A l'image de Mona Lisa Vol.6 : Critiques

La deuxième déclaration de Ritsu a poussé Hinase à s'interroger sur ce qu'iel ressent exactement pour ses deux amis d'enfance. Et avec l'aide du précieux avis d'Aoi qui est lui-même dans une situation relationnelle troublante vis-à-vis de son ami de toujours Chiaki, iel semble enfin en mesure d'apporter une réponse à la fois à Ritsu et à Shiori, qu'iel convie tous les deux à un même rendez-vous...

Ce rendez-vous est assurément l'un des moments capitaux de ce volume, dont il occupe fort logiquement pas mal de pages pour, peut-être plus que jamais, pousser Hinase à affirme ce qu'il ressent pour chacun de ses deux précieux amis de toujours, à travers une discussion à coeur ouvert. Et le résultat est aussi intelligent dans son abord que touchant dans la façon dont notre personnage arrive enfin à faire le point, même si la réponse aux déclarations de Ritsu et de Shiori sort des sentiers battus. Car tout l'intérêt pour Tsumuji Yoshimura ici est double. Non seulement, il s'agit de sonder le point que Hinase parvient à faire sur la manière dont iel considère de façon égale ses deux amis, sur tout ce que les personnes qu'iel aime le plus au monde ont pu lui apporter au fil du temps, sur l'avenir qu'iel veut pour eux trois, voire plus encore (choisir un sexe équivaudrait-il vraiment à choisir entre eux deux ?). Mais en plus, il est ici question de sujets abordés avec beaucoup de subtilité et, en même temps, de force, que ce soit autour des diktats du genre (ce qu'on attend d'une femme et ce qu'on attend d'un homme), de réflexions sur les normes vestimentaires (notamment via la façon dont les uniformes scolaires genrés peuvent enchaîner les personnes), sur la peur de changer, et sur l'importance d'être simplement bien dans sa peau au-delà des différents diktats du genre.

On ressent alors ici, de plus en plus fortement, une certaine affirmation de Hinase pour essayer de savoir enfin qui iel veut être, et cette affirmation prendre d'autant plus d'importance à l'heure où le danger pesant sur les personnes asexuées se précisent. On en a les prémisses, de façon intéressante, dans un début de tome où Shiori a l'occasion de partager avec Nao certaines choses sur la personne asexuée décédée que la jeune femme a fréquentée, avec un petit flou persistant sur les circonstances de sa mort. Puis on en a la confirmations via les décisions prises par Azusa, jusqu'à une fin de volume forcément très intrigantes.

Ajoutons à tout ça le cas d'Aoi qui n'est aucunement oublié et qui sera notamment l'occasion d'aborder la façon dont la frontière entre l'amitié et l'amour peut être différente chez chaque personne, et on obtient un volume à la fois riche et amenant enfin les prémisses d'évolutions longtemps attendues. Ne précipitant rien, sondant soigneusement ses personnages, s'appuyant à nouveau sur son style visuel fin où les notes de vert continuent de souligner chaque trouble, Tsumuji Yoshimura maîtrise bien son récit et relance de plus belle notre intérêt !