Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 31 Juillet 2024
Cet été, le yuri et le shôjo-ai vont être particulièrement mis à l'honneur par les éditions Meian avec le lancement de 7 séries, parmi lesquelles se trouve un nom qui dira certainement quelque chose aux amateurices d'animation: Adachi & Shimamura, dont l'adaptation animée fut diffuséependant l'automne 2020 en simulcast sur la plateforme Crunchyroll.
A l'origine de cette oeuvre, on trouve un light novel inédit en France à ce jour, que l'écrivain Iruma Hitoma et l'illustratrice Non (à ne pas confondre avec la mangaka éponyme, autrice d'Adabana et de Hare-Kon) poursuivent depuis 2013. Si une première adaptation manga a vu le jour au Japon dès 2016 chez Square Enix en n'ayant duré que trois tomes, c'est la deuxième adaptation manga qui nous intéresse ici, celle-ci ayant été confiée à Yuzuhara Moke (une spécialiste des récits estampillés shôjo-ai, dont c'est la première publication française) et étant en cours dans son pays d'origine depuis 2019 dans le magazine Comic Dengeki Daioh des éditions ASCII Mediaworks/Kadokawa, magazine plutôt inclassable et ayant déjà accueilli certaines autres romances entre filles comme I Can't Believe I Slept With You (également publié en France par Meian), Bloom into you (éditions Kana), A tropical fish yearns for snow (éditions Taifu Comics), Kashimashi - Girl meets Girl (éditions Ki-oon), et tout récemment Introduction au théorème du triangle amoureux (éditions Taifu Comics).
Comme le laisse bien deviner son titre, l'oeuvre s'intéresse à un duo de lycéennes, Adachi et Shimamura, qui sèchent souvent les cours et sont d'un naturel plutôt solitaire, et qui ont pourtant sympathisé depuis quelques mois, en ayant pris l'habitude de se rejoindre au gymnase lors de leurs séances de sèche. Ne se fréquentant pas en dehors de ces moments-là au départ, elles ne savent pratiquement rien l'une de l'autre, se contentent de tuer le temps ensemble en faisant des jeux, en discutant un peu ou en somnolant l'une contre l'autre. Mais si cette situation leur convient bien au départ, que se passerait-il si, tout naturellement, des sentiments allant plus loin que cette sorte d'amitié se mettaient à germer en elles ?
Au fil de ce premier tome, les auteurs se contentent tout simplement d'esquisser les premiers éléments de réponses à cette question. Quand l'histoire débute, les deux adolescentes se côtoient depuis déjà quelques mois, et l'on comprend très vite qu'elles commencent à être éprises l'une de l'autre,sans trop savoir quoi penser de ce qu'elles se mettent à ressentir, leur nature initialement solitaire et l'absence d'expérience amoureuse faisant que, malgré certains signes qui ne trompent pas, elles ne parviennent pour l'instant pas à imaginer que leur amour encore incertain pourrait être réciproque.
Au fil de leurs premiers moments passés ensemble hors du gymnase pour diverses activités (achat de donuts, venue de la famille de Shimamura dans le restaurant des Adachi, visite d'Adachi chez Shimamura, sortie ensemble qui aurait presque des allures de rencard...), d'une narration qui alterne efficacement son introspection entre Adachi et Shimamura, et d'un travail visuel à la fois mignon, doux et expressif dans les designs et posé, sobre et réaliste dans la mise en scène, on apprend à découvrir un petit peu plus chacune d'entre elles, à l'image des difficultés relationnelles de Shimamura et du désir d'Adachi de devenir spéciale pour l'élue de son coeur... quitte à être parfois un peu trop jalouse et puérile ! Et autour d'elles viennent s'ajouter quelques figures secondaires suffisamment prometteuses, comme le duo Nagafuji/Hino (des copines de classe de Shimamura), la petite soeur de Shimamura, ou encore voire surtout Yashiro, fillette aussi étrange que mystérieuse.
Clairement, il y a quelque chose de facilement attachant à suivre le début de cette tranche de vie assez subtile dans son genre, où l'on accompagne volontiers ces jeunes filles dans leurs petits tourments sentimentaux et relationnels, et où l'on prend plaisir à les observer soigneusement, en attendant de voir si elles parviendront à franchir certains caps. Il n'y a donc plus qu'à attendre de voir quelle orientation les auteurs comptent donner à cette histoire après cette sympathique introduction. Et pour ça,peut-être que le tome 2, sorti en même temps que le premier opus, nous aidera déjà à y voir plus clair.
Côté édition française, c'est du tout bon pour Meian: la jaquette reste proche de l'originale nippone, le logo-titre est soigné, l'illustration en couleurs sur papier glacé ouvrant le tome est sympathique, le papier et l'impression sont de qualité convaincante, le lettrage est très appliqué... Soulignons enfin la présence à la traduction de Laurie Asin, qui a fait ses preuves sur un grand nombre de titres des éditions Hana, qui semble signer là sa deuxième traduction d'oeuvre non boy's love après Sleepy Princess (chouette comédie également éditée par Meian), et qui offre une copie très propre,assez naturelle et bien dans le ton de l'oeuvre.