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Le test du jeu video:

Publié le Lundi, 23 Avril 2012

Sorti sur Playstation 2 en janvier 2006 au Japon et deux mois après aux Etats-Unis et en Europe, Onimusha : Dawn of dreams est le quatrième opus de la saga. Onimusha devait être à l'origine une trilogie, mais Capcom a décidé de relancer sa série grâce à ce Dawn of dreams. Cet opus en forme de « reboot » a été injustement boudé et demeure assez méconnu des joueurs, d'autant plus qu'il a dû succéder à la déception cruelle que fut pour beaucoup Onimusha 3. Chaque nouvel épisode de la série ne représentant que 60% du chiffre d'affaires du précédent, les ventes de ce Dawn of dreams ont été décevantes par rapport à celles des deux premiers volets notamment. Dawn of dreams a sans doute coupé l'envie à Capcom de faire revivre sa licence sur la génération actuelle. Pourtant, cet épisode était séduisant à plus d'un titre.

Les développeurs ont enfin eu le courage de remanier complètement certains aspects forts de la série, pour un résultat payant, c'est évident ! Et contrairement à Onimusha 2 et 3, ce Dawn of dreams renoue enfin avec l'ambiance que l'on avait tant appréciée dans le tout premier volet.

Le retour au médiéval-fantastique représente un plaisir énorme, avec une forte empreinte graphique nippone, notamment grâce à des environnements sublimes : les cerisiers en fleurs, la pluie qui s'abat sur un village de paysans morts-vivants, des champs de bataille...

Comme dans Onimusha 3 (dont c'était bien la seule grosse réussite, c'est dire...), la cinématique d'introduction est grandiose. Mais en plus de cela, sa puissance narrative ne pourra être perçue que quelques heures après, lorsque le scénario aura levé le voile sur certains points. Car si cet épisode est en théorie strictement séparé de la trilogie originale, vous verrez rapidement que les références aux précédents volets sont nombreuses. Trop classique a priori, l'histoire de Dawn of dreams est pourtant remplie de rebondissements. Et pour bien profiter de toutes les révélations, mieux vaut donc connaître les précédents volets. Les développeurs de Capcom ont en fait repris une des forces du deuxième volet en l'améliorant : un nombre important de personnages jouables aux destins et passés différents. Le rythme du jeu ne s'emballe d'ailleurs réellement qu'à partir du moment où les cinq personnages sont rassemblés, le début étant un peu mou malgré un premier niveau excellent avec un combat contre un titan nippon en armure !

Faisons maintenant un petit tour d'horizon des personnages rencontrés (et jouables, nous le verrons plus tard) lors de l'aventure.

Commençons par le personnage principal, Soki. Ce personnage paraît plutôt terne mais une fois sa véritable identité révélée, il prendra une toute autre ampleur. Ce personnage ténébreux veut abattre le successeur historique de Nobunaga, Hideyoshi Toyotomi, tout aussi belliciste que son prédécesseur. Cette quête passe aussi par la destruction de mystérieux cerisiers gigantesques. Abattre des cerisiers, des symboles nippons, n'est pas anodin, et vous verrez que le scénario recèle bien des surprises. Passons aux autres personnages. Ohatsu est sans doute le personnage le plus marquant, fun à jouer et intéressante dans son histoire personnelle : une bien belle guerrière dotée d'un fusil et d'un grappin. Roberto est étranger et se bat à mains nues (ce qui constitue une des meilleures nouveautés en termes de gameplay), mué par un désir de vengeance envers son père. Jubei est une jeune ninja aux apparences fragiles mais en réalité vindicative. Le dernier personnage est Tenkai, un moine expert dans le maniement de la lance. Caricaturaux, ces 5 protagonistes ? On se croirait dans un petit seinen à l'époque des samouraïs qui n'a pas su se réinventer, n'est-ce pas ? Pas faux... au début du moins, car les rebondissements du scénario valent vraiment le coup comme dit précédemment, sachant que Tenkai est sans conteste le personnage le mieux écrit.

Cet Onimusha nous propose donc de jouer avec plusieurs personnages aux personnalités diverses et maîtrisant chacun un art martial précis. Le gameplay paraît assez restreint et pauvre au début, mais cet épisode est vraiment celui de la montée en puissance, sur tous les points (histoire et gameplay). Cette montée en puissance est un peu trop rapide d'ailleurs, le joueur étant trop souvent obligé à retourner dans les niveaux précédents pour faire le plein d'orbes et d'objets de soins, la courbe de progression étant assez arbitraire (des boss vraiment pas évidents à surclasser, des checkpoints mal placés obligeant à recommencer beaucoup de passages).
Sur tout le reste cependant, Dawn of dreams est beaucoup plus équilibré que les trois volets précédents. Brillant par son homogénéité et sa cohérence, ce qui faisait défaut à la saga jusqu'à présent, il fait un véritable pas en avant au niveau de l'innovation. Voyons à présent les différentes branches du gameplay ayant profité de la volonté de changement de Capcom.

La progression n'est plus aussi linéaire, avec une alternance combats/énigmes plus marquée, et une durée de vie vraiment augmentée avec 17 niveaux. Le contraste entre extérieurs ouverts et vastes et intérieurs clos se fait encore plus sentir qu'avant. Les batailles en extérieur vous donneront quelques sensations grisantes : il y a dans cet Onimusha des rappels aux ambiances magnifiques de nos films et mangas favoris. Ainsi, même si les capacités de la Playstation 2 étaient encore un peu limitées, cet Onimusha donnait un début d'impression de revivre des combats figurant dans les films d'Akira Kurosawa ou de Vagabond de Takehiko Inoue, le côté fantastique en plus. Et cette impression, hélas, on ne l'a pas retrouvée depuis (les Warriors Orochi sur la génération actuelle sont trop laids et mal scénarisés pour ça !).

Les armes pouvant être acquises puis améliorées sont beaucoup plus nombreuses qu'auparavant. Au niveau des bases du gameplay, il n'y a pas de changement, puisqu'il faut toujours absorber les âmes des ennemis vaincus pour les redistribuer via le système d'amélioration dans l'équipement. De même, il est toujours possible de descendre dans une dimension infernale, le Dark Realm ici, pour éprouver vos capacités. Et dans la continuité, la transformation en Onimusha pour les cinq personnages est encore possible, même si le personnage principal Soki profite plus de cette capacité que ses congénères (transformation totale, plus de puissance).

Mais ce Dawn of dreams propose une nouveauté qui change réellement la perspective du gameplay Onimusha tel qu'on le connaissait jusqu'à présent : l'apparition d'un deuxième héros directement à l'écran. Ainsi, après avoir croisé certains personnages avec votre héros principal, Soki, ceux-ci deviendront jouables ou pourront combattre à vos côtés (on peut changer d'allié à chaque borne de sauvegarde). Mais tout ceci n'est pas aussi rudimentaire que dans Onimusha 2, puisque le joueur a un véritable pouvoir décisionnel sur les alliés désormais. Un système de commandement nous permet de choisir l'attitude des alliés, pour nous aider en attaque ou les mettre en retrait par exemple. Certes, le système n'est pas aussi élaboré que les gambits de Final Fantasy XII (d'une part, Onimusha n'est pas un RPG, d'autre part, les gambits de FFXII reste encore aujourd'hui un modèle d'ergonomie). L'ensemble se révèle pourtant très simple et efficace, donnant une variété certaine au gameplay avec des possibilités de combos inédites. Il sera de toute façon nécessaire d'utiliser tous les personnages lors de l'aventure, car ce sont leurs capacités spéciales qui permettent d'avancer. Cependant, en combat, l'IA est imparfaite, et on enrage de voir son allié se lancer tête baissée à l'attaque en bourrinant... sachant que cet allié tombera le plus souvent sous les coups d'ennemis qui se situent en-dehors de votre champ de vision. L'autre nouveauté majeure tient en effet à la caméra, qui peut être contrôlée par le joueur dans les environnements vastes et redevient fixe dans les endroits clos. L'ensemble n'est pas totalement au point lors des combats puisque l'allié peut faire un peu n'importe quoi, mais on en finit enfin avec la maniabilité calquée sur les Resident Evil des précédents volets...

Pour remédier aux désagréments relatifs à la caméra, Capcom aurait été inspiré de proposer un vrai mode deux joueurs... Malheureusement, une drôle d'idée a été privilégiée : la jaquette précise qu'aucun mode de ce type n'est disponible, mais le joueur, en effectuant une petit manip' lui-même à partir de l'écran-titre, peut débloquer ce qui fait office de mode deux joueurs. Il ne s'agit pas de jouer en écran partagé : le joueur 2 devra suivre à la trace le joueur 1 sur lequel la caméra reste axée (oui, comme dans Sonic 2...). La première déception de cet Onimusha se situe là...

Au niveau des plus petites nouveautés qui sous-tendent le changement, notons l'apparition de menus très classes. Tout est fait dans le moindre détail pour nous plonger dans l'ambiance. Il y a aussi des « tests de bravoure » vraiment agréables, qui permettent de faire l'acquisition d'objets rares grâce à des missions précises : protection des habitants, annihilation d'ennemis en un temps chrono... On trouve aussi « le repaire des braves », un lieu qui permet de faire la transition entre les chapitres. Cela ne vous rappelle rien ? Et bien oui, cela ressemble un peu aux villages d'Onimusha 2, qui servaient de transition eux-aussi. Ce qu'Onimusha 2 a inventé, Onimusha : Dawn of dreams l'améliore et le formalise.

Graphismes :
Onimusha Dawn of dreams mêle la cohérence de l'ambiance du premier volet à la diversité des environnements du second. Les quelques clins d'oeil à la trilogie originale avec le retour de certains décors sont bien choisis.

Sons :
Capcom a opté pour un thème principal décliné sous plusieurs formes dans le jeu, ce qui est classique mais efficace. Le doublage anglais est encore là, en lieu et place des voix nippones. Heureusement, on évite la catastrophe d'Onimusha 2. On se situe plutôt ici sur le même niveau que le premier volet, à savoir correct.

Maniabilité :
La maniabilité est enfin au niveau des exigences des standards du jeu d'action. Fini les personnages trop lourds et les angles de caméra fixes. Malgré une volonté évidente de changement et d'amélioration sur tous les points, la principale tare d'Onimusha reste néanmoins, sans aucun doute, d'avoir été entouré de nouveaux concurrents plus forts que lui (qui a dit God of War ?), alors qu'il constituait à ses débuts le seul jeu du genre.

Durée de vie :
Là aussi, Capcom a pris en compte les attentes des joueurs : Dawn of dreams fait plus de 20 heures de jeu minimum ! Bon, 3 à 4 heures d'entre elles seront consacrées à des retours dans les précédents niveaux pour faire du level-up, mais quand même, Capcom a fait un véritable effort. Cela justifie bien 2 DVD, d'autant que le développeur nippon n'a pas été avare en cinématiques en images de synthèse (les précédents volets impressionnaient par leur qualité mais pas par leur nombre, on a enfin les 2 !).

Scénario :
L'histoire alterne entre cinématiques en images de synthèse et cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu, dont certaines ne comprennent pas de voix mais sont de simples dialogues. L'ambiance médiévale-fantastique étant de retour, et les personnages réservant beaucoup de surprises, le scénario est très satisfaisant.

En résumé :
Au final, en dépit de son statut de challenger et non plus de dominant dans le genre, de seuils de difficulté pas forcément très logiques et de quelques choix peu opportuns (un faux mode deux joueurs caché, des angles de caméra piégeurs...), ce Dawn of Dreams est le plus équilibré de la série avec Onimusha 2, mais pas forcément le meilleur, cela dépend des goûts. On s'étonne que Capcom n'ait pas pensé à nous proposer depuis une compilation comprenant soit la trilogie originale, soit les cinq jeux de la licence (la trilogie originale augmentée de ce très bon Dawn of dreams et de l'anecdotique Blade warriors) au format « HD collection », étant donné que c'est la mode ces dernières années. Et on attend toujours des nouvelles d'une relance de la licence sur cette génération de consoles... ou la prochaine.

Rogue Aerith

Note de la rédaction