Âme du dragon (L') Vol.1 - Actualité manga

Âme du dragon (L') Vol.1 : Critiques

Ryuu Okuri no Isagi

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 06 Mai 2025

Deux ans et demi après la fin de sa jolie première série Le Conte des Parias (qui, depuis, a connu en 2023 une adaptation animée diffusée en France sur Crunchyroll), le mangaka Makoto Hoshino fait son retour aux éditions Doki-Doki en ce début de mois de mai avec sa deuxième et dernière oeuvre en date: L'Âme du Dragon 1, qu'il poursuit au Japon depuis septembre 2023 sous le titre "Ryû Okuri no Isagi" pour le compte du site Sunday Web Every (ou Sunday Webry) des éditions Shôgakukan.

Cette nouvelle histoire nous immisce dans un pays fictif imprégné de bouddhisme et de Japon féodal et régi par les dragons. De l'autre côté de l'océan se trouve l'île de Ryôgoku, une terre d'exil et un lieu d'exécutions ne voyant jamais passer dans les cieux les fameux dragons. Et sur cette île vit Isagi Kushinada, un jeune garçon qui n'a jamais rien vu d'autre que ce petit bout de terre et qui y occupe sans faillir un rôle sinistre: celui de bourreau, chargé de décapiter avec son katana les prisonniers condamnés à mort. Très sollicité par les prisonniers car il est le plus talentueux et exécute sa tâche sans faire souffrir les condamnés, si bien qu'il est surnommé le "coupeur divin", ce garçon à l'apparence d'adolescent mène en contrepartie une vie solitaire, du fait du côté morbide de son travail. Pourtant, Isagi est loin de se réjouir de ce job où il ne prend aucun plaisir: c'est comme s'il était né sur cette île pour devenir bourreau, il exécute cette tâche par compassion car les autres bourreaux sont moins doués et font alors souffrir les condamnés, personne n'ose le côtoyer de près car il exerce un "métier maudit"... et comme si ça ne suffisait pas, il possède un mystérieux pouvoir qui attriste encore sa situation: le "satori", qui lui fait entrevoir pendant un instant les souvenirs de ceux qu'il décapite.

Une triste situation, donc, à laquelle Isagi semblait résigné pour toute sa vie jusqu'à il y a encore peu de temps, avant que n'entre dans son quotidien Tatsunami Susa. Général longtemps qualifié de héros national pour ses exploits, le vieil homme a désormais été envoyé en tant que prisonnier sur l'île. Est-ce à cause de conflits politiques, ou y a-t-il autre chose ? Quoi qu'il en soit, Tatsunami est le seule qui ose côtoyer de près Isagi, qui lui parle naturellement, qui s'entraîne même au sabre avec lui, et qui illumine alors un tant soit peut le quotidien du jeune garçon... sans que celui-ci se doute que le général déchu a en tête l'idée de faire quitter l'île à Isagi et de le promettre à un destin encore opaque mais potentiellement grand. Ainsi, une tragédie et une rencontre plus tard, voici le jeune garçon en route pour le continent, les terres des dragons, avec peut-être entre ses mains l'avenir du monde...

Efficace: tel est le mot qui semble le mieux qualifier ce volume de mise en place, où toute la première partie autour d'Isagi et de Tatsunami vient installer les bases du récit (les dragons régissant le pays, le statut de bourreau d'Isagi et son rapport à la mort qui va avec, son étrange pouvoir...), avant que la suite ne lance véritablement le récit dès lors que notre héros et son compagnon arrivent sur le continent, avec déjà tout ce que ça peut impliquer de découvertes parfois amusantes pour le jeune garçon qui n'avait jamais quitté son île, mais aussi de dangers puisque le début de sa quête (sur laquelle on reste volontairement floue afin de ne pas spoiler) est d'ores et déjà parsemée de dangers. Permettant en filigranes de commencer à en apprendre un petit peu plus sur le fonctionnement de ce monde (par exemple, le fait que les dragons manipulent le vent et règnent sur le climat) et sur ce que Tatsunami a véritablement commis, Makoto Hoshino accentue surtout petit à petit une atmosphère de voyage initiatique où, au fil de son périple, Isagi évoluera évidemment dans sa mission et dans son rôle mais peut-être surtout intérieurement, en étant déjà amené à se questionner, lui qui était bourreau, sur la mort, sur la vie et sur lui-même, jusqu'à potentiellement changer sa vision du monde jusque-là triste et réduite à son quotidien sur l'île. Qui plus est, on attend de voir ce que donnera, sur la longueur, son fameux pouvoir du "satori", tant l'exploitation de cette idée pourrait amener une ambiance plus douce-amère et mélancolique et des approfondissements supplémentaire au fil des souvenirs d'autrui qu'isagi pourra être amené à ressentir.

Ajoutons à ça un dessin ainsi qu'un découpage très propres et des premiers designs soignés et assez riches autant côté humains que côté dragons et côté décors (ces derniers semblant souvent issus d'un Japon lointain), et on obtient un tome d'introduction immersif et convaincant, prélude d'une aventure initiatique pleine de bonnes promesses.

Côté édition, enfin, les habituels standards de qualité élevés de Doki-Doki sont là: jaquette fidèle à l'originale japonaise, logo-titre soigneusement élaboré, papier bien épais, assez souple et dans l'ensemble suffisamment opaque, très bonne impression, traduction claire de Pascale Simon, et lettrage très propre de Jean-François Leyssène.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction