Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 21 Août 2024
Chronique 2 :
Le match contre Funabashi tourne au vinaigre lors de la seconde mi-temps et prend un tournant dramatique pour l'Esperion suite à une main d'Ashito, qui lui vaut l'exclusion du terrain. Le moral des troupes est au plus bas quand Kuribayashi parvient à redynamiser le groupe jusqu'à la fin du match. Néanmoins, la confrontation avec l'équipe du redoutable Trepone laissera des traces dans le parcours de cette génération de l'Esperion...
L'exceptionnel tome précédent se concluait sur un retournement de situation aussi improbable que grave à l'égard du cadre sportif et compétitif de la série. Le match devait être pour Ashito l'occasion de briller, une ambition dans laquelle le lecteur le suivait avec entrain, mais la chute fut violente. Avec ce vingtième tome, elle nous rattrape nous aussi ainsi que la quasi-entièreté des personnages du côté de l'Esperion.
Alors, les deux premiers tiers achèvent cet arc avec une symbolique forte, celle des regrets. Durant toute cette part du volume, les personnages doutent, s'excusent et tirent des leçons de leur match face à Funabashi. Dans un premier temps, on s'étonne que le coup de sifflet final ait lieu aussi rapidement dans le volume. Mais pour Yûgo Kobayashi, ce sont bien les conséquences de la rencontre qui doivent façonner la conclusion de cet acte, une transition sur laquelle le mangaka s'étend avec beaucoup d'émotion et en poussant encore plus loin certains personnages dans leurs développements. Des protagonistes qui ont des remords sont tiraillés entre tristesse et colère, et marqués par le départ inéluctable de Taira qui donne un sens à tous ces événements. Perdus dans leurs ambitions idéales, les joueurs de l'Esperion doivent maintenant apprendre à se relever en embrassant une forme nouvelle. En un sens, l'auteur donne l'impression d'une fin de cycle, d'un stop aux idéaux trop naïfs pour porter les personnages vers davantage de concret tout en ayant la tête sur les épaules. L'ambiance douce-amère de cette conclusion vers un nouveau départ est donc puissante et plante la hâte de découvrir le collectif sous un jour nouveau... même si cela doit signifier un petit retour sur leurs pas pour quelques personnages.
Cette fin d'arc est d'autant plus forte qu'une petite ellipse la sépare du chapitre suivant. Yûgo Kobayashi entre assez directement dans le vif du sujet en évoquant une nouvelle équipe solide en guise d'adversaire : Aomori Seiran. Un groupe particulier, aux airs de loups solitaires et à part du reste du monde adolescent footballistique, porté par un coach au charisme indéniable, qui nous est présenté par le retard de Kaneko, la jeune journaliste sportive. Pour introduire cette équipe, Yûgo Kobayashi insiste sur son état d'esprit, assez différent des autres opposants rencontrés jusqu'à présent, ce qui promet une future rencontre détonante. Couplée à toute la grande transition du début de l'opus, cette fin de tome augure du très bon pour la suite, et suscite une certaine hâte. Ne serait-ce pour découvrir les rôles et les ampleurs qu'occuperont Ashita et ses camarades de première année par la suite, maintenant que les cartes sont redistribuées !
Chronique 1 :
Au fil d'un match très intense et où tout semblait encore possible, Ashito espérait cerner enfin ce qui lui manque, mais un mauvais geste en a décidé autrement: sous la pression, il a écopé d'une expulsion, contraignant l'Esperion à finir la rencontre en infériorité numérique alors qu'elle est déjà menée au score, et en scellant définitivement le sort de Taira qui ne pourra pas entrer sur le terrain pour vivre son dernier match avec ses coéquipiers. Sous les yeux de sa mère et d'une Hana dont la langue se délie avec émotion, l'adolescent regagne le banc la tête basse, désespéré, en ayant le sentiment d'avoir tout fait foiré... Et pourtant, à l'heure où les joueurs de l'Esperion semblent proches de la déprime, une figure se détache: Kuribayashi apparaît encore plus motivé qu'avant, alors saura-t-il galvaniser les troupes pour obtenir au moins autre chose qu'une défaite ?
Assurément le match le plus fort et intense depuis le début de la série,la rencontre contre Funabashi prenait un virage dramatique et émotionnellement puissant à la fin de l'incroyable volume 19, via l'inévitable carton rouge d'Ashito et ce qu'il impliquait d'emblée, notamment vis-à-vis de Taira. Dans ce 20e opus, ce match au sommet s'achève désormais assez vite, en soulignant principalement le rôle à-part de Kuribayashi, de Trepone et même d'Akutsu, tant ces trois-là, comme il est dit dans le récit, semblent évoluer dans une autre dimension. Et à l'arrivée, même si le résultat de la rencontre est évidemment important, ce sont surtout ses différentes conséquences qui sont fort bien cristallisées dans les dizaines de pages suivantes.
Ainsi les cas de Taira, de Kuribayashi et d'Akutsu sont-ils tous soigneusement évoqués, avec une pointe d'émotion réaliste dans le cas de Taira, et avec la confirmation de perspectives d'avenir assez folles, chacun à son échelle, pour Kuribayashi et pour Akutsu. En dehors des joueurs, on appréciera aussi les observation faites par Noriko, et ce qu'elle affirme à Fukuda pour l'avenir de son fils. Mais bien sûr, parmi les conséquences-chocs de cette rencontre, c'est majoritairement le cas d'Ashito qui interpelle: une fois la douche froide passée, et au-delà du sentiment de culpabilité qui le plombe un peu, il lui faut repartir de l'avant, prendre conscience de ses erreurs, moins penser à lui seul, se laisser enguirlander puisque c'est nécessaire... Et au bout du compte, si on le sent apte à continuer de changer et d'évoluer, c'est en particulier via ses brèves retrouvailles avec Hana, les excuses qu'il lui fait, et surtout ce qu'il ose demander à Akutsu en personne.
Une nouvelle fois, Yûgo Kobayashi fait donc du très bon travail dans l'abord de ce sport et, surtout, de ses personnages. Il y a de quoi nous stimuler toujours autant en vue de la dernière ligne droite du championnat, avec ce qu'il faut de changements dans l'équipe et, surtout, le développement d'un adversaire qui s'annonce redoutable dans la cours eau titre: Aomori Seiran, l'actuel deuxième, que l'Esperion devra affronter lors de la dernière journée. A priori, nous sommes encore assez loin de cette future rencontre capitale, mais l'auteur s'évertue déjà à en faire un enjeu de choix, en commençant à approfondir comme il se doit cette équipe, son entraîneur à-part, ses joueurs de premier plan dont un véritable prodige de première année, ses conditions d'entraînement rudes...la bonne idée tant de nous montrer tout ça à travers une interview de la pétillante journaliste Kaneko, ce qui permet aussi d'évoquer la part de rivalité entre le football lycéen et les U18.