Affamés (les) Vol.2 : Critiques

Kûfuku na Bokura

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 13 Décembre 2022

Même si Yuka, la femme qu'il aimait et qu'il a sacrifiée pour le bien de ses plans, s'est volatilisée, Wataru a pu mettre la main sur sa fille tout juste née, et fait ainsi un grand pas en avant vers son objectif: d'éradication de la famine zombie. A présent, il suffit d'attendre quelques années pour que ce bébé grandisse jusqu'à avoir ses premières règles et être ainsi apte à procréer avec Kazu, l'hikikomori libidineux qui n'attend que ça.

Il va de soi que ce plan est malsain à souhait et qu'il est fait pour déranger le lectorat, et ce sera encore plus le cas au bout d'une longue ellipse nous laissant tout juste entrevoir quelques étapes des premières années de vie d'Umi, cette enfant destinée à procréer avec Kazu dès que possible. On voit brièvement la jeune fille grandir dans l'innocence et la candeur la plus totales, y compris quand elle fait des dessins naïfs pour son "papa" adoré. Comme beaucoup d'enfant, elle nous apparaît vite fait comme une figure adorable qu'il faut protéger. Et ça, ça pourrait bien avoir un impact fort sur Wataru: pourra-t-il vraiment se résoudre à faire de cette gamine ce qu'il avait prévu d'en faire, après avoir passé 13 années à la préserver de tout, à la regarder grandir, à recevoir son affection ? Et si ce n'est plus le cas, quelle sera la réaction de Kazu ? Et puis, même s'il se décidait à épargner Umi, il pourrait certes prendre soin d'elle comme un vrai père pendant quelques dizaines d'années, mais après ? Une fois Umi décédée de vieillesse alors que lui, en tant que zombie, restera toujours sommeil est, y aura-t-il encore un sens à sa vie ?

Plus encore que dans le premier tome, Kunitaro Tomoyasu offre une atmosphère volontairement creepy, plus encore à travers le jeune âge d'Umi. L'auteur offre des moments dérangeants, mais sait souvent s'arrêter au bon moment pour mieux dégager un sens à tout ceci, tant son trio principal ne cesse d'être tiraillé, entre une Umi qui méconnaît tout du monde et des convenances (elle ne connaît pas des choses comme la honte ou l'immoralité car les deux hommes ne lui ont jamais appris ces notions, par exemple) et qui pourrait alors avoir des réactions surprenantes en atteignant la puberté (un période où, tout naturellement, le rapport au sexe nous rend très curieux), un Wataru qui ressent en lui des émotions dignes d'un père en voulant désormais protéger celle qu'il a vue grandir, et un Kazu qui, bien que pensant très, très souvent au sexe et au jour où il pourra le faire avec l'adolescente, finira lui aussi par montrer certaines nuances, certains remords.

Tout ceci permet au mangaka de questionner un petit paquet de notions, que ce soit l'éducation (Umi n'en ayant pas réellement eue, elle méconnaît énormément de choses), les convenances de la société, la puberté, le sexe, l'amour, les frontières parfois floues entre ces deux dernières notions, la famille... jusqu'à nous laisser sur des dernières pages déstabilisantes et qu'il est difficile de juger, tant elles sont faites pour dérouter dans un tel contexte. C'est donc avec beaucoup d'intérêt que l'on attendra le troisième tome... mais aussi avec une pointe d'inquiétude puisque l'oeuvre semble à l'arrêt au Japon, aucun nouveau tome n'étant sorti là-bas depuis ce volume 3 en janvier 2021.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs