Auberge des saisons perdues (L') Vol.3 : Critiques

Usemono Yado

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 14 Novembre 2025

"J'y pense encore aujourd'hui… Si, ce jour-là, je ne t'avais pas rencontrée… tu serais encore en vie."

En plus des hôtes que la patronne tâche d'aider à sa manière pour qu'ils puissent rejoindre l'Au-Delà l'esprit serein, les employés de l'auberge, les uns après les autres, quittent à leur tour les lieux pour rejoindre le monde des morts, en laissant la petite fille de plus en plus seule, prenant alors sur elle. Bientôt, parmi ses proches, ne restent plus que le concierge, qui semble là depuis toujours, et Matsûra qui, inlassablement, continue de venir aux portes de l'établissement pour la voir, quand bien même il se fait toujours rejeter. Alors que les saisons continuent de défiler, la question se pose toujours: quel lien peut donc avoir le mystérieux jeune homme avec celle dont on sait désormais qu'elle s'appelle Saki ? Et jusqu'à quand cette situation perdurera-t-elle ?

L'heure est enfin venue de le savoir au fil de ce troisième et dernier volume sur lequel nous allons éviter d'en dire beaucoup plus, tant cela reviendrait à spoiler rapidement l'essence-même de cette dernière ligne droite où toutes les révélations nécessaires se font: le lien qu'avaient Saki et Matsûra de leur vivant, le contexte dans lequel notre héroïne est morte, ses premiers pas à l'auberge, ce qui l'a poussée à vouloir oublier tous ses souvenirs, l'état actuel de Matsûra expliquant également pourquoi il peut voguer ainsi jusqu'aux portes de l'auberge alors qu'il n'est pas décédé, ce que celui-ci a décidé d'endurer inlassablement pour revoir Saki...

Si, dans le fond, cette intrigue n'est pas spécialement originale, c'est bien la manière dont Hozumi la conte et la dessine qui nous emporte et nous émeut jusqu'au bout. En plus d'avoir bien pensé toutes les grandes lignes, toutes les réponses aux mystères (y compris le rôle du concierge, qui naturellement sait tant de choses), la mangaka met jusqu'au bout en images les choses avec une sensibilité bien dosée, en évitant le pathos et les rallonges afin de toucher directement là où il faut, et dans une atmosphère douce-amère bien servie par son dessin impeccable. Surtout, elle cristallise aussi vite que bien ce qu'a pu être la vie commune de ces deux-là, une vie faite d'injustices, dès leur naissance, pour ces deux âmes meurtries qui ont pu tant s'apporter l'une à l'autre. Suivre leur parcours commun, tout en connaissant d'emblée l'inéluctable fin tragique, a naturellement quelque chose d'émouvant, et la force poignante de leur relation se ressent pleinement dans les choix compliqués, douloureux, cruels qu'ils ont fait, elle en décidant de perdre la mémoire, et lui en s'entêtant à venir aux portes de l'auberge.

C'est, alors, une dernière ligne droite poignante, riche en émotions humaines, et fort bien menée que Hozumi nous offre. La mangaka a su exploiter un sujet qui n'a rien de nouveau pour offrir un récit subtilement mené et abouti, qui ne devrait pas laisser grand monde indifférent.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction