Manganews - Hello, Hello and Hello - Light-Novel https://www.manga-news.com Toute l'actualité du manga : présentation de toutes les séries sorties en France, le planning, les résumés, les auteurs, les éditeurs, manga en ligne, dossiers... Fr Sun, 03 08 2025 10:03:46 +0200 manga-news.com http://blogs.law.harvard.edu/tech/rss manga-news Commentaire de Voq https://www.manga-news.com/index.php/manga/Hello-Hello-and-Hello-Light-Novel urn:md5:5953d3168e93ffa260b48f73bdbda1c7 Fri, 29 Apr 2022 16:26:55 +0200 manga-news <p>&laquo; C'est une histoire d'amour d'une semaine qui eut lieu 214 fois.<br />C'est aussi l'histoire d'amour qui fut la mienne et qui dura quatre ans. &raquo;<br /><br />Contact. 92 : Lyc&eacute;en apparemment banal et solitaire, Haruyoshi Segawa est abord&eacute; par Yuki Shiina, une fille magnifique qui lui demande de l'emmener voir un film. Il la rencontre pour la premi&egrave;re fois, et pourtant elle semble d&eacute;j&agrave; bien le conna&icirc;tre.<br />Contact. 33 : Pendant les vacances d'&eacute;t&eacute;, Haruyoshi, alors coll&eacute;gien, s'entra&icirc;ne seul pour le club d'athl&eacute;tisme. Comme sortie de nulle part, une jeune fille vient lui apporter son soutien. Elle s'appelle Yuki Shiina. Il ne la conna&icirc;t pas, mais c'est la trente-troisi&egrave;me fois qu'il la rencontre pour la premi&egrave;re fois.<br />Contact. 12 : Haruyoshi fait la connaissance de Yuki dans une librairie, o&ugrave; elle est venue acheter le m&ecirc;me livre que lui.<br />Chaque fois, il la c&ocirc;toie le temps d'une semaine.<br />&laquo; Menteur &raquo;, lui d&eacute;clare-t-elle tristement quand il lui promet de se souvenir d'elle ou de l'inviter de nouveau, une fois la semaine &eacute;coul&eacute;e.<br /><br />Dans un premier temps, <em>Hello, hello and hello</em> avance ainsi &agrave; rebours, en trois chapitres du point de vue de Haruyoshi o&ugrave; il rencontre Yuki pour la premi&egrave;re fois et o&ugrave;, l'espace d'une semaine, elle prend une place essentielle dans sa vie. Et c'est l&agrave; l'interrogation qui va servir de moteur &agrave; cette premi&egrave;re phase du roman : comment est-il possible qu'il l'oublie alors qu'en dehors de &ccedil;a il a une vie de lyc&eacute;en / coll&eacute;gien parfaitement normale, si ce n'est son apparente tendance &agrave; privil&eacute;gier la solitude une fois hors de l'&eacute;tablissement scolaire ?<br />On arrive alors au milieu du roman, o&ugrave; l'on assiste &agrave; la v&eacute;ritable premi&egrave;re rencontre et o&ugrave; le myst&egrave;re est lev&eacute;, apr&egrave;s quoi l'histoire repart de l'avant en se partageant d&eacute;sormais entre les points de vue de Haruyoshi et de Yuki, avec une nouvelle probl&eacute;matique plus prosa&iuml;que mais non moins intrigante : comment cela va-t-il se terminer ? Est-il m&ecirc;me possible de trouver une solution &agrave; cette situation ?<br /><br />La grande force de l'&oelig;uvre, c'est de parvenir &agrave; toucher le lecteur, &agrave; transmettre l'&eacute;motion tout en gardant une certaine sobri&eacute;t&eacute;, sans jamais tomber dans le pathos. Qu'il s'agisse des sentiments chaleureux mais confus de Haruyoshi, de la d&eacute;tresse de Yuki et de la palette d'&eacute;motions qui l'anime en pr&eacute;sence de Yoshi, ou encore de l'incompr&eacute;hension d'Akane, camarade de classe du h&eacute;ros qui &eacute;prouve un amour &agrave; sens unique pour ce dernier, on partage tout cela simplement, sans r&eacute;serve. Le roman est court mais frappe parfaitement juste, avec des chapitres savamment dos&eacute;s en longueur comme en nombre et un &eacute;quilibre parfait entre le dit et le non-dit.<br /><br />En contrepartie, j'aurais deux reproches &agrave; lui adresser. L'un concerne un aspect de l'histoire qui n'est tout bonnement pas abord&eacute; et qui pourtant rend bancale la situation de Yuki si on prend la peine d'y r&eacute;fl&eacute;chir. L'autre est plus subjectif et concerne la fin.<br />Dans un cas comme dans l'autre, mon but n'est pas de raconter explicitement ce qui se passe, cela dit mon premier point s'appuie sur le myst&egrave;re qui dure jusqu'&agrave; la moiti&eacute; de l'&oelig;uvre, et pour le deuxi&egrave;me je vais forc&eacute;ment parler de la fin, ne serait-ce qu'en usant de qualificatifs pour la d&eacute;crire, donc autant consid&eacute;rer qu'&agrave; partir d'ici : spoiler alert !</p><p>&nbsp;</p><p><strong>----- <span style=text-decoration: underline;>SPOILER ALERT</span> -----</strong><br /><br />Parlons donc de Yuki. Depuis l'&acirc;ge de sept ans, elle continue d'exister sans avoir le droit d'exercer la moindre influence sur le monde ; pour ce faire, chaque semaine au m&ecirc;me moment, le monde se r&eacute;organise en effa&ccedil;ant toute trace d'elle. Elle dispara&icirc;t de la m&eacute;moire de tous ceux qui l'ont rencontr&eacute;e, le moindre de ses actes est effac&eacute;. Elle a m&ecirc;me disparu de son propre pass&eacute;, comme si elle n'avait jamais exist&eacute; y compris dans sa prime enfance. Elle est absolument seule, et toute relation qu'elle nouera sera effac&eacute;e d&egrave;s la semaine suivante.<br />C'est la dimension fantastique de l'histoire, on l'accepte sans souci. Qu'une enfant ait endur&eacute; cette solitude durant huit longues ann&eacute;es en conservant son &eacute;quilibre mental, &ccedil;a para&icirc;t assez exag&eacute;r&eacute;, j'aurais trouv&eacute; plus pertinent que l'accident soit plus r&eacute;cent (quelques semaines / mois, elle aurait alors rencontr&eacute; Haruyoshi quand elle &eacute;tait au fond du trou, &agrave; deux doigts de l&acirc;cher prise), mais admettons.<br />Mais partant de l&agrave;, comment vit-elle ? Priv&eacute;e d'existence durable, elle n'a fatalement pas de logement, pas de revenus, rien. &Agrave; un moment, il est question d'un h&ocirc;tel, mais y loge-t-elle constamment ? Et dans ce cas, comment fait-elle pour payer sa chambre ? Ce n'est pas comme si elle &eacute;tait un fant&ocirc;me qui hante les lieux : elle est bien l&agrave;, les gens la voient, ce n'est qu'apr&egrave;s une semaine que toute trace d'elle dispara&icirc;t et qu'elle recommence de z&eacute;ro.<br />Et pendant ce temps, elle mange, elle dort, elle porte des v&ecirc;tements, elle a de l'argent de poche, &ccedil;a ne peut pas sortir de nulle part. Est-ce qu'elle vole en partant du principe que toute culpabilit&eacute; sera effac&eacute;e le mardi soir en m&ecirc;me temps que son existence dans la semaine &eacute;coul&eacute;e ? Ce serait assez ironique, quand on consid&egrave;re sa premi&egrave;re rencontre avec Haruyoshi, o&ugrave; il est d'ailleurs entendu que la tentative de vol qu'il a interrompue n'&eacute;tait pas une n&eacute;cessit&eacute; pour elle. Et c'est l&agrave; tout le probl&egrave;me : jamais le roman n'aborde le sujet, chaque semaine Yuki d&eacute;boule tout simplement dans la vie de Yoshi avec toutes ces choses acquises pour une adolescente &laquo; normale &raquo;, cette existence normale qui lui fait justement d&eacute;faut.<br />Dans le fond, &ccedil;a laisse l'impression d'avoir &eacute;t&eacute; laiss&eacute; de c&ocirc;t&eacute; &agrave; d&eacute;faut d'avoir trouv&eacute; une explication convaincante : la charit&eacute; a ses limites, le vol ne cadre pas, difficile d'en faire une magicienne qui sort de l'argent du chapeau tout en restant s&eacute;rieux, tout aussi difficile de croire qu'une mineure sans papiers trouve facilement des petits boulots (non, je ne vais pas m'aventurer dans le scabreux, ce n'est pas du tout l'ambiance)... &Agrave; la limite, un porte-monnaie qui revient chaque semaine &agrave; son contenu de d&eacute;part, ses d&eacute;penses &eacute;tant effac&eacute;es &agrave; chaque recommencement ? sauf que m&ecirc;me sans compter l'improbabilit&eacute; de d&eacute;tenir une somme suffisante depuis l'&acirc;ge de sept ans, de toute &eacute;vidence elle conserve les objets qu'elle d&eacute;tient &agrave; chaque remise &agrave; z&eacute;ro, donc &ccedil;a ne colle pas vraiment non plus. Je veux bien imaginer qu'elle soit temporairement recueillie par une gentille famille de restaurateurs &agrave; qui elle donnerait un coup de main, du temporaire qui se renouvelle chaque semaine, mais &ccedil;a ne colle pas avec le fait qu'elle dorme &agrave; l'h&ocirc;tel, qu'elle n'ait que du temps libre, et encore moins avec les remarques selon lesquelles Haruyoshi est le seul &agrave; lui avoir adress&eacute; la parole, son seul point d'ancrage... (Remarque : oui, je d&eacute;bats avec moi-m&ecirc;me.)<br />J'ai beau r&eacute;fl&eacute;chir, je ne trouve rien susceptible de fonctionner. Et peut-&ecirc;tre que l'auteure n'a rien trouv&eacute; non plus, mais est-ce que &ccedil;a justifie d'ignorer compl&egrave;tement cet aspect et d'esp&eacute;rer que le lecteur ne s'apercevra de rien ? Erf...<br />Dans le m&ecirc;me ordre d'id&eacute;es, mais moins probl&eacute;matique, il y a aussi le fait que Yuki ne soit pas scolaris&eacute;e et qu'elle aide pourtant sans probl&egrave;me Yoshi pour ses devoirs. Est-ce qu'elle &eacute;tudie seule &agrave; la biblioth&egrave;que depuis des ann&eacute;es afin de garder un semblant de rythme scolaire, de normalit&eacute; ? Ou ce genre de connaissances a-t-il afflu&eacute; en elle quand elle a attrap&eacute; la lumi&egrave;re en m&ecirc;me temps que les informations sur sa propre situation et sur le destin du monde ? Ici, ce n'est pas si g&ecirc;nant de ne pas savoir, mais une petite mention n'aurait pas fait de mal.<br /><br />Quant &agrave; mon probl&egrave;me avec la fin (quoique parler de probl&egrave;me soit un peu exag&eacute;r&eacute;), c'est plus une affaire de ressenti personnel. Parce que dans les faits, le d&eacute;nouement fait preuve d'une certaine justesse. Mais il ne s'agit ni d'un happy end, ni d'une fin tragique mais belle : c'est plut&ocirc;t une sorte de non-fin, o&ugrave; l'absence pure et simple de solution &agrave; la situation de Yuki fait planer une ombre &eacute;crasante sur les aspects positifs, sur la part d'optimisme qui aurait d&ucirc; s'en d&eacute;gager.<br />L&agrave; o&ugrave; d'autres light novels comme ceux de Sugaru Miaki (<em>Parasites amoureux</em> chez le m&ecirc;me &eacute;diteur, <em>Pour trois jours de bonheur</em> chez Akata) ou <em>Ce qu'il reste de nos souvenirs</em> de Natsuki Amasawa (collection Moonlight aussi) parviennent &agrave; faire briller d'&eacute;ph&eacute;m&egrave;res moments de bonheur dans des situations a priori sans espoir, <em>Hello, hello and hello</em> essaie de finir de cette mani&egrave;re mais laisse surtout planer une tristesse lancinante : apr&egrave;s avoir achev&eacute; ma lecture, au lieu de garder en t&ecirc;te les bons c&ocirc;t&eacute;s, j'avais juste envie de me coucher et broyer du noir.<br />D'accord, apporter un vrai happy end rel&egrave;verait un peu de la solution magique sans r&eacute;el fondement, mais si on va par l&agrave;, l'existence m&ecirc;me de Yuki rel&egrave;ve du miracle sans fondement, donc pourquoi pas ? M&ecirc;me une fin cruelle mais d&eacute;finitive (comme Yuki l'envisage sans le dire clairement) me parlerait davantage.<br />Apr&egrave;s, comme je l'ai dit, &ccedil;a reste une question de ressenti. Et malgr&eacute; tout, avec un peu de recul, je peux accepter cette fin... mais honn&ecirc;tement, je n'ai pas envie d'y &ecirc;tre confront&eacute; une deuxi&egrave;me fois, et pour cette raison je ferai l'impasse sur la version manga.<br />Quitte &agrave; prendre l'histoire d'une fille dont le souvenir dispara&icirc;t, le d&eacute;nouement de <em>Rascal does not dream of bunny girl</em> senpai me convient beaucoup mieux !</p> https://www.manga-news.com/public/images/membres/.Voq-iftos_s.jpg 14