Hello, Hello and Hello - Light-Novel - Actualité manga
Hello, Hello and Hello - Light-Novel - Manga

Avis sur Hello, Hello and Hello - Light-Novel

Hello, Hello and Hello

Voq

De Voq [683 Pts], le 29 Avril 2022 à 16h26

14/20

« C'est une histoire d'amour d'une semaine qui eut lieu 214 fois.
C'est aussi l'histoire d'amour qui fut la mienne et qui dura quatre ans. »

Contact. 92 : Lycéen apparemment banal et solitaire, Haruyoshi Segawa est abordé par Yuki Shiina, une fille magnifique qui lui demande de l'emmener voir un film. Il la rencontre pour la première fois, et pourtant elle semble déjà bien le connaître.
Contact. 33 : Pendant les vacances d'été, Haruyoshi, alors collégien, s'entraîne seul pour le club d'athlétisme. Comme sortie de nulle part, une jeune fille vient lui apporter son soutien. Elle s'appelle Yuki Shiina. Il ne la connaît pas, mais c'est la trente-troisième fois qu'il la rencontre pour la première fois.
Contact. 12 : Haruyoshi fait la connaissance de Yuki dans une librairie, où elle est venue acheter le même livre que lui.
Chaque fois, il la côtoie le temps d'une semaine.
« Menteur », lui déclare-t-elle tristement quand il lui promet de se souvenir d'elle ou de l'inviter de nouveau, une fois la semaine écoulée.

Dans un premier temps, Hello, hello and hello avance ainsi à rebours, en trois chapitres du point de vue de Haruyoshi où il rencontre Yuki pour la première fois et où, l'espace d'une semaine, elle prend une place essentielle dans sa vie. Et c'est là l'interrogation qui va servir de moteur à cette première phase du roman : comment est-il possible qu'il l'oublie alors qu'en dehors de ça il a une vie de lycéen / collégien parfaitement normale, si ce n'est son apparente tendance à privilégier la solitude une fois hors de l'établissement scolaire ?
On arrive alors au milieu du roman, où l'on assiste à la véritable première rencontre et où le mystère est levé, après quoi l'histoire repart de l'avant en se partageant désormais entre les points de vue de Haruyoshi et de Yuki, avec une nouvelle problématique plus prosaïque mais non moins intrigante : comment cela va-t-il se terminer ? Est-il même possible de trouver une solution à cette situation ?

La grande force de l'œuvre, c'est de parvenir à toucher le lecteur, à transmettre l'émotion tout en gardant une certaine sobriété, sans jamais tomber dans le pathos. Qu'il s'agisse des sentiments chaleureux mais confus de Haruyoshi, de la détresse de Yuki et de la palette d'émotions qui l'anime en présence de Yoshi, ou encore de l'incompréhension d'Akane, camarade de classe du héros qui éprouve un amour à sens unique pour ce dernier, on partage tout cela simplement, sans réserve. Le roman est court mais frappe parfaitement juste, avec des chapitres savamment dosés en longueur comme en nombre et un équilibre parfait entre le dit et le non-dit.

En contrepartie, j'aurais deux reproches à lui adresser. L'un concerne un aspect de l'histoire qui n'est tout bonnement pas abordé et qui pourtant rend bancale la situation de Yuki si on prend la peine d'y réfléchir. L'autre est plus subjectif et concerne la fin.
Dans un cas comme dans l'autre, mon but n'est pas de raconter explicitement ce qui se passe, cela dit mon premier point s'appuie sur le mystère qui dure jusqu'à la moitié de l'œuvre, et pour le deuxième je vais forcément parler de la fin, ne serait-ce qu'en usant de qualificatifs pour la décrire, donc autant considérer qu'à partir d'ici : spoiler alert !

 

----- SPOILER ALERT -----

Parlons donc de Yuki. Depuis l'âge de sept ans, elle continue d'exister sans avoir le droit d'exercer la moindre influence sur le monde ; pour ce faire, chaque semaine au même moment, le monde se réorganise en effaçant toute trace d'elle. Elle disparaît de la mémoire de tous ceux qui l'ont rencontrée, le moindre de ses actes est effacé. Elle a même disparu de son propre passé, comme si elle n'avait jamais existé y compris dans sa prime enfance. Elle est absolument seule, et toute relation qu'elle nouera sera effacée dès la semaine suivante.
C'est la dimension fantastique de l'histoire, on l'accepte sans souci. Qu'une enfant ait enduré cette solitude durant huit longues années en conservant son équilibre mental, ça paraît assez exagéré, j'aurais trouvé plus pertinent que l'accident soit plus récent (quelques semaines / mois, elle aurait alors rencontré Haruyoshi quand elle était au fond du trou, à deux doigts de lâcher prise), mais admettons.
Mais partant de là, comment vit-elle ? Privée d'existence durable, elle n'a fatalement pas de logement, pas de revenus, rien. À un moment, il est question d'un hôtel, mais y loge-t-elle constamment ? Et dans ce cas, comment fait-elle pour payer sa chambre ? Ce n'est pas comme si elle était un fantôme qui hante les lieux : elle est bien là, les gens la voient, ce n'est qu'après une semaine que toute trace d'elle disparaît et qu'elle recommence de zéro.
Et pendant ce temps, elle mange, elle dort, elle porte des vêtements, elle a de l'argent de poche, ça ne peut pas sortir de nulle part. Est-ce qu'elle vole en partant du principe que toute culpabilité sera effacée le mardi soir en même temps que son existence dans la semaine écoulée ? Ce serait assez ironique, quand on considère sa première rencontre avec Haruyoshi, où il est d'ailleurs entendu que la tentative de vol qu'il a interrompue n'était pas une nécessité pour elle. Et c'est là tout le problème : jamais le roman n'aborde le sujet, chaque semaine Yuki déboule tout simplement dans la vie de Yoshi avec toutes ces choses acquises pour une adolescente « normale », cette existence normale qui lui fait justement défaut.
Dans le fond, ça laisse l'impression d'avoir été laissé de côté à défaut d'avoir trouvé une explication convaincante : la charité a ses limites, le vol ne cadre pas, difficile d'en faire une magicienne qui sort de l'argent du chapeau tout en restant sérieux, tout aussi difficile de croire qu'une mineure sans papiers trouve facilement des petits boulots (non, je ne vais pas m'aventurer dans le scabreux, ce n'est pas du tout l'ambiance)... À la limite, un porte-monnaie qui revient chaque semaine à son contenu de départ, ses dépenses étant effacées à chaque recommencement ? sauf que même sans compter l'improbabilité de détenir une somme suffisante depuis l'âge de sept ans, de toute évidence elle conserve les objets qu'elle détient à chaque remise à zéro, donc ça ne colle pas vraiment non plus. Je veux bien imaginer qu'elle soit temporairement recueillie par une gentille famille de restaurateurs à qui elle donnerait un coup de main, du temporaire qui se renouvelle chaque semaine, mais ça ne colle pas avec le fait qu'elle dorme à l'hôtel, qu'elle n'ait que du temps libre, et encore moins avec les remarques selon lesquelles Haruyoshi est le seul à lui avoir adressé la parole, son seul point d'ancrage... (Remarque : oui, je débats avec moi-même.)
J'ai beau réfléchir, je ne trouve rien susceptible de fonctionner. Et peut-être que l'auteure n'a rien trouvé non plus, mais est-ce que ça justifie d'ignorer complètement cet aspect et d'espérer que le lecteur ne s'apercevra de rien ? Erf...
Dans le même ordre d'idées, mais moins problématique, il y a aussi le fait que Yuki ne soit pas scolarisée et qu'elle aide pourtant sans problème Yoshi pour ses devoirs. Est-ce qu'elle étudie seule à la bibliothèque depuis des années afin de garder un semblant de rythme scolaire, de normalité ? Ou ce genre de connaissances a-t-il afflué en elle quand elle a attrapé la lumière en même temps que les informations sur sa propre situation et sur le destin du monde ? Ici, ce n'est pas si gênant de ne pas savoir, mais une petite mention n'aurait pas fait de mal.

Quant à mon problème avec la fin (quoique parler de problème soit un peu exagéré), c'est plus une affaire de ressenti personnel. Parce que dans les faits, le dénouement fait preuve d'une certaine justesse. Mais il ne s'agit ni d'un happy end, ni d'une fin tragique mais belle : c'est plutôt une sorte de non-fin, où l'absence pure et simple de solution à la situation de Yuki fait planer une ombre écrasante sur les aspects positifs, sur la part d'optimisme qui aurait dû s'en dégager.
Là où d'autres light novels comme ceux de Sugaru Miaki (Parasites amoureux chez le même éditeur, Pour trois jours de bonheur chez Akata) ou Ce qu'il reste de nos souvenirs de Natsuki Amasawa (collection Moonlight aussi) parviennent à faire briller d'éphémères moments de bonheur dans des situations a priori sans espoir, Hello, hello and hello essaie de finir de cette manière mais laisse surtout planer une tristesse lancinante : après avoir achevé ma lecture, au lieu de garder en tête les bons côtés, j'avais juste envie de me coucher et broyer du noir.
D'accord, apporter un vrai happy end relèverait un peu de la solution magique sans réel fondement, mais si on va par là, l'existence même de Yuki relève du miracle sans fondement, donc pourquoi pas ? Même une fin cruelle mais définitive (comme Yuki l'envisage sans le dire clairement) me parlerait davantage.
Après, comme je l'ai dit, ça reste une question de ressenti. Et malgré tout, avec un peu de recul, je peux accepter cette fin... mais honnêtement, je n'ai pas envie d'y être confronté une deuxième fois, et pour cette raison je ferai l'impasse sur la version manga.
Quitte à prendre l'histoire d'une fille dont le souvenir disparaît, le dénouement de Rascal does not dream of bunny girl senpai me convient beaucoup mieux !

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