Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Mardi, 09 Janvier 2018

En novembre 2016 sortent les jeux Pokémon Soleil et Pokémon Lune, deux versions destinées à la 3DS de Nintendo marquant l'arrivée de la septième génération des monstres de poche. S'il fut un temps où la formule Pokémon semblait acquise, deux versions d'une génération étant suivie par un jeu complémentaire, puis d'éventuels remake de générations précédentes, ce n'est plus forcément le cas depuis la fin de l'ère Nintendo DS. Pokémon Noir et Pokémon Blanc n'ont pas eu de version complémentaire mais une suite aussi scindée en deux versions, Pokémon Noir 2 et Pokémon Blanc 2, quand Pokémon X et Pokémon Y n'ont tout simplement rien eu de plus, faisant de la sixième génération la moins exploitée de l'univers. Formule incertaine pour Soleil et Lune donc, jusqu'à ce que Nintendo et Game Freak dévoilent en juin 2017 une flopée de nouveaux jeux, dont Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune. Leur nature reste incertaine pendant un moment, au vu des premiers trailers : Suites ? Versions complémentaires ? Les vidéos promotionnelles qui suivent confirment la deuxième option, avec quelques différences : Ultra-Soleil et Ultra-Lune (ou USUL pour faire plus court) sont des versions complémentaires avec un scénario remanié, pouvant être considéré comme alternatif aux jeux de base. Il faut dire que le concept des dimensions, instauré depuis la quatrième génération, est un peu l'excuse simple mais efficace pour apporter de nouvelles variations et des changements d'intrigues sans se soucier de la cohérence globale. On sait alors qu'il existe une dimension sans les Méga-Évolutions, celle forgée par les 5 premières générations qu'on a connu, et une où ces transformations particulières ont été découverte. On s'égare un peu, mais ce point de l'univers ne sera pas si anodin dans l'évolution du scénario d'USUL.



Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune sortent presque un an après les opus précédents, jour pour jour. Soleil et Lune ayant été appréciés mais ayant aussi déçus nombre de fans, pour leur côté dirigiste, l'absence de pokédex national ou encore l'univers pas assez exploité, la crainte de ces nouveaux épisodes existaient, bien que la sortie de nouvelles versions Pokémon reste toujours un événement en soi. Mais aussi parce que Nintendo fait les choses de manière à caresser les fans dans le sens du poil, promettant nombre de choses dans ses trailers et en enrobant le tout d'une belle édition collector incluant boite cartonnées solide et steelbook. Des ajouts ont ainsi été promis, et c'est ce qui pouvait attirer l’œil en plus des points de scénario supplémentaires qui annonçaient un diptyque de versions allant plus loin que les précédentes. Et c'est totalement le cas : Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune peuvent être considérées comme des versions bien plus aboutie sur bien des moins, mais font aussi passer Pokémon Soleil et Lune comme des versions d'essai, comme si Game Freak avait privilégié une politique plus que jamais mercantile à l'expérience de jeu pure.

Les joueurs de Soleil et Lune ne sont donc pas pris au dépourvus au lancement du jeu, qui conte une histoire quasi identique. Le joueur incarne un jeune garçon venant du Kanto, et aménageant sur l’archipel d'Alola, réputé pour son climat tropical et son ambiance chaleureuse. Après avoir été aux prises avec un pokémon sauvage, vous choisissez votre compagnon de départ avant de vous lancer dans le Tour des Îles, un voyage équivalent à la conquête des arènes des autres régions, mais consistant à remporter des épreuves variées et affronter des Pokémon dominants, plutôt qu'affronter des champions d’arènes. A vos côtés, plusieurs compagnons qui réapparaitront souvent (et toujours un peu trop) : Lili, une jeune fille frileuse à l'idée des combats et qui veille sur une pétite créature du nom de Cosmog, Tili, votre rival et ami qui voit dans les affrontements de Pokémon un moment de franche rigolade, et le professeur Euphorbe, l'expert Pokémon local plutôt haut en couleurs. Sur votre route, des capitaines d'épreuves qui vous permettront de compléter votre Tour des Îles, un institut veillant à la protection des Pokémon, et la team Skull, sans vrais idéaux et juste composée de racailles qui aiment faire les 400 coups. Tout un programme, donc.



L'histoire étant rappelée, autant dire que le pitch de base ne propose rien de neuf. Une scène d'introduction différentes, quelques changements par-ci par-là et des évolutions de personnages parfois légèrement différentes, mais rien qui permettre une aventure nouvelle pour celui qui a joué aux versions précédentes. L'épopée au sein d'Alola reste alors la même que dans les versions initiales, jusqu'à la moitié de votre périple sur la dernière île, environ. Il faudra attendre le climax qui entoure les légendaires pour voir qu'un véritable changement opère, et que les enjeux se révèlent bien plus émoustillants. Là où Solgaléo et Lunala n'avaient qu'une place mineur dans Soleil et Lune, leur rôle est plus important ici. Les deux créatures ne semblent pas sorties de nulle-part et jouent un rôle dans le récit qui entoure Necrozma, véritable adversaire de cette intrigue. Il en va de même pour les ennemis humains du jeu dont les actions sont mieux amenées et dont les changements apportent un réel développement. Dès que le fameux passage autour des légendaires a lieu, l'aventure devient différente et innovante, y compris dans certains éléments d'aventure qui, enfin, exploiteront le concept de dimensions, de manière assez agréable même, par le biais d'un mini-jeu, ce qui vous permettra ultérieurement de mettre la main sur les différentes créatures légendaires de la saga, comme les versions Rubis-Omega et Saphir-Alpha l'ont fait en 2014.
Une fin de scénario un peu plus motivante, donc, et un nouvel arc scénaristique post-ligue qui avait de quoi faire frétiller ceux qui ont connu les différentes générations de la saga. Ainsi, l'épisode Rainbow Rocket vous proposera des retrouvailles avec la totalité des anciens chef de teams ennemis. Un programme enthousiasmant sur le papier qui mais révèlera vite ses limites : un donjon un peu longuet et sans saveur si ce n'est faire dans le fan-service en jouant sur les mécaniques des différents repères de la Team Rocket dans les deux premières générations, et une grande maladresse dans la manière de justifier le retour de ces ennemies anthologiques. Au final, on a l'impression que Game Freaks s'est forcé à créer un récit sans réelle saveur, dans le simple but de se mettre les fans nostalgiques dans la poche. C'est bien gentil, mais ça ne suffit pas. Heureusement que l'épisode Rainbow Rocket propose un challenge satisfaisant, aussi il faudra parfois faire preuve de stratégie pour venir à bout des anciens chefs de teams, des adversaires surpuissants et redoutables pour quiconque choisirait de faire l'aventure sans le multi-exp.



Et du challenge, Ultra-Soleil et Ultra-Lune en proposent plus qu'auparavant, du moins pour ceux qui n'utiliseraient pas à tout va le multi-exp. Ainsi, rester au niveau demandera un entretien de votre équipe mais aussi que vos compagnons constituent une team équilibrée, voire même stratégique lors de certains combats vers la fin. Un bon plus pour ceux qui réclameraient du challenge, aussi USULvous demandera peut-être de vous y reprendre à plusieurs fois contre un adversaire.
Ceci ajouté à un scénario plus riche et un arc post-ligue supplémentaire, Ultra-Soleil et Ultra-Lune offrent une durée de vie tout à fait confortable. A noter que le périple autour de l'arbre de combat est resté intact, notamment une fameuse rencontre qui, pour le coup, constituait un élément de fan-service sympathique. Là où X et Y se sont démarquées par leur incroyable vide d'après-ligue, USUL offre énormément de choses à faire, des lieux à visiter après l'aventure, une multitude de légendaires à capturer, et tout un tas de mini-jeux à parcourir. On citera par exemple le surf à dos de Démanta, qui semblait n'être qu'un gadget dans les bandes-annonces mais qui se révèle finalement très addictif et permet de remporter quelques objets appréciables. L'application photo de Motisma se trouve enrichie aussi, tandis que la Place Festival offre un nouveau challenge : un mode où vous combattrez avec des Pokémon stratégiques empruntés à autrui, histoire de proposer un tout nouveau type d'expérience. Il y a aussi la très sympathique quête des autocollant de dominants, poussant le joueur à bien explorer chacune des villes, non sans récompenses puisque la possibilité de mettre la main sur des créatures aussi coriaces que des pokémon dominants sera donnée. Ajoutons à ça le nombre encore un peu plus grand de Pokémon, notamment parce que de nouvelles Ultra-Chimères sont de la partie, vous obtenez des versions beaucoup plus riches que les précédentes. Jamais il n'aura été possible de faire autant de choses dans un Pokémon, aussi il est possible de passer des dizaines de dizaines d'heures dans l’archipel d'Alola, sans forcément se lasser.



Pourtant, tout n'est pas que qualité dans la manière d'améliorer les épisodes précédents. Oui, quelques environnements sont retravaillés, la première île est même beaucoup plus jolie, mais on aurait aimé quelques évolutions plus transcendantes. L'un des nouveaux lieux, l'Ultra-Métropole, est totalement dans l'idée futuriste et SF qu'on a des mondes derrière les Ultra-Brèches, mais c'est un lieu dont l'exploration sera inexistante puisqu'il n'y a qu'un seul objectif à un remplir, le jeu ne nous donnant pas la possibilité de l'explorer plus que ça. Enfin, les combats en multi saccadent presque toujours autant, et la console a toujours du mal à gérer un affrontement à plus de deux Pokémon. Problématique sachant que ce défaut persiste depuis les versions X et Y.
Enfin, notons que les défauts scénaristiques de Pokémon Soleil et Pokémon Lune restent présent. Tili peut avoir tendance à agacer par son comportement, même si le personnage réserve de bonnes surprises sur la fin, la team Skull est toujours aussi inintéressantes, et le jeu conserve ce côté dirigiste frustrant, nous empêchant d'aller un peu trop loin, donnant l'impression d'une ligne droite à suivre. Un côté plus ou moins présents dans les jeux précédents, mais qui ne poussaient pas à un tel point la sensation d'être assisté. On espère que Game Freaks fera évoluer cet aspect dans les prochains jeux.



Alors, quel bilan retenir de Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune ? Une certaine satisfaction dans les éléments nouveaux apportés et le fait qu'il s'agisse de deux versions très complètes. Objectivement, en ne jugeant que les deux jeux pour ce qu'ils sont, on a l'idée de versions complètes et proposant une grande aventure pleine de possibilités. Mais reste qu'il s'agit de versions complémentaires, et on reste frustrés de ne pas avoir eu les deux choses dès le départ, donnant l'impression que Soleil et Lune n'étaient que des versions non-aboutie. C'est rageant, d'autant plus qu'Ultra-Soleil et Ultra-Lune ne sont pas exempt de défauts, ne serait-ce cette impression que le fan-service est beaucoup trop poussé, une tentative bien maladroite d'acheter les fans nostalgiques. Un bilan globalement bon pour deux versions qui ont toutefois leurs limites, notamment leur place au sein de la septième génération. Oui, on prend plaisir à parcourir une nouvelle fois Alola, mais on s'ennuie d'abord un certain temps à refaire une grande partie de l'aventure, sans modification, à peine un an après les jeux précédentes. Peut-être que la formule serait mieux passée si un seul jeu avait été vendu en tant que pure version complémentaire, sans avoir le cul entre deux chaises. Certains fans n'ont pas voulu tomber dans le panneau, et on ne peut malheureusement pas leur jeter la pierre. Pourtant, il s'agit de nouvelles versions Pokémon, alors il est tout naturel de vouloir tenter l'aventure, ne serait-ce pour découvrir ce que ces nouvelles montures ont à nous offrir.
  

Chroniqueur: Takato


Note de la rédaction
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