The Art of Pokemon Special jp : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 05 Juillet 2016

Dans le paysage Pokémon, différents médiums sortent du lot et se révèlent plus importants que d’autres. Certains ont découvert les monstres de poche par les jeux-vidéo, d’autres par la série animée fleuve qui a désormais dépassé les 900 épisodes, et finalement peu de personnes s’intéressant au manga adaptant toute la franchise vidéoludique, du moins jusqu’à ces dernières années. Pocket Monsters Special, plus connu chez nous sous le titre Pokémon : La grande aventure, a pour mission d’être plus fidèle aux jeux que ne l’est l’anime. La publication démarre en 1997, fonctionnant sur le binôme Hidenori Kusaka au scénario et la dessinatrice Mato pour le côté graphique. Mais celle-ci quitte le projet après neuf tomes, au cours de l’arc Or et Argent, laissant ainsi sa place à Satoshi Yamamoto qui n’a plus quitté le navire depuis. En ressort une série qui s’approche progressivement des soixante tomes au Japon et fonctionnant un peu sur la même formule que Jojo’s Bizarre Adventure : la saga est découpée en cycles (selon les générations et jeux dépeints), un découpage idéal pour l’éditeur Kurokawa qui a repris le flambeau depuis 2011, découpant la fresque en différentes séries indépendantes, après la tentative de Glénat de publier la série entre 2001 et 2002 avant de l’arrêter juste avant la finalité de l’arc Jaune étant donné l’échec commercial cuisant.

Comme pour célébrer les 20 ans de la franchise et presque autant d’années pour le manga, Shogakukan a eu la brillante idée de réunir tous les travaux colorisés de Satoshi Yamamoto au sein d’un seul livre grand format, un artbook riche qui réunit donc des travaux datés entre 2001 et 2016, un bien juste hommage à cette saga dense, passionnante pour son interprétation de l’univers des jeux, même si tous les arcs n’ont pas la même qualité scénaristique.

Le découpage du présent livre est chronologique, démarrant alors sur les premiers dessins couleur de l’auteur sur l’arc Or et Argent. La dessinatrice Mato ayant officié sur les premiers volets, ce n’est donc pas l’ensemble des illustrations couleurs de la série qui sont contenues dans l’ouvrage et cela représente son unique bémol, néanmoins assez important pour nous, francophones, qui avons longuement eu seulement les premiers tomes à déguster, jusqu’à ce que Kurokawa prenne la relève avec Noir et Blanc en 2011. Mais la suite de l’ouvrage est aux petits oignons et satisfait sans aucun mal les adeptes du style de Satoshi Yamamoto. L’ensemble des illustrations est bien là, parfois garni de crayonnés, et le tout se découpe dans un ordre chronologique, évident pour ceux qui suivent les jeux depuis près de vingt ans, tout en apportant le découpage temporel à chaque début d’arc. Pour la plupart, les illustrations ne concernent finalement que les silhouettes des personnages, sur fonds blancs, et très peu de visuel présentent un décor. On apprécie toutefois quelques illustrations de plus belle ampleur imprimés sur des pages dépliables, donnant par ailleurs un peu de relief à l’ouvrage.

Peu de lecteurs le savent mais le mangaka Satoshi Yamamoto n’officie pas seulement sur les différents arcs de Pokémon : La grande aventure. Lui et Hidenori Kusaka sont aussi à l’origine de W Mission Story : Pokémon Ranger – The Comic, une série adaptant les jeux Pokémon Ranger sur Nintendo DS à travers des chapitres disponibles exclusivement sur la toile pour les adhérents du Pokémon Daisuki Club. L’œuvre, bien que courte, se déroulant dans le même univers que La Grande Aventure, tous les visuels couleur prennent part à cet ouvrage qui met aussi à disposition un chapitre entier en guise de conclusion. Pour ceux qui prendront l’artbook en import sans parler le japonais, difficile de comprendre mais cela a pour mérite de nous donner un aperçu de cette petite série parallèle.

Et pour ceux qui se sentiraient perdus face à toutes ces illustrations, une table des matières est mise à disposition en fin de livre, donnant pour chaque visuel sa correspondance dans les volumes reliés. Le tout est suffisamment simple à comprendre pour que même les non-initiés au japonais puissent saisir les informations.

Côté édition, l’artbook présente un grand format appréciable, une couverture souple mais présentant des illustrations inédites (dont le verso apporte quelques petits spoils pour ceux qui n’ont pas lu certaines parties), et arborant un papier couché brillant épais qui rend honneur aux travaux de Satoshi Yamamoto. Sachant que le livre est proposé aux environs d’une vingtaine d’euros (soit 2500 yens), le prix est on ne peut plus abordable pour un ouvrage de cette qualité.

Alors, The Art of Pocket Monsters Special est une mine d’or pour les fans de la saga manga et du trait du mangaka. Certes il manque les illustrations de Mato pour les neuf premiers tomes, mais le tout est suffisamment garni pour satisfaire son lecteur, permettant de revivre des moments phares de la saga sur une édition d’excellente qualité. Les beaux livres autour de Pokémon étant rares, on aurait tort de se priver de ce petit bijou.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction