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Ames perdues (les) : Critiques

Shônen to Kamikakushi

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Février 2020

Avec les titres Tamayura, Goodbye Lilac et Konshoku Melancholic, Ringo Yuki est une mangaka qui, par le passé, a toujours sur nous conquérir, que ce soit par les originalités de ses récits, par sa maîtrise narrative ou par l'atmosphère véhiculée par ses dessins aux petits oignons. C'est donc avec joie qu'on la retrouve en ce début d'année dans la collection Hana des éditions Boy's Love avec sa toute dernière oeuvre en date !

Première oeuvre de l'autrice à avoir vu le jour dans le magazine Canna des éditions Printemps (le magazine de Hidamari ga kikoeru, Je pense à toi, MADK...), Les Âmes Perdues (Shônen to Kamikakushi en vo) a vu ses 6 chapitres paraître au Japon en 2018-2019, avant que ceux-ci ne soient regroupés en mars 2019 en un seul épais volume d'environ 290 pages, qui plus est ponctué d'un petit chapitre bonus. A à l'instar d'un Tamayura, le récit nous plonge à une époque passée du Japon.

Nous voici donc plongés dans la campagne japonaise des années 1950, aux côtés de Shuîchirô, un jeune homme ayant toujours possédé un don étonnant: celui de pouvoir percevoir les êtres surnaturels, tels que les esprits et les auras, que tout ceci soit bienveillant ou malveillant. Ayant grandi dans son village en étant le seul à posséder cette capacité, il s'est toujours senti un peu esseulé, mis à l'écart, y compris auprès de ses proches... tout du moins, jusqu'à ce qu'un étrange ermite, se faisant appeler Ten, l'invite à séjourner chez lui en affirmant comprendre la détresse qui est au plus profond de lui. Le jeune homme accepte, et découvre en Ten quelqu'un de bénéfique pour lui, d'attentif, lui montrant comment chasser les démons autour de lui, et lui permettant alors petit à petit de prendre un nouveau départ. Et pourtant, aux alentours, absolument personne ne sait qui est cet étrange ermite, d'où il vient, pourquoi il porte un masque...

En prenant pour base ce cadre campagnard nippon d'il y a 70 ans, Ringo Yuki régale par sa retranscription calme et assez posée de l'époque bien sûr, mais à partir de là elle parvient surtout à développer un beau récit où, tout en jouant sur certains éléments folkloriques/traditionnels avec le fantastique qu'il faut, on finit petit à petit non seulement par découvrir qui est en réalité Ten, mais aussi par bien cerner les évolutions intérieures de Shûichirô, que ce soit vis-à-vis de cet "ermite", de son entourage et de son pouvoir. Sans forcément surprendre par certains aspects (on devine très vite, dans les grandes lignes, la vérité concernant Ten), la mangaka s'applique dans ce qu'elle raconte, toujours en entretenant à merveille son parfum de surnaturel, de mystère et même de poésie.

Il faut dire que pour ça, l'autrice, en plus d'une narration fluide et bien construite, peut compter une nouvelle fois sur son travail visuel. Designs de personnages doux, vêtements d'époque soignés, décors de campagne bien présents et souvent immersif voire captivants entre les maisons traditionnelles, la forêt et les saisons qui défilent... C'est beau, et il y a un réel travail d'ambiance que le rythme assez tranquille, le découpage souvent sobre et les angles de vue maîtrisés entretiennent très bien.

On se laisse donc porter avec beaucoup de plaisir d'un bout à l'autre de ce gros one-shot à l'atmosphère saisissante, nouvelle preuve du talent de cette mangaka. Côté édition, le papier et la reliure souple font que l'on prend facilement en mains cet épais volume. L'impression est très honnête, la traduction de Delphine Desusclade est claire, et la première page en couleur est très sympathique.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction