Académie Alice (l') Vol.24 : Critiques

Gakuen Alice

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Février 2012

Après des épreuves difficiles, Mikan et sa mère, grâce à l'aide de tout le monde, se retrouvent enfin et sont sur le point de s'échapper en compagnie de Narumi. Mais dans l'ombre, Kuonji n'a pas dit son dernier mot, et est prêt à tous les moyens pour empêcher cette fuite...

Depuis plusieurs volumes, L'académie Alice a tourné dans un registre beaucoup plus dramatique, enchaînant les moments d'émotion intense, notamment grâce à un flashback sur Yuka parfaitement orchestré. Tout au long de ces derniers volumes, le lecteur a pu découvrir le passé trouble de l'académie, autour de Yukky, de Yuka et des malheurs s'abattant successivement et continuellement sur eux et leur entourage. Nous avons pu découvrir une femme mise à l'écart depuis sa plus petite enfance, une femme à qui la chance n'a jamais souri, qui n'a jamais pu profiter longtemps de ses instants de bonheur, et qui ne pourrait guère plus accéder à celui-ci qu'en retrouvant sa fille, dernière preuve de son amour pour Yukky. En développant parfaitement tout cela précédemment, Tachibana Higuchi a rendu la jeune femme parfaitement compréhensible et attachante, et a su créer entre elle et Mikan un lien émotionellement fort. Tout simplement, on ne pouvait avoir qu'une seule envie après tout ceci : voir ces deux êtres se retrouver enfin, et accéder au bonheur qu'ils méritent. La conclusion de l'arc n'en est alors que plus terrible, car ce ne sera pas le cas, loin de là.

Ainsi, Tachibana Higuchi nous surprend encore, l'auteure semblant avoir décidé d'aller au bout des choses en n'arrêtant plus d'enfoncer son oeuvre dans le drame, qui trouve réellement son apogée ici. Et quand on voit tous les coups durs déjà survenus, c'est un exploit, d'autant qu'on a l'impression que tous les faits bouleversants présentés auparavant avaient pour but premier de faire de cet ultime drame le point d'orgue.

On suit donc, pendant la moitié du volume, l'horrible conclusion de l'arc, qui, dans un shôjo, et encore plus dans un shôjo qui commençait dans la bonne humeur et l'humour, surprend et pétrifie. La mangaka prend le temps de s'attarder sur les réactions de chacun, en en remettant par instants une petite couche, mais son talent est d'éviter toute surenchère de pathos : les larmes sont forcément présentes mais non excessives, et les apitoiements ne s'éternisent pas et servent avant tout à faire ressortir les regrets de tel ou tel personnage, notamment ceux d'une Luna Koizumi que l'on retrouve dans un état de choc. Et, surtout, l'heure n'est pas aux longues scènes de tristesse : Kuonji est sur le point d'arriver à ses sinistres fins, et pour l'en empêcher, un homme va devoir se hisser à un rôle-phare. Cet homme, c'est Shiki. Présent depuis les premiers tomes du manga, d'abord en tant que personnage secondaire, puis ayant pris petit à petit son importance, il est, à lui seul, le parfait exemple d'une histoire habilement pensée par l'auteure depuis le début, et le prouve plus que jamais ici. Dans cette fin d'arc chaotique, l'heure est aux négociations entre adultes pour offrir le meilleur compromis à Mikan, et Tachibana apporte ici un dialogue de persuasion bien construit entre Shiki et Kuonji, le tout avant que l'arc ne se referme de la plus belle et touchante des manières, via la concrétisation d'une promesse que deux jeunes filles s'étaient faite il y a bien longtemps. Cette conclusion, c'est aussi une nouvelle preuve que Tachibana Higuchi n'oublie rien.

Après plusieurs tomes tristes et intenses, la mangaka peut entamer son arc final en reposant son récit quelques mois plus tard. Au détour d'une narration plus posée, qui fait du bien après tant de volumes intenses, Higuchi reprend son oeuvre sur une Mikan dans une posture tout sauf joyeuse, mais dont le caractère est à nouveau admirable, puisque la jeune fille n'a pas hésité à se "sacrifier" avec le sourire pour préserver tous ceux qu'elle aime. Et ceux qu'elle aime, nous aurons tout le loisir de voir ce qu'ils deviennent, d'un Luca-piou mélancolique à une Hotaru perdue, en passant par une Nobara au seuil de la mort, un Persona bourré de regrets, et un Tsubasa bien décidé à veiller sur un Natsume qui risque fort de jouer avec sa vie en tentant l'impossible. L'arc final s'ouvre doucement mais sûrement, en prenant le temps de revenir sur chacun des personnages, et sur le rôle qu'ils doivent à présent jouer. Les pions se remettent peu à peu en place en nous laissant le temps de nous remettre de nos émotions, et c'est avec impatience que l'on attend de voir ce dernier arc entrer dans les choses sérieuses.

En attendant de voir ça, ce volume 24 se hisse comme l'un des plus bouleversants de la série. La première moitié du tome sonne comme un ultime point d'orgue aux drames ayant jonché les précédents volumes, et la deuxième moitié enclenche joliment la dernière ligne droite d'une série qui n'a sans doute pas encore fini de nous bluffer.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs