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Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 19 Février 2016

Camelot, retour sur un studio mythique

Longtemps associé à la série des Shining de Sega, Camelot Software Planning a pris son indépendance en 1995, avec l'arrivée de l'ère 32 bits. Développant à la fois sur PlayStation (Beyond the Beyond) et sur Saturn, c'est sur cette dernière que le développeur délivra quelques uns de ses plus grands jeux, tels que Shining Force III. Pourtant, le partenariat avec la firme au hérisson bleu prit une fin sinistre à l'orée 1999... La raison : Sega voulait revenir sur le devant de la scène avec une nouvelle console, la Dreamcast, et laisser les fantômes de son passé derrière lui, qu'ils soient bons ou mauvais. Alors en pleine finalisation des scénarios 2 et 3 de Shining Force III, Camelot se vit ainsi abandonné par son ancien allié, plus occupé à courir après une couronne perdue, quitte à délaisser les jeux qui marchaient encore sur son système au Japon. Les fondateurs de Camelot, les frères Takahashi, prirent donc la décision de mettre un terme à leurs relations avec Sega, pour embrasser la concurrence directe de l'époque : Nintendo.

Une nouvelle série de RPGs fut rapidement mise en chantier sur la Nintendo 64, mais voyant le déclin progressif de cette dernière et l'arrivée de la Nintendo GameCube, Camelot décide de changer de plateforme et commence à exploiter la nouvelle console portable de Big N : la Game Boy Advance. Le premier août 2001, moins de cinq mois après la mise à disposition de la GBA au Japon, Golden Sun sort dans les bacs et rencontre un énorme succès, grâce à son côté old-school, son scénario original et ses graphismes magnifiques... Moins d'un an plus tard, sa suite, Golden Sun : L'Âge Perdu suit le même chemin, tout en offrant une continuité parfaite avec la première aventure. Une franchise est née.

Seulement, les années passent et après une localisation européenne en 2003 pour le second Golden Sun, c'est le silence radio pour une éventuelle suite. Rien, jusqu'en 2007, avec les premières images "volées" de Golden Sun : The Solar Soothsayer, qui montrent des joueurs s'essayer à un jeu sur des bornes Nintendo DS en plein salon ! Malheureusement pour les fans, le jeu se révéle n'être qu'un canular au bout de quelques semaines, apparemment créé de toutes pièces par un fan qui souhaite voir la série revenir sur le devant de la scène médiatique. Il faut attendre encore deux ans pour qu'à l'E3 2009, Reggie Fils-Aime, PDG de Nintendo of America, annonce l'arrivée tant attendue de Golden Sun DS pour une sortie prévue en 2010. Une nouvelle année s'écoule alors sans qu'aucun détail ne filtre sur le jeu, et c'est finalement lors d'un autre E3 que le nom de Golden Sun : Dark Dawn est enfin officialisé.



L'aventure continue...

Notre histoire se déroule trente ans après les événements survenus à la fin de Golden Sun : L'Âge Perdu. Vlad, Garet, Sofia et Ivan ont bien grandi et ont eu des enfants, alors que le monde de Weyard se métamorphose tout autour d'eux, sauvé par leurs actions et l'avènement du soleil d'or. Cependant, ce qui était à leur yeux bénéfiques ne l'est plus forcément pour tout le monde, et partout en dehors du village de Val, le soleil d'or n'est qu'une malédiction n'ayant causée que malheurs et catastrophes...

Vous incarnez le fils de Vlad, Matt, accompagné de ses fidèles acolytes Terry (le fils de Garet) et Kiara (la fille d'Ivan), dans une quête à première vue bien futile en comparaison des enjeux évoqués dans les précédents volets : il vous faut en effet récupérer une plume d'un oiseau légendaire, le Rokh, pour réparer une sorte de deltaplane (ici stylisé en deltaplume). A première vue, cet objectif semble bel et bien tiré par les cheveux, mais bien entendu, ce n'est qu'un prétexte pour embarquer nos jeunes héros pour leur première grande aventure sur le continent d'Angara. Ils découvrent bien vite qu'une nouvelle menace se profile, avec un nouveau clan psynergique à la clé, et la "résurrection" d'un protagoniste néfaste, bien connu des fans (la supercherie est similaire au déguisement de Pavel dans le premier Golden Sun pour vous donner une petite idée).



Attrapez-les tous !

Obscure Aurore choisit à nouveau d'exploiter les djinns, ces petites créatures pokémonesques élémentaires, en mettant l'accent sur l'aspect collection de ces dernières. Il y a en effet 72 de ces petites bestioles à récupérer pendant vos pérégrinations, soit 18 de chaque élément : Vénus (Terre), Mars (Feu), Mercure (Eau) et Jupiter (Air). A titre de comparaison, il y a en tout 44 djinns dans Golden Sun : L'Âge Perdu, et uniquement si le joueur effectue un transfert de données entre le premier et le second jeu. Cette fonctionnalité étant néanmoins absente de ce troisième opus, le joueur n'a pas à se soucier d'être plus ou moins bien loti que les fans de la série.

Mais à quoi servent donc ces djinns justement ? Et bien, les djinns s'attachent à vos personnages dans le jeu, en ayant trois effets sur leurs statuts. Les utiliser lors d'un combat permet ainsi d'augmenter la défense, d'aveugler un ennemi ou encore de ranimer un allié. Une fois "activés", ces derniers peuvent servir à déchaîner des invocations en pleine bataille, avec des effets destructeurs sur vos opposants. Ainsi, plus vous liez de djinns de différents éléments, plus vous multipliez vos possibilités d'invocations. Attention cependant, l'effet secondaire malsain est matérialisé sous forme de réduction drastique des points de vie. Veillez bien à renforcer au mieux ceux que vous choisissez dans votre groupe principal d'attaque, tout en ne négligeant jamais le secondaire car il peut bien se révéler décisif dans le cas d'un boss difficile.

Notons par ailleurs que les échanges de djinns sont possibles entre vos personnages, voire même recommandés, chacun d'entre eux possédant une caractéristique qui leur est propre. Lier un djinn de terre avec un djinn de vent pourra alors grandement influencer les caractéristiques d'un personnage.



Golden Sun Evolution ?


Ce nouveau chapitre de la saga Golden Sun débarque sur Nintendo DS, en prenant le choix d'utiliser des mondes entièrement calculés en 3D plutôt qu'en 2D, comme c'était le cas sur Game Boy Advance. Malgré cette évolution visuelle, la transition se fait plutôt naturellement, grâce à un level design rappelant les deux premiers volets : des donjons sur plusieurs étages, des zones à revenir explorer une fois un nouveau pouvoir acquis, des puzzles et énigmes à résoudre... Rien de très révolutionnaire dans tout ça, sauf avec l'utilisation de l'écran tactile, qui améliore grandement l'utilisation des psynergies. On peut à présent choisir avec beaucoup plus de précision la direction prise par une boule de feu (ou un tourbillon de vent par exemple), sans caler son personnage dans la direction exacte de l'objet de destination. Cela évite au joueur quelques moments de frustration, et cela économise aussi des points de pouvoirs !

Dans les déplacements, l'utilisation du stylet est aussi de mise, mais les puristes de la série préféreront sans doute la bonne vieille croix directionnelle, afin de bien maintenir la console au creux de leurs mains. Les combats deviennent au passage bien plus dynamiques que par le passé, grâce aux animations des personnages très poussées. Les invocations ont également reçu un soin tout particulier, avec une mention spéciale pour une petite nouvelle, Drastal, qui ne devrait pas laisser les fans insensibles, avec sa référence évidente à la publicité originale de Golden Sun sur Game Boy Advance.



Motoi Sakuraba is back !

Comme c'est le cas pour la majorité de ses séries vidéoludiques, Motoi Sakuraba revient ici à la baguette pour composer la musique d'Obscure Aurore. Reprenant les thèmes déjà connus des habitués de la série, il a composé de nouveaux arrangements des classiques, en plus de nouvelles mélodies, s'appuyant sur les capacités supplémentaires offertes par le processeur sonore de la petite DS. Pourtant, mis à part quelques thèmes (comme celui des batailles, encore plus punchy qu'à l'accoutumée), le reste ne marque pas vraiment les esprits, soit à cause d'un manque d'inspiration flagrant, soit par des orchestrations trop criardes...

Notons également que Golden Sun reste une série dont aucune des bandes originales n'a été éditée en CD. Un disque Special Soundtrack existe cependant au Japon pour Obscure Aurore avec six titres, édité par la Shueisha... Mais cela reste malheureusement une exception qui n'est pas prête d'être réitérée !



Verdict ?

Huit ans après la sortie japonaise de Golden Sun : L'Âge Perdu, Camelot nous revient avec une suite aux graphismes sublimes, un gameplay qui n'a pas (ou peu) changé ainsi qu'une quête qui dépasse allègrement les 30 heures, pour peu que vous vous mettiez à la recherche des nombreux trésors nichés aux quatre coins du monde de Weyard. Cependant, il aurait été judicieux de corriger certains défauts inhérents aux anciens opus, comme l'inventaire des personnages, toujours trop juste, qui oblige à pratiquer sans cesse des échanges, ou encore les scènes de dialogues trop longues malgré l'utilisation de caméras pour dynamiser l'action. Soulignons enfin la difficulté inexistante du titre, mis à part un boss annexe un peu coton, le joueur n'aura aucun mal à progresser sans se soucier de faire du levelling comme un bourrin... Ce qui est bon dans un sens mais ne devrait pas plaire aux aficionados de la série.


Chroniqueur :
Gorkab Nitrix

Note de la rédaction
Note des lecteurs