Abomination de Dunwich (l') Vol.2 - Manga

Abomination de Dunwich (l') Vol.2 : Critiques

Dunwitch no Kai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 22 Avril 2024

Chronique 2 :


Désormais âgé de 14 ans, Wilbur Whateley vit seul depuis la mort de son grand-père et la disparition de sa mère Lavinia, terrorisée. Pour autant, le jeune garçon, qui inquiète toujours plus les autres habitants de Dunwich tant il grandit trop vite et semble de moins en moins humain, ne fait aucun cas de sa situation: il n'est pas né par hasard, et a toujours eu une mission à accomplir sous la houlette de son défunt aïeul. Et à présent, l'heure est enfin venue pour lui d'accomplir cette mission, en se rendant jusqu'à Arkham, là où se trouve son correspondant Armitage, dans le but d'y mettre la main sur l'angoissant livre qui l'obnubile depuis toujours: le Necronomicon...

Après un excellent premier volume où Gou Tanabe, armé de ses habituelles prouesses visuelles, mettait en images avec force les débuts de la nouvelle d'origine de Lovecraft, ce deuxième tome accélère soigneusement la tension et l'effroi en se partageant, en quelque sorte, en deux parties, la première des deux étant consacrée à l'arrivée de Wilbur à Arkham pour mettre la main sur le Necronomicon, tandis qu'Armitage reste abasourdi par ce garçon: à seulement 14 ans, il étonne le professeur en étant obsédé par le Necronomicon et en sachant déchiffrer ce texte antique en latin, en surveillant tout le temps sa montre comme s'il était pressé alors que plus personne ne l'attend... Alors, que cache-t-il et quel est son but ?

La réponse se dessine vers la moitié du tome, via des pages insoutenables et terrifiante dans ce qu'elles enclenchent: à la fois la concrétisation de la mission de Wilbur, et par la même occasion le passage d'une angoisse permanente vers l'horreur pure, avec une menace finissant par être tangible, insaisissable et immense, et commençant à menacer de façon abominable le village de Dunwich tout entier... La question étant de savoir si cette chose effroyable s'arrêtera à ce petit bourg.

On peut le dire: Gou Tanabe, une nouvelle fois, excelle dans son adaptation, en particulier dans la montée permanente de l'épouvante. Les signes d'inquiétude toujours plus prononcés (la déshumanisation physique toujours plus soutenue de Wilbur, les mots incompréhensibles prononcés par ses soins comme s'il parlait une autre langue, les cris persistants des engoulevents, l'effroi des bêtes, les bruits de cognements dans la demeure pourtant censée être vide des Whateley, l'odeur décrite comme nauséabonde et insoutenable par tout le monde...) laissent place à une horreur de plus en plus réelle et viscérale: déformations physiques impensables, massacres de vaches qui semblent vidées de leur sang et affreusement mutilées, empreintes impensables peut-être laissées par une créature inimaginable... jusqu'à des dernières pages cauchemardesques à souhait.

Sur les bases des quelques descriptions de la nouvelle d'origine, Tanabe se fait encore plaisir en donnant graphiquement naissance à tous les cauchemars imaginés par l'écrivain, tout en prenant grand soin de faire monter toujours plus haut le sentiment d'horreur, d'incompréhension et de folie. Autant dire que l'on attendra impatiemment la suite et fin de son adaptation de ce qui reste l'un des plus célèbres récits de Lovecraft.



Chronique 1 :


Le temps a passé mais les rumeurs et l'inquiétude ne se dissipent pas au sein de la petite bourgade de Dunwich! Le vieux Whateley est mort et sa fille Lavinia ne réapparaît plus...seul reste le jeune Wilbur, qui malgré ses quatorze ans, semble en avoir trente ou quarante! Ce dernier sort de sa retraite et quitte Dunwich à la recherche d'un exemplaire intact et correctement traduit du Necronomicon...mais se rendre à Arkham revient à laisser sans surveillance l'horreur sans nom qui se cache dans sa grange...

Après un premier tome saisissant, ce deuxième volume ce sera fait attendre, mais quel plaisir d'enfin pouvoir explorer la suite de cette étrange et inquiétante histoire!
Si dans le premier volume on découvrait peu à peu les personnages et l'intrigue, ici la peur laisse place à l'horreur, le récit passe un cap et nous plonge dans les abîmes des inquiétantes histoires de Lovecraft!
Dès les premières pages on retrouve le jeune Wilbur qui revêt une apparence totalement en inadéquation avec son âge! Et de suite Gou Tanabe nous frappe une nouvelle fois par son talent de retranscription des récits de Lovecraft! Pour les avoir lu et dévoré avec délectation, je peux affirmer qu'il est parfois, voire souvent très difficile de poser des images sur les descriptions inquiétantes de l'auteur...Gou Tanabe n'est certes pas le premier à les mettre en images, mais il y parvient à la perfection, faisant de Wilbur l'étrange créature dépeinte par son auteur, à la fois partiellement humain, du moins suffisamment pour que les gens le considèrent comme tel et à la fois inhumain...ici Tanabe le représente avec un tête ressemblant vaguement à celle d'un bouc, renvoyant directement à l'imagerie satanique comme pour faire écho aux rituels malsains de sa famille.

Le point d'orgue de ce tome est la tentative d'intrusion de Wilbur dans la bibliothèque pour s'emparer du Necronomicon...non pas la tentative elle même qu'on ne nous montrera pas mais ses conséquences néfastes et macabres! Un corps agonisant gît au sol, poussant une complainte angoissante...et là encore Tanabe effectue un travail titanesque de retranscription et de mise en scène! Je me revois tenter de visualiser le corps difforme et inhumain décrit pas Lovecraft...et jamais je ne me serai autant approché de la vision de Tanabe qui nous offre réellement une magnifique vision d'horreur. Tout comme on ressent le dégoût, la peur et la curiosité de ceux qui trouvent ce corps infâme qui n'a rien à faire dans ce monde!

Enfin on suit un dernier acte où on quitte Arkham pour plonger à nouveau dans l'horreur de Dunwich...un mal n'appartenant pas à notre dimension s'est échappé et sème chaos, peur et destruction! Et si cette dernière partie est là encore saisissante, cela m'a rappelé, comme lors de ma lecture de la nouvelle, à quel point cela parait peu logique que les habitants cherchent sans trouver une créature aussi gigantesque...Il faut s’accommoder de quelques sacrifices de cohérence pour que l'horreur soit plus percutante.

Pour être tout à fait honnête l'intrigue de ce tome avance très lentement, l'ambiance malsaine s'installant de plus en plus, jusqu'à un climax saisissant, mais clairement Tanabe semble prendre ici son temps, et même si ma lecture de la nouvelle de Lovecraft commence à dater un peu, je n'ai pas le sentiment que ce qui reste à raconter à l'issue de ce deuxième opus mérite un troisième volume complet...mais je me trompe peut être et je fais quoi qu'il arrive confiance à Tanabe pour mettre en scène de façon magistrale la conclusion de ce récit captivant.

Un volume incroyablement efficace, qu'on prend un incroyable plaisir à lire, même si les choses avancent très lentement. Il ne nous reste plus qu'à attendre avec impatience le troisième et dernier opus qui viendra clore ce récit en nous plongeant encore plus profondément dans l'horreur.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs