Dans Poisons, Golo Zhao nous livre le récit d'un fait divers tragique (bien que non isolé, comme nous l'apprend l'intéressant dossier de Patrick Saint-Paul en fin d'ouvrage) touchant la jeune Lili, qui fait partie de ce qu'on appelle les ''enfants abandonnés''. L'intrigue s'attache tout d'abord à dépeindre l'environnement difficile mais en même temps banal et crédible de cette petite fille, puis son terrible geste, l'enquête policière qui s'ensuit avant une conclusion sobre mais poignante.
Bien que son sujet soit dramatique et que l'auteur le traite sans rien occulter, sa narration reste toujours assez factuelle. Manifestement, son but n'est pas ici de nous transmettre une relecture sensationnelle de l'événement, au contraire, son intérêt se porte avant tout sur la psyché de son héroïne, ce qui a pu la façonner et la pousser à commettre l'irréparable. Il est d'ailleurs intéressant de relever que, dans une interview reproduite en fin de tome, Golo Zhao indique que la principale difficulté, lorsqu'on se fonde sur un fait réel pour bâtir une intrigue, est le manque de péripéties trépidantes. Pour autant, son récit resserré sur l'essentiel n'est à aucun moment ennuyeux !
Ce faisant, il nous fait également entr'apercevoir la vie dans les campagnes chinoises délaissées, d'une façon qui m'a un peu évoqué Le Monde de Zhou-Zhou : là encore, on suit le parcours d'une petite Chinoise avant tout à l'école, ainsi que les difficultés qu'elle rencontre en partie à cause de décisions prises par les adultes, même si la situation de Zhou-Zhou n'est pas aussi catastrophique que celle de Lili. Ce contexte m'a semblé d'autant plus instructif qu'il représente un aspect de la Chine que je connais mal (voire pas du tout).
Enfin, le trait de Golo Zhao et surtout son utilisation des couleurs, très agréable à l'oeil, servent étonnamment bien ce récit dur. Ses vastes ciels colorés par le soleil couchant, notamment, m'ont semblé souligner l'absence de spectaculaire et la terrible banalité de l'événement et de ses circonstances (bon, après, ce n'est que mon ressenti)... Quoi qu'il en soit, je recommande cette BD, tragique mais traitée de manière très juste, qui découvre une réalité méconnue de la Chine.
De Mitsuko62 [3657 Pts], le 28 Mai 2019 à 14h41
Dans Poisons, Golo Zhao nous livre le récit d'un fait divers tragique (bien que non isolé, comme nous l'apprend l'intéressant dossier de Patrick Saint-Paul en fin d'ouvrage) touchant la jeune Lili, qui fait partie de ce qu'on appelle les ''enfants abandonnés''. L'intrigue s'attache tout d'abord à dépeindre l'environnement difficile mais en même temps banal et crédible de cette petite fille, puis son terrible geste, l'enquête policière qui s'ensuit avant une conclusion sobre mais poignante.
Bien que son sujet soit dramatique et que l'auteur le traite sans rien occulter, sa narration reste toujours assez factuelle. Manifestement, son but n'est pas ici de nous transmettre une relecture sensationnelle de l'événement, au contraire, son intérêt se porte avant tout sur la psyché de son héroïne, ce qui a pu la façonner et la pousser à commettre l'irréparable. Il est d'ailleurs intéressant de relever que, dans une interview reproduite en fin de tome, Golo Zhao indique que la principale difficulté, lorsqu'on se fonde sur un fait réel pour bâtir une intrigue, est le manque de péripéties trépidantes. Pour autant, son récit resserré sur l'essentiel n'est à aucun moment ennuyeux !
Ce faisant, il nous fait également entr'apercevoir la vie dans les campagnes chinoises délaissées, d'une façon qui m'a un peu évoqué Le Monde de Zhou-Zhou : là encore, on suit le parcours d'une petite Chinoise avant tout à l'école, ainsi que les difficultés qu'elle rencontre en partie à cause de décisions prises par les adultes, même si la situation de Zhou-Zhou n'est pas aussi catastrophique que celle de Lili. Ce contexte m'a semblé d'autant plus instructif qu'il représente un aspect de la Chine que je connais mal (voire pas du tout).
Enfin, le trait de Golo Zhao et surtout son utilisation des couleurs, très agréable à l'oeil, servent étonnamment bien ce récit dur. Ses vastes ciels colorés par le soleil couchant, notamment, m'ont semblé souligner l'absence de spectaculaire et la terrible banalité de l'événement et de ses circonstances (bon, après, ce n'est que mon ressenti)... Quoi qu'il en soit, je recommande cette BD, tragique mais traitée de manière très juste, qui découvre une réalité méconnue de la Chine.