Ambassador Magma Vol.1 - Manga

Ambassador Magma Vol.1 : Critiques le Chapitre de Goa

Magma Taishi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Décembre 2021

Même si ses oeuvres les plus emblématiques et célèbres ont désormais toutes déjà été publiées en France, Osamu Tezuka fut un auteur si prolifique que nous sommes très, très loin d'avoir tout découvert de lui dans notre pays, en particulier en ce qui concerne la première moitié de sa longue carrière (1946-1989, rappelons-le) marquée par des shônen et shôjo relativement plus "légers/enfantins". Et ça, Fuji Manga, le nouveau label d'Isan Manga lancé en début d'année en remplaçant le label "Isan Limited" (qui n'aura accueilli que la série Getter Robot), semble l'avoir bien compris ! Alors que les publications d'oeuvres de Tezuka en France se limitaient, depuis quelques années, à certaines rééditions, l'éditeur a effectivement entrepris, ces derniers mois, de faire découvrir dans notre langue certains inédit du maître, et cela a commencé en avril dernier avec la publication du tome 1 d'Ambassador Magma.

Ambassador Magma, de son nom original Magma Taishi, est un shônen que Tezuka publia initialement dans le magazine Shônen Gaho de l'éditeur Shônen Gahosha entre mai 1965 et août 1967, période charnière où la carrière du maître commençait à se tourner petit à petit vers des propos un peu plus matures voire sombres et adultes (entre autres avec le cultissime Dororo qui arrivera précisément en 1967). Ancrée dans la vague de récits de héros/mechas devant protéger le Japon du Mal (on peut même dire que l'oeuvre fut le premier et quasiment seul manga mecha de Tezuka) qui commençaient tout juste à poindre à l'époque, l'oeuvre fut adaptée dès 1966-1967 en une série TV live tokusatsu qui, à l'époque, avait pour rôle de concurrencer une autre série bien connue du genre, un certain Ultraman (originellement diffusé pile à la même période, et où il est aussi question de protéger la Terre de monstres souvent extraterrestres). Bien plus tard, en 1993, une adaptation animée de 13 OVA vit également le jour. Et bien sûr,, au fil des décennies, le manga d'origine connut dans son pays plusieurs éditions (l'initiale en 3 tomes chez Shônen Gahosha, puis chez Akita Shoten et Kôdansha. L'édition française, elle, se compose de deux gros tomes faisant environ 300 pages chacun.

Côté histoire, rien de plus simple. Journaliste de son état, Atsushi Murakami a la surprise, un matin, de constater que lui, son fils Mamoru et son épouse Mol ont été transportés 200 millions d’années dans le passé. L'initiateur de cet impensable événement n'est autre que Goa, un extraterrestre ayant pour projet de conquérir la Terre après avoir conquis des centaines d'autres planètes auparavant, et qui a fait ça dans la but de faire une démonstration de son pouvoir. Après l'avoir ramené dans le présent avec ses proches, Goa exige de Murakami qu’il rapporte son expérience dans son journal, afin d'intimider la planète entière pour qu'elle se rende. Mais les plans de l'extraterrestre ne vont pas se passer comme espéré, dès lors que Murakami rencontre Magma, l'homme-fusée, un robot géant qui l’emmène sous une île volcanique à la rencontre d'Earth, son créateur, protecteur de la Terre qui a créé ce robot géant pour contrer toute tentative d'invasion. Pour combattre Goa, Magma donne à Mamoru un sifflet qui lui permet de l’appeler s’il est en danger, tandis que Earth donne vie à deux autres robots calqués sur le fils et l'épouse d'Atsushi.

Au fil de ce premier tome, Tezuka nous propose simplement de suivre une lutte entre le Bien et le Mal où la famille Murakami ainsi que les robots-fusées tâchent autant que possible de contrecarrer les différents plans d'invasion de Goa. Et si lesdits plans et le déroulement de l'action apparaissent un peu simples voire désuets avec leurs 56 ans d'âge, ils sont très loin d'être inintéressants pour autant. Tout d'abord parce que, en partant d'une idée principale où Goa ambitionne de remplacer peu à peu tous les humains par des pseudo-humains (créatures conçues par ses soins et ressemblant comme deux gouttes d'eau aux humains qu'ils remplacent), le mangaka parvient plus d'une fois à instaurer un climat d'angoisse presque paranoïaque, mais aussi à questionner de temps à autre sur l'identité, pour quelques brefs élans plus sombres et mature qui laissent déjà entrevoir le cap important que prendra la carrière du maître peu de temps après (particulièrement à partir de Dororo, comme déjà dit). Mais aussi parce que, tout simplement, le style de Tezuka à cette vertu de rester intemporel: le trait rond du maître vieillit très bien, tandis que le rythme, la narration et le découpage semblent couler de source tant tout y est fluide et propice à nous embarquer sans difficulté dans l'aventure. On ne s'ennuie jamais, et l'envie de lire la suite et facilement présente.

Reste, alors, la question de l'édition. Le label Fuji Manga prend effectivement le parti de ne pas du tout être accessible à toutes les bourses, ce qui n'est pas forcément choquant puisqu'un manga comme celui-ci, vieux de plus d'un demi-siècle, vise en premier lieu un public de niche, plutôt adulte et sûrement suffisamment connaisseur. Mais malheureusement, proposer des tomes à 30€, ça revient aussi à priver beaucoup de monde d'un possible désir de découverte (craquer par curiosité pour un titre "inconnu" qui coûterait 7-8€ ça se fait, mais à ce prix-là sans doute moins). Concernant le très grand format de 24,5x17,5cm (légèrement plus grand qu'un titre de la collection Graphic de Pika Edition) avec couverture cartonnée rigide cartonnée, se justifie-t-il ? Eh bien, ce sera à chacun d'en juger, mais ce qui est sûr, ce que c'est la galère à ranger, ou même à manipuler. L'objet est toutefois très beau dans l'ensemble, avec sa couverture bénéficiant de dorures et d'une charte graphique claire, son papier bien blanc et assez souple et épais, son excellente impression, son signet marque-page, son lettrage propre, sa traduction limpide signée Pierre Giner, et les textes assez intéressants de Xavier Hébert en début d'ouvrage (une petite biographie de Tezuka et une postface, le tout permettant de contextualiser un peu plus l'oeuvre). On regrettera juste que, pour un ouvrage vendu 30€, plusieurs petites coquilles (oublis de ponctuation, fautes de conjugaison/orthographe, oublis de mots) soient passées entre les mailles de la relecture, même si fort heureusement celles-ci ne nuisent jamais à la compréhension.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs