Alive - Edition 2023 - Manga

Alive - Edition 2023 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 18 Avril 2023

Après avoir relancé Sidooh puis réédité Soul Keeper et Blue Heaven, et en attendant le grand retour de la saga Sky High dont nous n'avions eu que la 2e saison "Karma" par le passé, les éditions Panini poursuivent leur remise en avant du talentueux mangaka Tsutomu Takahashi en ce mois d'avril avec une toute nouvelle édition pour le manga Alive. Initialement prépublié au Japon en 1999 dans le magazine Young Jump des éditions Shûeisha, ce manga de quasiment 260 pages fut, au Japon, la deuxième série de la carrière de l'auteur, après la série culte (mais malheureusement toujours inédite en France à ce jour) Jiraishin. L'oeuvre eut même droit en 2002 en une adaptation en un médiocre film live, sorti en France en DVD en 2006 dans la collection Mad Asia de WE Prod. La première édition française du manga, déjà par Panini, date de décembre 2005. Et l'auteur de cette chronique possédant déjà cette première édition, c'est sur cette dernière que sa baseront les lignes ci-dessous, d'où l'absence d'un avis sur la nouvelle édition.

Au fil de ses dix chapitres, Alive nous immisce auprès du dénommé Tenshû Yashiro. Arrêté en 1990 pour le meurtre des quatre violeurs de sa petite amie Misako Hara puis celui de sa copine elle-même, il fut condamné à mort en 1993 et attendais, depuis, sa peine. Mais une fois ce jour fatidique venu , au vu de son excellent comportement en prison, une équipe de scientifiques au service du gouvernement et menée par le professeur Kojima lui fait une proposition inattendue: soit il se laisse mourir comme prévu, soit il survit en se pliant aux exigences d'une expérience. Angoissant profondément à l'idée de disparaître, Tenshû choisit la vie. Mais au vu de ce qui l'attend, peut-être aurait-il mieux valu mourir. Certes, il est toujours en vie, mais il n'a désormais plus aucun droit, est déclaré exécuté auprès de tout le monde... bref, il est officiellement mort, sans l'être réellement. Et il n'est pas le seul dans ce cas puisqu'il sera accompagné d'un deuxième condamné pour cette expérience: Gondô, un pur psychopathe qui a égorgé deux policiers pour leur piquer leurs armes et tuer des innocents avec, juste pour le plaisir, et qui se fiche bien de savoir comment il va vivre désormais tant qu'il peut passer du bon temps. C'est ensemble que les deux hommes se retrouvent donc enfermés dans une grande pièce sous surveillance, avec l'interdiction de mettre un pied hors de celle-ci, mais où ils peuvent y faire ce qu'ils veulent, avec à disposition un téléphone où ils peuvent demander tout ce qu'ils désirent tant que c'est réalisable. Pas de notion du temps, pas de visites extérieures... Voici ce qui les attend désormais. Et alors que la situation pourrait soit leur être bénéfique (Gondô en profite pour prendre du bon temps très basique, en se soûlant par exemple) soit les rendre fous sur la longueur (car qui supporterait de vivre éternellement enfermé ainsi, sans idée du temps qui passe ni de contact avec l'extérieur ?), ils ont bientôt la surprise de voir apparaître, dans la pièce voisine de la leur, Yurika Sangusa, une ravissante et attirante jeune femme qui risque bien de semer le trouble. Seulement, celle-ci est-elle vraiment ce qu'elle semble être ?

Si Alive a, au départ, tout d'un huis-clos, c'est finalement dans le registre du surnaturel un peu horrifique que le récit va ensuite donner, à partir du moment où vont se révéler la nature de la jeune femme et les objectifs de l'expérience menée par l'équipe de Kojima. L'auteur nous laisse éventuellement l'occasion de voir vite fait l'horreur de certaines expérimentations scientifiques à des fins militaires, mais le principal intérêt se situe ailleurs.
Tout d'abord, il y a le suivi de cette fameuse expérience menée sur nos deux hommes dans le but de réveiller l'agressivité en eux, que ce soit en essayant de les briser un peu psychologiquement ou de les frustrer sexuellement, chose qui fonctionnera bien mieux sur la brute idiote Gondô que sur Tenshû. Néanmoins, Takahashi, puisque son récit ne dure pas longtemps, reste vraiment en surface là-dessus, les différentes étapes de l'expérience ainsi que le cas de Gondô étant surtout là pour entretenir une atmosphère sombre et malsaine (que le dessin typique de Takahashi, déjà très charbonneux et acéré à l'époque), mais aussi pour souligner qu'à côté de Kojima ou de son codétenu Tenshû n'est pas forcément le pire, surtout quand on sait quel comportement admirable il a eu en prison, et quelles furent les circonstances exactes des meurtres qu'il a commis (l'occasion de faire comprendre, s'il le fallait encore, à quel point un viol peut briser la victime et son entourage).
Mais surtout, il y a en filigranes un propos classique mais efficace autour de la vie, d'où le titre "Alive" par ailleurs. Sauvé de la mort, Tenshû est plongé dans une nouvelle vie où les différentes étapes sont autant d'occasion d'interroger la différence entre vivre et survivre: l'absence de notion de temps et de contact extérieurs auraient pu le rendre fou sur la longueur (d'où son désir de revoir le ciel bleu), puis la notion d'immortalité qui finit par apparaître dans le récit aurait pu apparaître comme une aubaine... Seulement, est-il vraiment bon et plaisant de pouvoir vivre éternellement, mais en n'étant plus soi-même ?

A l'arrivée, Alive se présente comme un récit bref qui pourra forcément apparaître très rapide, et pour lequel un ou deux tomes de plus n'auraient pas été de trop pour mieux nous laisser nous imprégner des différentes étapes de l'histoire et des thématiques. Néanmoins, il y a un début et une fin, un réel développement entre les deux, des réflexions qui sont bel et bien là derrière la part d'angoisse et de surnaturel malsain, et une patte visuelle inimitable qui se révélait déjà très efficace à l'époque.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs