5cm per Second Vol.2 - Actualité manga
5cm per Second Vol.2 - Manga

5cm per Second Vol.2 : Critiques

Byosoku 5cm Metoru

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 16 Juin 2020

Lycéenne aussi vive que sincère, Kanae a vu son adolescence bousculée, depuis un moment déjà, par l'arrivée sur son île de Tanegashima de Takaki. Par sa gentillesse permanente, ce garçon a totalement conquis son coeur et occupe la première place en elle. Mais elle le sent bien: le regard et les pensées de Takaki sont, en permanence, tournées ailleurs... Au contraire de la jeune fille, le lecteur, lui, sait bien pourquoi. Mais qu'importe: maintenant qu'elle a appris à à peu près maîtriser les vagues (les vagues de la mer via le surf, mais aussi les vagues de son coeur), l'adolescente semble bien décidée à déclarer son amour au garçon inaccessible... Y parviendra-t-elle vraiment ?

Après un premier volume très doux et poétique, cet épais deuxième tome d'environ 230 pages voit donc Yukiko Seike poursuivre et achever son adaptation, en s'intéressant fort logiquement à la deuxième moitié de l'anime d'origine de Makoto Shinkai. Mais là où le tome 1 tâchait de rester dans l'ensemble très fidèle au déroulement de l'anime, dans cette suite et fin la mangaka change quelque peu la donne, en offrant en quelque sorte une vision supplémentaire des choses, et en apportant alors un peu à sa version papier sa propre unicité, ce manga ne se contentant donc pas d'être une "bête" adaptation d'un bout à l'autre.

C'est une chose qui se ressent surtout après le premier chapitre (très fidèle à l'anime) qui boucle les années lycéennes et le focus sur Kanae (correspondant au 2 court-métrage de l'anime). Sur près de 140 pages, les 4 chapitres suivants adaptent le 3e court-métrage où l'on retrouve un Takaki adulte et en couple avec une certaine Lisa, jeune femme qu'il a auparavant rencontré dans le cadre professionnel. Travaillant dans une entreprise où il ne s'épanouit pas vraiment, le jeune homme sent également arriver le désir de sa petite amie de passer à la vitesse supérieure: elle l'aime sincèrement, veut sans nul doute faire sa vie avec lui, et souhaite désormais lui présenter ses parents. Mais en Takaki, il y a toujours l'image de celle qu'il aime depuis ses 13 ans, de la promesse qu'ils se sont faite, une promesse qui l'empêche encore et toujours d'avancer... La poésie assez douce et mélancolique du tome 1 cède ici à une atmosphère un peu plus ancrée dans le réel de par la situation professionnelle des personnages et leur vie active, mais à celle-ci se mêle une nostalgie plus forte, qui finira aussi par amener un résultat plus bavard que dans le tome 1 dès lors que Takaki trouvera enfin le courage de dire ce qu'il renferme en lui depuis tant d'années. Le fond est très fidèle à l'anime, avec quelques réflexions rapides sur la vie d'adulte entre autres, mais surtout avec tout un développement assez réussi sur ce qu'a engendré l'amour que le jeune homme a tant chéri dans le temps et dans la distance: le mal qu'il a pu faire involontairement à nombre de femmes de son entourage à force de ne pas réellement les voir, la manière dont son enfermement dans cet ancien amour idéalisé a pu conditionner en permanence un vie où il ne se sent pas vraiment lui-même... Et, en toile de fond, une idée: est-ce vraiment cet amour et Akari qu'il chérit encore, ou les souvenirs précieux qu'il a de cette période ? Mais même si elle reprend le scénario de l'anime et qu'elle s'applique à y retranscrire certains moments forts (les "retrouvailles" au passage à niveau, la métaphore des fusées qui confirme aussi le goût qu'a Shinkai depuis toujours pour le ciel...), Seike choisit de croquer les événements dans un ordre différent, en jouant peut-être un peu moins sur la fibre nostalgique via un déroulé un peu plus classique, quand bien même il y a plusieurs petits bonds dans le temps, dans le passé, pour révéler certains éléments des dernières années de vie de Takaki (notamment ses années de fac, les filles qu'il a pu faire souffrir, sa rencontre avec Lisa...). Le résultat n'est pas toujours impeccable, car certaines transitions dans le temps sont très peu visibles et qu'un lecteur eu attentif pourrait s'y perdre parfois. Mais cela apporte un rendu et un regard un peu différents sur les choses par rapport à l'anime. Surtout, au bout de tout ceci, alors que le récit aurait pu rester aussi fataliste que l'anime, Yukiko Seike a fait le choix d'apporter dans son "épilogue" autour de Kanae un regard un peu différent de l'anime, sûrement légèrement plus ouvert vers l'avenir des personnages. Même si cet avenir, ce sera au lecteur de se l'imaginer en continuant de faire vivre Takaki, Kanae, Akari et les autres dans son coeur.

Au bout du compte, 5cm per second s'offre un deuxième et dernier opus peut-être légèrement moins captivant que le premier, voire légèrement maladroit sur certains éléments de narration. Mais sous un dessin souvent ravissant, et tout en restant fidèle au propos de Shinkai qu'elle retranscrit très bien, Yukiko Seike parvient à apporter une petite pointe personnelle qui offre à son manga un réel intérêt en dehors du cadre de la "bête et simple" adaptation. Un très bon manga en somme, permettant de redécouvrir le superbe anime de Makoto Shinkai d'une manière un peu différente.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction