parfois bénévoles peuvent exister tandis que seule une poignée peut vivre de ce travail...

Le récit est, avant tout, assez intéressant pour la petite plongée dans le travail de scénariste qu'il nous propose. Fuse et Ishikawa font passer Shunpei par différentes étapes qui sont autant de moyens d'en découvrir un petit peu plus sur le travail parfois mal connu de scénariste: comment on l'apprend, quelles sont les différences avec l'écriture de roman par exemple, l'importance de savoir se mettre à la place des acteurs et actrices voués à interpréter les textes, comment insuffler une âme à un texte, l'importance de savoir où puiser l'inspiration (dans l'observation de l'entourage, par exemple), les difficultés propres à différents types d'écrits (scénarios pour des séries TV et des feuilletons, pour des mini-séries pour enfants, pour des rubriques de radio avec d'importantes recherches à faire...), les limites dues à la production et à la non-célébrité... On devine ainsi un monde intéressant, par certains égards assez fermé, mais où Shunpei a encore et toujours à coeur de braver les difficultés pour vivre de sa passion, le résultat conservant alors souvent un ton positif voire parfois assez drôle.

Il faut tout de me^me avouer que certains éléments sont un peu vite passés en revue, et que Shunpei a parfois une réelle bonne étoile au-dessus de sa tête en passant un peu facilement certaines étapes. Mais ce héros est aussi un jeune homme qui sait suivre ses convictions, quitte à abandonner un job à la télé bien payé pour s'adonner plutôt à une rubrique radio moins rentable mais sans doute plus humaine. Qui plus est, il y a autour du jeune homme une petite palette de personnages assez bien campés, à commencer par Hotaru Takai, une fille dotée d'un sacré petit caractère et qui, à partir de leur rencontre en atelier d'écriture, ne le lâchera plus. Les interactions entre personnages sont souvent réussies et bien vivantes, en particulier celles de Shunpei avec cette demoiselle avec qui il bâtira peut-être bien plus qu'une simple amitié.

Reste alors la fin, un peu rapide certes, mais donnant tout son sens au titre et restant très positive, sans être réellement frustrante. Servi dans l'habituel style graphique un peu old school, expressif et très humain d'Ishikawa, L'avenir nous appartient! est autant une intéressante petite immersion dans le travail de scénariste qu'un beau récit humain et coloré centré notamment sur la capacité à réaliser ses rêves.

Au niveau de l'édition, c'est du Black Box tout craché: grand format sans jaquette et avec rabats, papier bien blanc, souple et sans transparence, impression très honnête... La traduction d'Alexandre Goy et Corentin le Corre est très claire et ponctuée de notes souvent pertinentes, on y signalera juste une confusion de noms p192. On a également droit à deux pages couleur au début. Enfin, la couverture se veut proche de la japonaise en en reprenant la même illustration.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs