Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 09 Juin 2011

Sorti en France en novembre 2000, Tekken Tag Tournament faisait partie du line-up de lancement de la Playstation 2, aux côtés de Dead or Alive 2, Ridge Racer 5 ou encore Fantavision (on ne rit pas). Tekken Tag s'est écoulé à presque 4 millions d'exemplaires dans le monde. A-t-il fait avancer la saga ou n'a-t-il été qu'une vitrine des capacités de la Playstation 2, un produit conçu pour les fans, ou une commande de Sony pour pouvoir accompagner sa nouvelle console de jeux qui tenaient à peu près la route ? On est évidemment tenté de pencher vers les dernières options.

S'agissant du scénario, pour pouvoir proposer tous les personnages connus jusqu'à présent, les développeurs ont fait le minimum. On retrouve donc pour chaque personnage une séquence de fin conçue à partir du moteur du jeu. Toutes ces séquences tentent de rester dans la logique des histoires des précédents volets (Jun apaisant son fils, entraînement entre Armor King et King etc...) mais la déception est de mise. D'une part, Tekken Tag ne dispose pas de son propre scénario, et les nouveaux venus ne sauront pas interpréter ce qu'ils ont sous les yeux. D'autre part, ces séquences sont peu impressionnantes d'un point de vue technique et la même musique de fin insupportable revient sur chacune d'entre elles. Enfin, elles n'apportent rien à la mythologie : les développeurs sont même en plein paradoxe, puisque les anciens personnages n'ont pas vieilli (on peut ainsi voir, et les exemples sont multiples, une Michelle Chang presqu'aussi jeune que sa fille Julia...). Seules l'introduction et la cinématique de fin du boss du jeu, baptisé sobrement « Unkwown », sont en images de synthèse. Les développeurs de Capcom se sont autocensuré en matière de narration, puisque ce boss de fin devait à l'origine être la jeune soeur de Jun Kazama... La version finale du jeu n'apporte au contraire que guère de précisions sur cette entité.

Passée la déception de l'histoire, qui ne sert même pas de prétexte tant elle est absente, il faut voir si le gameplay est plus satisfaisant. Tekken Tag se distingue sur deux points : la toute nouvelle possibilité d'avoir recours à des combos effectués par deux personnages (la fonction Tag) et des protagonistes en nombre très important.

Le système de combat est modifié. Ce Tekken est basé sur le combat en équipe. Dans le mode Arcade, il faut donc toujours sélectionner deux personnages. Au cours d'un combat, le joueur peut changer de personnage à tout moment et ainsi déclencher des combos originaux, voire des projections inédites, qui infligent forcément davantage de dégâts puisqu'elles sont réalisées par les deux personnages et plus difficiles à maîtriser. Quelques heures d'entraînement seront donc nécessaires pour s'habituer à ce nouveau type d'enchaînement. En début et en fin de combat, on saluera les clins d'oeil faits aux fans lorsque certains personnages sont ensemble (Heihachi Mishima donnant la fessée à son fils adoptif Lee Chaolan, la complicité entre King et Armor King etc...). Pour autant, du point de vue strict du gameplay, on regrette que ce nouveau type d'enchaînement ne propose au final que si peu de combinaisons. A titre comparatif, Dead or alive 2, sorti en même temps que Tekken Tag disposait d'un mode de jeu Tag Team Battle bien plus complet ! Un comble car Dead or alive 2 n'a pas été conçu pour le Tag contrairement à cet épisode de Tekken. Le jeu de Namco perd ainsi beaucoup de sa crédibilité face à une concurrence qui faisait mieux. Un mode « un contre un » reste disponible pour les nostalgiques. L'autre maigre nouveauté est la mise en avant de la notion d'endurance, puisque les attaques d'un personnage sont renforcées lorsque la jauge de vie est proche de zéro (cela rappelle la fonction « rage » qui apparaîtra dans Tekken 6).

Tekken Tag ne se rattrape pas avec la diversité de ses modes de jeu, puisqu'on a affaire à du classique : Versus, Team Battle, Time Attack, Survival, Practice. Le mode bonus est le Tekken Bowl. Ce dernier est tout juste sympathique (le Tekken Ball de Tekken 3 était indéniablement plus amusant et fun) : il s'agit d'un jeu de bowling dans lequel, avec un minimum de précision avec les curseurs présents à l'écran, on doit dégommer toutes les mini-quilles dont le bout rappelle la tête de Heihachi Mishima.

Tekken Tag assume son côté fan service en réunissant l'ensemble des personnages apparus dans la saga, quand bien même les scénarios des épisodes précédents affirmaient que certains étaient décédés. Allant contre la logique de leur mythologie pour satisfaire le chaland, Tekken Tag fait donc office de véritable compilation : 39 protagonistes sont jouables. Seul Gon (spécifique à Tekken 3) de même que des anciens (King et Kuma premiers du nom, Marshall Law, qui n'ont pas besoin de revenir étant donné que leurs successeurs sont présents) sont absents. C'est regrettable pour le petit dinosaure orange, qui avait été si apprécié dans Tekken 3. Deux nouveaux personnages apparaissent : l'un est purement anecdotique, Tetsujin (version métallique de Mokujin). L'autre est beaucoup plus classe, et on regrette d'ailleurs que les développeurs ne l'aient pas exploité dans les épisodes suivants (plutôt que d'inventer des monstres toujours plus puissants avec des combats de fin arbitraires) : Unknown a l’apparence d’une jeune fille possédée par un loup-garou. Pour autant, ce personnage, comme Mokujin, ne fait qu'imiter les styles de combat des autres personnages (dont on peut changer via une combinaison de touches contrairement à Mokujin). Par conséquent, rien de neuf à se mettre sous la dent dans la palette des coups : beaucoup de personnages font doublon, et Unknown reprend tous les styles...

Dernière critique : le système des décors de fond précalculés pour les arènes de combat commence à montrer des limites. Malgré la sensation d'immensité, la surface de combat est en réalité très restreinte, et on ne manquera de pester lorsque l'on restera bloqué lors du déclenchement d'un combo en équipe. Il y a bel et bien un décalage entre l'arène sur laquelle on joue et le décor précalculé en fond (quand on se déplace, notamment avec en sidestep, c'est l'arène qui tourne, l'articulation entre les deux surfaces étant perfectible, sachant que cet aspect était déjà problématique dans Tekken 3 avec un décalage graphique entre le sol et le fond...). L'animation reste qui plus est assez statique. On est loin du fossé qui séparait Tekken 2 de Tekken 3. La fluidité est ici juste augmentée par rapport à celle de Tekken 3. Notons malgré tout que le moteur graphique n'a pas manqué d'impressionner à l'époque. Finesse et détails étaient au rendez-vous pour les personnages, les décors étaient magnifiques, les effets de lumière saisissants.


Graphismes : Le moteur graphique avait de quoi séduire fin 2001, et reste encore plutôt agréable (sachez qu'une version HD de Tekken Tag est annoncée sur Playstation 3).

Durée de vie : La palette de personnages constitue le principal intérêt de Tekken Tag, qui ne propose hélas que peu d'innovations dans les modes de jeu.

Bande-son : Les musiques sont dynamiques et les bruitages satisfaisants. On regrette que la musique s'appliquant à toutes les séquences de fin soit aussi... nulle.

Jouabilité : Le Tag est loin de tenir toutes ses promesses, avec des enchaînements en équipe en nombre réduit. De plus, la vitesse n'est pas la qualité première de la série, qui souffre du mode 50 hertz.

Scénario : On aurait vraiment apprécié que des efforts soient faits pour justifier l'apparition de tous les personnages. Mais rien n'est fait. Pire, les séquences de fin des personnages sont parfois exaspérantes, et seront incompréhensibles pour le non initié à la saga Tekken.

Tekken Tag Tournament, c'est un peu (beaucoup ?) le Tekken 3 HD et le Tekken fan service sorti pour faire vendre la Playstation 2. Avec un gameplay plat, un scénario absent et quelques problèmes techniques, on ne pouvait compter que sur les graphismes et les personnages pour être satisfait. La franchise Tekken Tag va pourtant être relancée, puisqu'un second épisode va sortir prochainement. Gageons qu'il sera sans doute plus soigné que son aîné sur l'ambiance et la maniabilité.
 
 
Test réalisé par Rogue Aerith

Note de la rédaction
Note des lecteurs