Après la pluie Vol.2 - Actualité manga
Après la pluie Vol.2 - Manga

Après la pluie Vol.2 : Critiques

Koi ha ameagari no youni

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Août 2017

Critique 2
Akira Tachibana, jolie lycéenne de 18 ans un peu décalée, est, pour des raisons profondes découvertes précédemment, secrètement amoureuse de Masami Kondô, quarantenaire banal, gérant un petit resto divorcé, père d'un fils en garde partagée. Enfin, de secret, il n'y a plus, puisqu’à la fin du premier volume l'adolescente a lâché la bombe à l'élu de son coeur... qui a un mal fou à y croire. Cette jeune fille travaillant pour lui se moque-telle de lui ? A-t-elle décidé de taquiner le vieux ringard qu'il est ? C'est, forcément, ce qu'il se dit. Mais il aura bien l'occasion de constater que la demoiselle, dans ses avances, est on ne peut plus sérieuse...
"Ce n'est plus une gamine, et ce n'est pas encore une femme..."
Le risque avec un tel sujet était de tomber dans quelque chose d'assez graveleux, mais Jun Mayuzuki brille encore en évitant totalement cela, abordant sa thématique avec beaucoup de subtilité et de crédibilité. Du haut de ses 45 ans et de sa vie sentimentale inexistante puisqu'il est divorcé, Kondô aurait pu se réjouir de pouvoir attirer dans ses filets une jolie fille de 18 ans, mais ce qu'Akira lui a soudainement balancé lui fait surtout poser des questions. Pourquoi lui, qui a quasiment 30 ans de plus ? Qu'est-ce qu'il a de spécial pour pouvoir l'attirer ainsi ? Est-ce une blague ? A-t-il seulement le droit à une "deuxième chance" ? L'homme ne prend pas du tout ça à la légère, rassure dans la forme de bienveillance qu'il montre en ne sautant pas sur cette fleur fraîche qu'est Akira, amuse dans certaines de ses manières de s'interroger (comme quand il se pose des questions tout en observant en magasin un DVD coquin spécial lycéennes), intrigue quand il cite Ryûnosuke Akutagawa...Et en face de lui, Akira reste tout aussi savoureuse pour les mêmes raisons. Tantôt elle amuse pour certains comportement et moments quasi muets un peu décalé, tantôt elle séduit dans sa façon d'être et dans son côté sincère sans en faire trop... Difficile de rester insensible face à elle.Et pourtant, c'est bien une sorte de jeu du chat et de la souris qui s'opère dans ce volume, où Kondô prend bien soin d'éviter l'épineux sujet face à Akira en fuyant un peu ses tentatives d'approche. Ce n'est jamais lourd, c'est toujours bien tourné, et ça laisse encore deviner petit à petit de nouvelles choses sur ces deux héros loin des clichés, notamment dans les toutes dernières pages concernant Kondô.
Mais ces deux-là sont loin d'être les seules vedettes du volume, car autour d'eux gravitent d'autres figures, à savoir les trois autres membres du personnel du restaurant, auxquels Mayuzuki commence à apporter un peu plus de richesse. Avec sa bonne bouille plutôt joviale, Yui régale dans ses quelques scènes, étant essentiellement à l'origine d'un rigolo petit problème de coiffure. Mais ce sont bien les deux membres masculins qui attirent le plus l'attention, car telle une muse, Akira attire bien des regards. Ceux de Yoshizawa bien sûr, dont on connaît déjà les sentiments et dont le caractère amuse encore. Mais aussi ceux de Kase, sorte de beau gosse nonchalant et coureur de jupons dont l'intérêt pour Akira semble pour l'instant moins noble. Mais cela paraît surtout souligner à nouveau le fait que la jeune fille n'a d'yeux que pour son quarantenaire, comme pourrait le souligner les passages au cinéma : elle a beau voir deux fois le même film avec Kase puis avec Kondô, elle a bien le sentiment d'avoir vu deux réalisations différentes, tant elle n'était pas dans le même état d'esprit selon le cas...
La patte de Mayuzuki reste séduisante à chaque instant. L'auteur a un don pour sublimer sans forcer le trait son héroïne qui ne manque clairement pas de charme, entre ses regards portés par des yeux puissants et sa façon de balader de façon décalée ou posée son minois et sa silhouette grande et fine. Certaines planches, à l'image de celle où on la voit de profil fixant l'horizon, ont de quoi fasciner et perturber, notre Kondô en fera les frais. La mise en scène et le découpage sont toujours aussi travaillés en employant les mêmes choses que sur le tome 1, et l'on appréciera le soin accordé à chacun des deux personnages principaux, aucun d'eux n'étant négligé (par exemple, Kondô a droit à tout un travail sur ses pensées et interrogations dans les premiers chapitres). Mayuzuki alterne sa narration, passant de l'un à l'autre quand il le faut.
La fraîcheur, la malice et la subtilité avec lesquelles Mayuzuki développe son sujet font mouche, d'autant que des notes d'humour sont plus récurrentes. Après la pluie, confirme qu'il est un excellent moment de lecture. L'édition reste agréable, servie par une traduction appliquée, et malgré un prix de 7,45€ pas forcément en accord avec la finesse des volumes qui n'atteignent pas les 160 pages. Une nouvelle fois on constate le changement de jaquette par rapport à l'édition japonaise, un choix qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui a du sens : là où les jaquettes nippones affichent constamment Akira en gros plan, Kana a fait le choix judicieux d'offrir des illustrations présentant la jeune fille ET Kondô, car après tout tous deux ont autant d'importance l'un que l'autre dans la série. Et alors qu'il y aurait pu y avoir la frustration de perdre les illustrations japonaises du joli minois d'Akira, ce n'est pas le cas puisqu'elles se retrouvent en quatrième de couverture.

Critique 1

Le précédent et premier ouvrage de la série se clôturait sur la fameuse annonce : la jeune Tachibana confessant ses sentiments à son patron Kondo. Une déclaration pour le moins assez invraisemblable dans les oreilles de ce père quarantenaire, célibataire et routinier. L’homme maladroit au quotidien tranquille ne sait plus trop ce qui vient de lui tomber sur le coin de la tête : s’est-elle moqué de moi ? Ai-je rêvé ? Quoi donc pareille fille trouverait-elle chez l’homme de peu d’intérêt que je puisse-être ?

Le tome tout entier opère d’un jeu de chat et de la souris : Kondo, tentant de fuir les abordages de la demoiselle ; Tachibana s’efforçant d’approcher l’évadé tant qu’il lui en sera possible. La prestation se veut toujours servie d’estampes particulièrement belles et évocatrices : la silhouette de Tachibana à la contemplation d’un vaste paysage. L’auteur à le don de mettre en valeur son protagoniste principal féminin, dans le plus bel apparat et sans jamais sombrer dans la moindre vulgarité : la page du chapitre douze et son cortège de fleur enlacé.

Aux ingrédients qui auront fait la solidité du premier volume, il est ici assisté à l’injection d’une certaine dose de comédie. Comme dans nombre de shojos, la narration et les rebondissements bénéficient d’un relief nourrit de quiproquos et de situations potaches assez variées. Chacun appréciera la nécessité de ces touches humoristiques, lesquelles demeureront néanmoins mesurées et agréablement réparties, sans être extraordinaires. Cela cancane dans les recoins du restaurant, les bruits commencent à courir, quelques uns pourraient bien apprendre les sentiments de la jeune fille et souhaiter en tirer un avantage mesquin.

D’une certaine manière, Mister Kondo sera moindrement présent que dans le précédent volume. Et pour cause, l’auteur s’affaire davantage sur ses personnages secondaires : les collègues de travail de la lycéenne Tachibana. Un collègue au féminin, dans le cadre d’un suspense capillaire frôlant la catastrophe mais, et surtout, des collègues au masculin : deux garçons qui, dans des registres différents, n’ont d’yeux que pour la serveuse aux allures de déesse déchue : un blondinet de l’âge de la belle, rêveur et aveuglé par ses sentiments, et un jeune clopeur suffisant sans grand intérêt, personnage récurrent du monde shojo. Ce dernier étant loin d’être un rival quelconque pour une structure mentale équilibrée, même pour Kondo le laissé-allé.

A noter que la couverture française est toujours moins empreinte de joliesse que la nippone ; quel dommage que ce choix esthétiquement incompréhensible : cela semblerait presque à la mode ces temps-ci.

L’auteur approfondit les sentiments de la muse Tachibana tout en renouvelant son récit par la mise en valeur de ses protagonistes secondaires. La beauté des planches, le peps de la mise en scène et les maux du cœur s’accompagnent désormais de quelques notes d’humour. L’ultime séquence laisse entrevoir un secret pour le moins saisissant et bien gardé de Sieur Kondo. Un très bon deuxième pavé.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs