Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 03 Mai 2011
"La qualité de certains mangas est insuffisante", "Toutes les histoires sont pareilles", "Aucune scène ne fait rire", "Les héros n'ont aucun style", ... à en croire son courrier des lecteurs, les critiques pleuvent sur Akiba Manga, le magazine de prépublication d'Ankama. Sont-elles justifiées ou non ? Après quatre tomes, nous sommes peut-être en mesure de le déterminer. Mais plutôt que de commencer par la fin, reprenons l'habituel sommaire pour savoir ce qui nous est réservé.
Première surprise de ce nouveau numéro : après Shingo Araki, le magazine se dôte d'une nouvelle invitée, Narumi Kakinouchi, pour ressortir une licence tombée dans l'oubli éternel : Vampire Princess Miyu, série publiée en son temps chez feu l'éditeur Atomic Club. Nous découvrons ici ce qui est censé être un chapitre spécial, même si notre regard de néophyte n'y verra pas grande différence. Le talent présumé de la mangaka et animatrice a bien du mal à se manifester dans ce très court extrait duquel il ne ressort pas grand chose. Outre un préambule onirique et éthéré tant dans la forme que dans le fond à base de silhouettes et de phrases mystiques, on a à peine le temps de découvrir le héros de l'histoire que déjà la voilà terminée. Espérons qu'il ne s'agisse pas là de la véritable fin, tant cette courte nouvelle n'aurait rien apporté en l'état sinon d'enfoncer Akiba Manga dans son image amateuriste. En effet, malgré ses années de carrière, le graphisme de Kakinouchi est loin de briller par sa maitrise, et pourrait même prendre quelques leçons de la part des auteurs en compétition !
Cette compétition, nous la retrouvons immédiatement avec Agents Suicides, qui a pris la tête de la course grâce à une recette qui semble faire mouche. Les auteurs ne s'en privent pas, et nous renvoient pour la troisième fois consécutive la même tambouille ! Un nouvel agent, Hassan Al Malik, se présente et narre son passé d'irakien endoctriné par la révolution suite à la guerre du golfe. Très peu de subtilité dans cet énième destin réservant son lot d'explosions et de massacres... Il serait temps que les auteurs diversifient leur menu sous peine d'indigestion !
Seul shojo en compétition, Terminus est aussi celui qui a évolué le plus rapidement au sein du magazine. Présentant les difficultés sociales de son héroïne et les conflits qu'elle entretient avec sa mère, ce quatrième chapitre pose également les bases de ce qui pourrait bien être l'une de ses principales intrigues. Le propos est parfois maladroit, mais l'histoire a le mérite d'avancer à grand pas !
La Mort en grève reste la plus grande énigme du magazine. D'un côté, on commence à se lasser d'une énième mise en scène d'un monde où la mort n'existe plus, mais de l'autre, on se demande où les auteurs veulent en venir lorsqu'ils présentent une foule de nouveaux visages issus du Paradis ou de l'Enfer et dont on ne peut encore saisir l'importance. Tout ceci prendra peut-être un sens un jour... si nous n'avons pas décroché d'ici là, bien sur !
Gros chamboulement en revanche pour Les 10 de Sanada, avec ce chapitre qui instaure enfin une nouvelle dimension temporelle. Sasuke se retrouve dans notre époque sous les traits d'un jeune enfant français, et découvre cet univers urbain contemporain qui le dépasses totalement. Malgré une mise en scène un peu bancale et un graphisme qui aurait mérité plus de soin, on apprécie de voir enfin l'intrigue prendre de l'ampleur.
Du côté d'Absynthe, point de grand bouleversement, et c'est à se demander même si la série a véritablement démarré. Outre quelques dialogues stériles entre Téo et Jin, l'héroïne schizophrène apprend via la radio la mort d'une jeune fille de 13 ans, réveillant chez elle une certaine colère... Mais qu'en est-il vraiment ? Le magazine embraye sur la seconde série de Savan, Pandemonium, où l'on en apprend d'avantage sur le père Ravage et les raisons le poussant à haïr la nouvelle recrue lycanthrope. Si la qualité graphique s'est un peu amélioré, espérons que la série ne prenne pas la même tournure qu'Agents Suicides en faisant du sur-place via les portraits des protagonistes. Enfin, je ne me prononcerais même pas sur La Valse des Corps, tant son récit est incompréhensible à tous les niveaux...
Le reste du magazine s'étoffe quant à lui de quelques articles, comme toujours, mais l'un d'entre eux retiendra notre attention : l'interview de trois auteurs japonais de dôjinshhi exprimant leur point de vue sur la fameuse loi 156 sur la censure des contenus sexuels dans le manga. Le magazine semble alors se chercher une identité de proximité par rapport aux auteurs amateurs ainsi qu'au monde associatif et des conventions. Akiba Manga laissera-t-il un jour une vraie place au fanzinat ? Devant la stagnation de certains titres en compétition ou la "qualité" de ces œuvres hors-concours, on pourrait bien le croire. Toujours est-il qu'il faudra du changement, tant dans les récits que dans le contenu, pour que la revue continue d'accrocher son public de fidèles lecteurs intransigeants.