Attaque Des Titans (l') Vol.34 - Actualité manga
Attaque Des Titans (l') Vol.34 - Manga

Attaque Des Titans (l') Vol.34 : Critiques

Shingeki no Kyojin

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Octobre 2021

Le grand terrassement étant en cours, la fine équipe constituée par quelques eldiens de Paradis et de Mahr lancent l'assaut sur la grande carcasse du titan d'Eren, source du pouvoir de l'originel. Mais bien rapidement, l'attaque vire au chaos : Eren invoque les titans primordiaux qui prennent en grippe nos héros, et Armin se fait attraper par l'un d'eux. Dans ce contexte, la victoire semble impossible...

Il ne serait pas galvaudé de dire que L'Attaque des Titans est une œuvre qui a énormément impacté la décennie 2010. Lancé au Japon en 2009, c'est en 2013 que le manga de Hajime Isayama débarque chez nous, en grandes pompes, en quasi simultanée avec la première saison de son adaptation animée. Le phénomène est retentissant, colossal diront les plus blagueurs, et se perpétue même aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir les chiffres de vente forts (l'écoulement du tome 1 ayant été multiplié par 12 depuis l'arrivée de la série animée sur Netflix, selon Cnews), les attentes liées à l'anime qui virent au véritable conflit entre fans sur les réseaux sociaux, et les fameuses éditions collector françaises du manga qui nourrissent bien des convoitises. Rien d'artificiel et de créé à grand renfort de comm' dantesque sur les façades des bâtiments parisiens, l'œuvre a séduit par elle-même, et son adaptation a su fédérer.

Alors, ce dernier tome étant énormément attendu par les lecteurs. Un dernier opus dont beaucoup connaissaient déjà l'issue grâce à la publication numérique en simultanée avec le Japon, si bien que les débats quant à cette conclusion se sont fait retentissants ces derniers mois. Néanmoins, l'auteur a apporté de légères retouches à son chapitre final, avec quelques pages supplémentaires, aussi c'est par ce volume physique que la fin de L'Attaque des Titans doit être appréciée et jugée.

L'assaut contre Eren, antagoniste de la partie finale du manga, suit son cours dans un chaos total. A ce titre, Isayama n'hésite pas à partir dans une certaine surenchère en rendant les pouvoir de l'ancien héros presque sans limite : Invocation de titans, matérialisation des primordiaux... Rapidement, la situation est sans espoir, et l'artiste gère efficacement cette ambiance de désillusion, aussi bien du point de vue des protagonistes que de celui des civils, condamnés à observer le grand terrassement venir vers eux, et à voir ces héros échouer dans de grands actes de bravoure.

Et ce sont les actes héroïques couplés à un retour à la dimension métaphysique de la série qui permettent de dénouer les enjeux, amenant peu à peu à la fin de la bataille, et par conséquent à la fin de l'histoire. Les ambitions de l'auteur sont fortes, à tel point qu'on pourrait penser à un manque de temps pour cristalliser toutes ces idées. Car dès lors qu'Armin accède au fameux « chemin », les idées morales du mangaka conduise assez rapidement à la résolution du climax, sans pour autant proposer quelques pirouettes qui plongeront une ultime fois les personnages en enfer. Le lecteur sera alors en droit de se questionner sur toutes les idées présentes dans cette fin de bataille, en les juxtaposant aux thématiques fortes du dernier arc de la série. On ne voyait pas forcément venir certaines optiques, au point qu'on se questionne sur leur légitimité dans l'ensemble du manga. Il faudra peut-être une nouvelle lecture globale et plus distante de l'ensemble de l'œuvre pour saisir les cohérence thématique de cette conclusion, qui a le mérite de proposer un bouclage réel.

Car après une aventure sombre, teintée de drames humains et de sacrifice, le moment est venu d'apprécier le fin mot que Hajime Isayama a à proposer. Lui qui avait promis un achèvement à la « The Mist » de Stephen King, on ne peut que voir sa prise de réflexion tant les dernières pages sont plutôt de l'ordre du doux amer. Une fin qui récompense le lecteur et son attachement aux personnages, preuve que l'auteur accorde une grande importance au voyage, mais dont les dernières pages traduisent énormément d'intention sur le sens des actions des personnages dans le dernier arc de la série. Malgré quelques dialogues maladroits dans le dernier chapitre (Eren, un sacré « brave type »), l'issue présentée défini un sens claire pour la fin, loin d'être un happy end, et rejoignant finalement l'idée du cycle éternel de la haine et de la guerre. C'est assez fort, même si l'exécution de l'ensemble ne s'est pas avéré du goût de tous.

Que l'on apprécie ou non le final proposé, refermer cet ultime tome est un événement de lecteur fort émotionnellement. Hajime Isayama nous aura offert une œuvre qui aura accompagné beaucoup d'entre nous durant plus de sept années, un manga artistiquement subjuguant, scénaristiquement solide et riche dans ses propos. Pour beaucoup, le traitement de la fin auront un impact sur leur ressenti de lecteur, tandis que d'autres auront un regard mélancolique sur l'aventure vécue. L'Attaque des Titans, même sur sa fin, ne laissera pas indifférent, que ce soit en bien ou en mal. Le titre nourrira des débats pendant un moment encore, très certainement, tandis que la diffusion de la partie finale de l'anime approche à grands pas et que l'éditeur japonais Kôdansha s'est récemment exprimé quant à de « nouveaux projets ». Du côté de Hajime Isayama, ce dernier a dû observer les réactions des lecteurs sur sa conclusion, en admettant au passage ses maladresses et en essayant de nuancer sa vision via quelques pages bonus drôles et légères, mais traduisant son ressenti en tant qu'auteur et spectateur de sa propre œuvre. Pour une première œuvre, l'auteur aura fait fort et nous aura montré un talent indéniable. Merci pour cette grande aventure.

Enfin, concluons par un petit mot sur l'édition limitée de ce tome trente-quatre. Pika a pu récupérer l'un des suppléments des éditions augmentées des tomes japonais avec le mini-ouvrage « Beginning », compilant les storyboards des deux premiers chapitres tels qu'Isayama les proposa à son éditeur, avant la parution du manga. Après validation, il retoucha ses deux premiers épisodes, aussi il est appréciable de voir une forme inédite de ces « pilotes », que l'éditeur a choisi de traduire via des notes de dessous de pages, pour ne pas dénaturer l'aspect graphique de ces planches. Un supplément sensé pour le dernier tome, et qui s'accompagne de deux cartes illustrées (reprenant les visuels de couverture des tomes et 4 et 23 qui se font écho) et d'un petit ex-libris sur lequel l'auteur remercie, en dessin, ses lecteurs pour leur fidélité. On saluera aussi les fortes quantités tirées par Pika pour couper l'herbe sous le pied des spéculateurs sans morale, tandis que beaucoup de libraires jouent le jeu en ne laissant pas des éditions libres d'accès, et en les donnant sur demande. Un exemple qui, on espère, sera reproduit sur les prochaines éditions limitées d'œuvres fortes.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs