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The Legend of Zelda - Skyward Sword

Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 30 Décembre 2011

Vingt-cinq ans déjà… Comme le temps passe. Je m’en souviens comme si c’était hier. Un petit être pixellisé genre elfe, porteur d’une épée, sortant d’une grotte, et ensuite, la liberté totale ou presque, dans la limite de notre équipement. On était jeune, innocent, on ne comprenait pas trop parfois ce qu’on devait faire. Pourtant, la mécanique de jeu, l’ambiance, les pouvoirs, l’univers, la musique… Tout nous invitait à persévérer, à y revenir sans relâche. Magie d’un gameplay qui ne s’embarrassait pas d’une mise en scène compliquée et tape-à-l’œil pour nous faire accrocher. C’était une autre époque. Et nous ne le savions pas encore, mais c’était aussi le début d’une nouvelle légende. La légende de Zelda.
Vingt-cinq ans ont passé depuis ce jour, de nombreuses histoires ont été racontées, mais aucune ne s’est vraiment aventurée dans le domaine des origines. Et bien il est aujourd’hui temps. Approchez, approchez, mes enfants, je vais maintenant vous conter comment tout a commencé, comment le preux et courageux Link, pour la première fois il y a cela des centaines d’années avant la toute première aventure, a sauvé la belle et sage Zelda des griffes de son sombre destin.

Tout commence dans une cité dans les nuages, un petit bourg paisible, Célestebourg. Un jeune homme, Link, reçoit la visite de l’oiseau de compagnie de son amie d’enfance, Zelda, qui lui apporte une lettre. Cette dernière l’invite à la rejoindre près de la statue de la déesse, afin de se préparer à passer son examen de chevalier des cieux. Après quelques déboires, impliquant la disparition de sa monture personnelle, Link passe finalement l’épreuve avec succès, ce qui ravit sa douce amie. Celle-ci l’invite alors à une ballade dans les airs. Tout se passait bien, et Zelda semblait sur le point de dire une chose importante à son chevalier, quand tout à coup, une tornade noire se leva, et fit tomber la jeune fille sous la couche de nuages, un endroit interdit pour les habitant du ciel car grouillant de monstres et de créatures démoniaques. Néanmoins, la vie de son amie (qui est même peut-être plus que son amie) était en jeu. N’écoutant que son courage, Link se mit alors en route, armé d’une épée légendaire, que seul un héros élu de la déesse est en mesure de manier. C’est ainsi que commence notre histoire.

Certains trouveront cette introduction lente et longue. Pourtant, cette phase d’exposition est nécessaire. Après tout, nous sommes au commencement, dans un univers un peu à part par rapport au reste de notre saga. Et depuis quand n’avons-nous plus le temps d’écouter une histoire, de nous investir dans un jeu de façon émotionnel ? Pour la première fois peut-être, nous ressentons réellement l’envie de nous lancer à la poursuite de notre princesse, et notre aventure est autant motivée par l’aventure que par notre quête. Zelda est sublime, douce, décidée, aimante, et son statut d’amie efface la distance qu’il y a généralement entre nos deux protagonistes dans les autres opus. Cette incarnation ne fait pas encore partie de la royauté, et la relation entre le héros et sa belle apparaît d’autant plus empathique de notre point de vue de spectateur.

Nous partons donc sur les traces de Zelda, dans le monde en dessous des nuages. Tout de suite, nous retrouvons des marques bien connues dans notre progression. Pas question de changer une formule gagnante, après tout. Une épée, un bouclier, des objets qui s’accumulent et nous permettent d’avancer, divers zones à explorer et qui s’ouvrent au fur et à mesure de notre progression… Cependant, avec les évolutions techniques, la façon de faire vivre Link change de façon adéquate. En bien ou en mal, selon notre perception. Grâce au Wii motion + (impossible de jouer sans une manette disposant du dispositif), pour la première fois, nous avons vraiment l’impression d’incarner notre héros. Coup de côté, coup d’estoc, coup de haut en bas, en diagonal, coup de la déesse, les variations lors de nos joutes prennent une autre ampleur. Les premiers pas sont difficiles, il faut tout réapprendre, et une petite minorité sera laissée sur le carreau, que ce soit par manque d’implication ou d’être affligé de deux mains gauches. Faut-il pour autant désigner le choix de maniabilité comme fautif ? Est-ce que le joueur lui-même n’est pas parfois en cause ? Un temps d’adaptation à une nouvelle expérience fait partie intégrante de l’apprentissage, et du plaisir ressenti une fois les mécanismes maîtrisés. Une fois habitué, on se rend compte à quel point cette façon de jouer devient intuitive et immersive, et constitue sans aucun doute un des gros points forts du jeu. En effet, le motion + est aussi utilisé pour la résolution des énigmes, pour diriger certains objets spéciaux, pour tirer à l’arc (superbe d’efficacité !), pour jouer au bowling avec nos bombes… Et bien sûr, pour les voyages en oiseau. Un vrai bonheur à diriger si on entre dans le trip. Bref, la technologie trouve sa consécration en fin de vie de la Wii. Enfin, seront tentés de dire certains.

Du côté des nouveautés, on note des avancées sympathiques. Notamment une jauge d’endurance lorsque nous piquons un sprint, devons escalader un talus sablonneux, ou que nous restons en suspension, et même parfois quand nous effectuons une attaque (notamment la classique tornade). Il faut donc prendre garde à nos déplacements rapides, afin de ne pas être sans défense quelques secondes face à un ennemi belliqueux. Le scarabée nous permet quant à lui d’explorer notre environnement en trois dimensions, de résoudre des énigmes, et nous oblige à repenser notre façon de résoudre les embûches posées sur notre chemin. De plus, chaque objet ne sert pas que dans le donjon dédié, tous trouvent leur utilité dans le monde extérieur, optimisant encore davantage l’inventaire dans l’aventure. On peut aussi améliorer nos objets (bien pratique) ; notre bouclier n’est plus invulnérable (sauf si on remporte une certaine quête) ce qui nous oblige à bien prendre garde à la façon de parer lors des combats ; et plein d’autres petites choses qui nous poussent à la redécouverte d’une franchise qui a déjà de la bouteille (ou du flacon plutôt). Le saut en plané est également une expérience grisante, pas facile à maîtriser au début, mais vraiment agréable une fois le coup de main pris. De même, le vol sur notre destrier céleste procure une transition rafraîchissante entre nos séances très terre-à-terre de résolutions d’énigmes et de combats, pour peu qu’on aime se balader à ne rien faire et profiter des grands espaces célestes.

Le rythme de l’aventure est d’ailleurs exemplaire. Il y a certes un fil conducteur à suivre, certes le monde que nous pouvons explorer reste somme toute limité, mais l’environnement n’a jamais été aussi bien utilisé. Skyward Sword, c’est le plaisir de la redécouverte, quelques petites surprises qui nous arrivent de-ci de-là, et surtout une sensation de liberté impressionnante, rendue possible grâce aux phases de vol dans le ciel. Le fait que celles-ci soient accessibles aisément grâce aux statues d’oiseau, bien réparties dans chaque niveau, n’y est pas étranger. Pas la peine de se téléporter ou de faire de longue marche dans un environnement vide, un court voyage avec notre piaf, et nous voilà à destination (à moins d’un changement géopolitique dans le niveau, ce qui peut arriver). Il y a toujours quelque chose à faire, et l’impression de lassitude n’est guère ressentie. La transition entre les phases de donjon et d’exploration se permet même parfois d’être fondue en une seule. On ne va plus réellement d’un point A à un point B, tout le jeu nous invite à l’exploration, se fond en un tout harmonieux. Il y a un véritable souffle dans cette aventure, une vraie brise de fraîcheur, magnifié par le graphisme choisi pour cette aventure. On trouve toujours quelque chose à faire, les nouvelles phases de jeu cassent toute répétition, et les quêtes annexes sont nombreuses et variées. Certainement un des Zelda où il fait le mieux se balader, avec Windwaker.

S’il y a bien également un domaine où la série est passée maître, c’est dans le changement d’univers graphique. Chaque aventure propose sa propre patte, qui marquera forcément l’appréciation qu’en auront les joueurs. Les nostalgiques de l’épopée « Ocarina of Time » regretteront toujours cette époque d’un Link « adulte », mais en oublient que Zelda, ce n’est pas le Seigneur des Anneaux. Zelda, c’est avant tout la découverte, l’exploration, la réflexion, l’émerveillement, et seulement ensuite viennent l’action et le scénario. Ainsi, la team responsable du projet a opté pour un rendu qualifié « d’impressionnisme ». C’est-à-dire des couleurs chaleureuses et pastelles sur un modèle assez réaliste et apportant beaucoup de vie. Pour faire simple, un mélange entre « The Wind Waker » et « Ocarina of Time ». Et il faut l’admettre, le rendu est sublime, immersif, et colle parfaitement à l’ambiance et au thème de ce Zelda et de ce que la série a apporté de meilleur dans le jeu vidéo. Du moins sur une TV normale, car il paraît que le rendu sur une TV HD, sans les câbles rendant une bonne transition, est différente. À vous de juger. Mais qu’il est bon de sortir de cette volonté de « réalisme » et de beauté trop parfaite du HD, qui fait se ressembler tous les jeux et manque un peu trop d’émotion et de personnalité.

Du côté du scénario, pas grand-chose à dire, c’est du Zelda. Nous incarnons un élu qui doit sauver une prêtresse, et accessoirement le monde, en affrontant un être représentant le mal à l’état pur. Pourtant, ce Zelda a un petit souffle scénaristique de plus, avec des cut-scènes intéressantes, des personnages très travaillés et attachants (notamment les PNJ, souvent hilarants) et des quêtes annexes pas trop longues et qu’on a envie de mener à bien. Les combats de boss restent toujours un grand moment, courts et pas spécialement difficiles (sauf un pour ma part qui m’a fait enrager, j’avoue…), mais toujours prenants, haletants et gigantesques. Quant au boss de fin, il s’agit sans aucun doute du meilleur affrontement de la série, que ce soit dans sa présentation ou dans sa mise en scène, sans parler du combat en lui-même. Impressionnant et surprenant, les mots me manquent pour vraiment décrire le mélange de tension et de beauté qui ressort de ces quelques minutes de combat. On apprécie d’autant plus la fin une fois le calme revenu, ainsi que la conclusion, sans doute la meilleure et la plus satisfaisante de la saga.

Bref, il n’en ressort qu’un constat, Zelda a bien vieilli, et a su fêter son anniversaire en beauté pour marquer le coup, et nous faire comprendre pourquoi la série fascine encore et toujours nombre de joueurs de tout âge depuis des années.

Graphismes :
Enchanteur, coloré mais pas cartoon, une technique très bien maîtrisée et qui rend superbement bien dans le monde de la légende de Zelda.

Bande-son :
Maintenant qu’on est passé à l’orchestral, les musiques prennent une autre ampleur, et nous font comprendre que les partitions font aussi partie de la légende. Achetez vraiment le jeu en première édition, afin de profitez du CD bonus anniversaire, indispensable.

Durée de vie:
Comptez au moins 40 heures pour tout voir, quêtes annexes comprises. Davantage si vous n’êtes pas un habitué de la saga et de ses mécanismes. Bref, une durée de vie conséquente, ça manque un peu dans les productions actuelles, mais la série reste fidèle à elle-même à ce niveau et nous en donne pour notre argent. À noter qu’un nouveau mode se débloque quand vous terminez le jeu une première fois.

Scénario :
Simple mais passionnant à suivre, grâce à la galerie de personnages attachants, au monde enchanteur, et au charisme de la nouvelle princesse Zelda. Une véritable invitation à l’aventure, qu’on accepte avec plaisir.

Jouabilité :
On adore ou on déteste. Mais ce n’est pas une question de précision ou quoi que ce soit de la part du système, c’est une question de goût et de préjugé, ainsi que de capacité à se remettre en question et à vouloir tenter de nouvelles expériences. La précision est nickel, tout dépend de l’état d’esprit du joueur.

En résumé:
Comme d’habitude, ce Zelda divisera et récoltera de nombreux reproches, émanant toujours des mêmes caractères. Entre les habituels fanas nostalgiques d’Ocarina of Time, ceux qui veulent un environnement adulte, un meilleur scénario, des voix pour les personnages, ceux qui veulent que Zelda soient comme ça et pas autrement… Bref, ceux qui veulent faire rentrer Zelda dans le moule des productions actuelles, et semblent complètement fermés à la nouveauté tout en réclament du changement. Paradoxal.

Pour ma part, j’attends déjà le moment où je pourrais enfiler de nouveau une tunique verte, prendre mon épée dans une main et un bouclier dans l’autre, et partir à l’aventure dans un nouvel univers enchanteur, pour libérer le monde et une princesse (de statut ou de cœur) de la domination d’un être maléfique. Parce qu’il fait vraiment bon de nos jours de retrouver notre innocence et de partir pour une quête qui nous dépasse un peu mais que nous sommes seuls à pouvoir mener à bien.
Si ce Zelda n’est pas parfait (la perfection n'existant pas, et c'est très bien comme ça), il se positionne néanmoins comme un des meilleurs, si pas le meilleur opus de la saga, celui le plus respectueux de l’esprit original de la série. Dans cette optique, autant pour célébrer l’anniversaire de la saga que cette évolution constante et sans cesse en recherche de nouveautés, et pour tout le plaisir procuré au fil de cette année et par cet épisode en particulier, Skyward Sword mérite la note ultime. Et là, tout est dit.

Sorrow

Note de la rédaction
Note des lecteurs