Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 17 Septembre 2024
Chronique 2 :
Le match le plus décisif de la saison a commencé, et après un début de rencontre très compliqué contre le leader Aomori qui domine totalement, l'Esperion reprend des couleurs grâce à la stratégie folle d'Akiyama, qui sort de ses cages pour apporter un surplus offensif. Mais à l'autre bout du terrain, Makimura, avide de revanche face à son ancienne équipe qui l'a rejeté, sport un arrêt de très grande classe et montre à quel point il a progressé depuis deux ans. Ce duel à distance entre les deux gardiens, que l'on est heureux devoir mis en avant, est toutefois l'élément déclencheur d'une situation qui devient complexe: les deux équipes se renvoient désormais coup sur coup à vitesse grand V, dans une intensité de chaque instant où, bientôt,il n'est plus question de rester bien organisés. Les postes se mélangent, plus personne n'est vraiment où il faut mais tout le monde s'implique à fond, cependant le match devient un bourbier où il faut parvenir à suivre le rythme à chaque instant... Dans ces conditions éreintantes, d'où viendra la solution ?
On pourrait presque résumer un aspect de cette suite de match à cette interrogation:y a-t-il,sur le terrain,un joueur capable à lui seul de se présenter comme le sauveur de son équipe ? Serait-ce Ashito pour l'Esperion ou Ren Kitano pour Aomori, dans la mesure où la vision de jeu de ces deux-là peut précisément devenir le plus grand atout dans une situation pareille ? On ne va évidemment pas répondre si facilement à cette question, car Yûgo Kobayashi, dans son souci de réalisme et de sens du rebondissement, a le bon goût de ne pas livrer de réponse définitive sur la présence d'un éventuel joueur providentiel. Même si pas mal d'actions hors-du-commun, notamment de la part du monstre Kitano, nous font vivre des moments de grande intensité, il reste que le football est un sport collectif, et qu'à ce titre nombre de joueurs auront ici leurs moments forts: Ôtomo en éternel ciment motivant les troupes, Akutsu en capitaine qui prend ses responsabilités en se livrant totalement, les gardiens fidèles à leurs qualités, les attaquants hargneux d'Aomori, Tachibana qui tâche de surpasser ce qu'il croit être ses limites, ou même le "vétéran" Baba, figure présente depuis les débuts de la série et ayant enfin droit à son intéressant petit développement. Notre héros Ashito, lui, se retrouve face à un défi de taille qui va l'obliger à se frotter à l'un de ses "traumatismes"incarné à la fois par Trepone et Kitano. Enfin, c'est aussi en très grande partie sur le bord du terrain que se jouent les choses, à travers les stratégies mises au point par les deux coachs, et en particulier la tactique très précise que Fukuda semble avoir mise au point en devant tirer soigneusement parti des qualités propres à ses différents joueurs.
Alors que l'on arrive à la mi-temps du match à l'issue des dernières pages, celui-ci reste particulièrement intense, imprévisible et grisant, tant le mangaka propose du football profond, à la fois fluide et technique dans son rendu visuel, très stimulant dans sa construction narrative (mention spéciale aux petits "flashbacks" sur la tactique de Fukuda, toujours bien placés), et pertinent dans l'abord et la mise en avant de plusieurs joueurs. Une seule hâte une fois le volume refermé: découvrir la suite !
Chronique 1 :
La rencontre qui oppose l'Esperion à Aomori Seiran tient toutes ses promesses. La lutte entre les deux équipes est acharnée, et la solidité et la rancœur de Makimura envers son ancien groupe donnent de la force à Aomori. Dans ce contexte, les équipes sont complètement déstructurées. Pourtant, le coach Fukuda semble avoir un plan qui consiste d'abord à tenir tête à l'adversaire en entretenant le nul jusqu'à la mi-temps...
Étant donné les derniers tomes d'Ao Ashi, particulièrement tumultueux pour Ashito comme pour l'Esperion, la rencontre face à Aomori Seiran a une saveur particulière, en plus d'être le match qui boucle le tournoi de la Premier League. Par le déroulé, Yûgo Kobayashi donnera du sens à tout ce qui a été abordé précédemment, rendant de facto nos attentes particulièrement fortes. Avec ce 24e tome, ce n'est que la première mi-temps qui est bouclée, ce qui passe par un opus exaltant à chacun de ses moments.
Après le très bon focus sur Makimura, ancien gardien de l'Esperion éjecté pour sa taille et qui a su gagner sa revanche en devenant l'un des atouts d'Aomori, c'est sur d'autres joueurs que cette suite se penche, à travers une première partie de match toujours aussi désorganisée. Véritable joute de tactiques, les premiers temps ont mené à un terrain assez confus, poussant Fukuda et ses poulains à réagir sur le vif. C'est là toute la complexité des moments développés par ce volume qui multiplie les idées de développement pour mener à terme la première mi-temps.
Dans un match particulièrement nerveux et intense, ceci grâce à (ou à cause de, c'est selon) la présence du redoutable Ren Kitano, l'auteur a la bonne idée d'exploiter Baba et Tachibana, deux joueurs trop restés dans l'ombre, et deux membres de l'Esperion dont les moments de gloires signes aussi des instants assez exaltants du match. On ne le répètera jamais assez, mais Yûgo Kobayashi sait traiter ses protagonistes. C'est ce que l'on ressent tout particulièrement concernant Baba, une forte tête très nuancée et dont le rôle est rendu marquant via des actions qui, pourtant, peuvent sembler anodines.
Par les difficultés à entretenir la confrontation contre Aomori et ces différents focus, couplé à un véritable yoyo émotionnel tant l'espoir et la peur traversent à tour de rôle Ashito, l'Esperion nous offre assurément un début de match qui nous tient en haleine, et par conséquent un tome vingt-quatre qui nous fait jubiler à chaque chapitre. Concernant le héros, sa psychologie liée aux récents matchs reste superbement entretenue, et le potentiel sursaut qui pourrait opérer par la suite plante des attentes plus que redoutables. Il faudra donc attendre deux petits mois avant de découvrir la suite du match contre Aomori Seiran... une véritable torture !