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Le test du jeu video:

Publié le Mardi, 27 Septembre 2011

Depuis que l’homme est homme, le voyage dans le temps est un des plus grands fantasmes de l’humanité. Et avec l’avancée phénoménale de la technologie et de la science, beaucoup ont cru que ce rêve deviendrait un jour réalité. Hélas, il faut bien se rendre à l’évidence, vagabonder d’une époque à l’autre semble simplement utopique. Fort heureusement, les basses réalités matérialistes n’ont jamais été un obstacle dans les jeux vidéo (et dans la fiction en général), ce qui a permis de donner vie à une des plus grandes aventures vidéoludiques de tous les temps, j’ai nommé, Chrono Trigger.

Tout commence lors d’un festival. Une jeune fille se fait aspirer dans un tourbillon temporel suite à la mauvaise manipulation d’une machine de téléportation. Ni une ni deux, son chevalier servant pour la journée s’engouffre à son tour dans la brèche pour la sauver. Rien n’est simple cependant, et ce voyage impromptu constitue la prémisse vers un complot mondial, qui pourrait bien réveiller une puissance millénaire, capable d’éradiquer toute vie sur terre. Une seule solution pour enrayer ce fléau : maîtriser le voyage dans le temps afin de mieux comprendre la teneur de cette menace, et trouver un moyen de l’éradiquer.

Chrono Trigger est sorti à l’origine sur la Super Nintendo, en 1995. Grâce à la politique de réédition, les joueurs trop jeunes à l’époque de sa sortie peuvent enfin redécouvrir un des RPG les plus acclamés de tous les temps. À raison ?
Niveau scénario, tout sonne comme très classique. Cependant, cette histoire toute simple est aussi des mieux construites et des plus maîtrisées. Des héros de toutes les époques visitées viennent se joindre au petit groupe de départ, afin de sauver la terre, chaque époque étant radicalement différente dans la construction du monde, et donc dans notre exploration ; les retournements de situation sont nombreux, et les choses pas aussi simples qu’on pourrait le croire au premier abord. Sans compter les événements tragiques, qui sont plutôt légion, et personne n’est à l’abri d’un coup dur. Cependant, on ressent aussi une légèreté bienvenue, afin de compenser pour les moments les plus sombres, notamment à travers les personnages et le graphisme. Et surtout, grande nouveauté à l’époque de sa sortie, les fins multiples selon certaines décisions prises, et la possibilité d’affronter le boss de fin bien avant… la fin, une fois la partie terminée une première fois.
Soulignons aussi l’excellente adaptation des dialogues, entièrement traduit en français, pour une meilleure immersion encore et ne léser personne.

Un scénario n’est cependant rien sans acteurs à la hauteur. Fort heureusement, pas de soucis de ce côté-là. Conçus par Akira Toriyama, déjà responsable du chara-design de la série Dragon Quest (et d’une sombre bande-dessinée nommée Dragon Ball), tous les personnages dégagent quelque chose d’immensément sympathique et leur caractère apparaît d’emblée, juste en les regardant : un héros fort et courageux, une princesse espiègle et déterminée à prendre en charge sa destinée, une amie d’enfance passionnée par les machines, un robot qui découvre le monde des hommes, une femme sauvage et fière, un chevalier grenouille au lourd passé, et un personnage mystère, pour ceux qui exploreront à fond l’univers. Pas trop de personnages, tous très différents, et tous complémentaires, le casting est bien balancé, parfait pour nous emporter dans l’univers et prendre plaisir à voyager dans les différentes époques. Certes, on reste une fois de plus dans le classique, mais comme on dit, c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes. Et l'immersion est d'autant plus rapide à travers des personnages de ce type, simples en apparence, mais à la richesse qui se dévoile au fil de l'histoire.

Côté système de combat, le titre innove par rapport à ses confrères nippons. Très dynamique malgré son principe classique de tour par tour façon Active-Time-Battle comme dans la plupart des Final Fantasy, il demande en plus certains réflexes et de la tactique. En effet, une fois que les personnages ont suffisamment combattu ensemble, ils acquièrent la capacité de lancer des attaques combinées, souvent dévastatrices, parfois bénéfiques. Il faut donc faire des choix rapides, selon la situation, d’autant plus que l’ennemi continue d’attaquer pendant ce temps. Pour l’acquisition de nouveaux pouvoirs, pas de manipulation compliquée, les personnages évoluent naturellement au fil des niveaux gagnés. On peut donc se concentrer sur l’histoire et les combats tout à loisir, tant que l’équipement du personnage est suffisant encaisser les coups durs. Mais ce qu’on retiendra surtout des combats de Chrono Trigger, c’est que les ennemis apparaissent à l’écran ! Mine de rien, cela fait du bien d’être épargné de cet irritant sentiment de peur et de frustration quand on est en phase d’exploration, que ce soit dans un donjon ou sur la map. Disparu cette phase de transition d’écran avant un affrontement, ennemis et alliés prenant place directement sur l’écran, et les commandes de combat apparaissant à ce moment-là uniquement. Enfin, on peut choisir ou non d’affronter certains ennemis, et de s’épargner cette frustrante transition lorsqu’on est assez puissant et qu’on souhaite avant tout faire progresser l’histoire.

Parlons-en de ce rythme de l'histoire, justement, il s’agit sans aucun doute de l’un des mieux balancés dans un RPG, et dans un jeu vidéo tout court. Tout est d’une fluidité incroyable, le souffle de l’histoire ne retombe pas, le passage à travers les différentes époques suppriment toute répétition, et on n’est jamais obligé de se farcir des séances de « farming » afin d’augmenter ses pouvoirs pour les épreuves qui nous attendent, car les ennemis où l’affrontement est obligatoire nous donne souvent assez d’expérience pour progresser sans se faire trop de soucis. Du moins, pour peu qu’on maîtrise suffisamment bien le système de combat et que notre équipement soit suffisant. Une petite dose de puissance supplémentaire permettant aussi d’aborder le combat contre les boss avec plus de confiance. L’aire de jeu est impressionnante pour un jeu de cette génération. Variée, on passe des montagnes, aux plaines, à la jungle, aux châteaux mal fâmés, aux déserts technologiques… Dépaysement garanti.

Il serait important aussi de souligner les grands noms qui sont à l’origine de ce jeu : Yuji Horii, créateur et scénariste de Dragon Quest, Hironobu Sakaguchi, créateur de la franchise Final Fantasy, Akira Toriyama, qu’on ne présente plus, Nobuo Uematsu, compositeur attitré de la franchise Final Fantasy jusqu’il y a peu, et Yasunori Mitsuda, un autre grand compositeur de jeu-vidéo. Chrono Trigger, c’est simplement la collaboration de deux univers qui ont toujours été en compétition, et dont la quintessence et tout ce qui se fait de mieux chez chacun se trouve rassemblé en un seul titre.
Et si on y ajoute un graphisme coloré et chaleureux ainsi qu’une animation intemporelle et incroyablement fluide (qui enfonce encore de nos jours des jeux sur des plateformes bien plus modernes) ainsi qu’une musique qui restera dans la mémoire de tous ceux qui se seront aventurés à jouer à cette merveille, on peut sans aucun doute dire qu’il s’agit d’un des meilleurs RPG, et même jeu vidéo, de tous les temps.


Graphisme : Superbe, même pour les standards d’aujourd’hui. Très coloré et un peu cartoon, on se balade avec plaisir dans l’univers de Chrono Trigger. Chacun des personnages posséde une animation qui lui est propre, les boss sont souvent très grands, et on en prend plein les mirettes lors des grosses attaques. Et en bonus, cette version DS s’est vue gratifiée de splendides cut-scènes animée. On regrette qu'elle ne soit pas plus nombreuses encore, ou qu'un film n'ait jamais été produit !

Bande son : Un sans faute, une des partitions les plus connues de l’univers du jeu-vidéo, et qui s’adapte à merveille à chacune des situations à l’écran, nous plongeant encore davantage dans l’histoire. Certains compositeurs produisaient vraiment des partitions magnifiques, même avec les moyens limités des premières consoles.

Durée de vie : Pas particulièrement long pour un RPG, comptez une trentaine d’heures, quêtes annexes comprises. Le prix à payer pour un meilleur rythme. Cependant, avec plus d’une dizaine de fins alternatives à découvrir et un donjon spécialement conçu pour la version DS, on y revient avec plaisir. L’avantage d’un rythme sans faille dans l’histoire.

Scénario : De RPG japonais. Simple, direct, efficace, avec son lot de surprises néanmoins, et des personnages attachants pour nous accompagner, et un univers dans lequel il fait bon se balader.

Jouabilité : Un sans faute également. Les personnages répondent au poil, et l’usage du stylet lors des combats facilite grandement la rapidement de certaines décisions. L’usage des deux écrans permet aussi de libérer l’espace sur l’écran de jeu, pour encore plus d’immersion.


Chrono Trigger, c’est simplement une alchimie parfaite, incroyable, sans faille, tant au niveau de l’histoire que des personnages, que de l’univers, que du système de combat, que de chaque élément qui constitue ce monde. Et surtout, qui n’a pas pris une ride, malgré toutes les avancées technologiques. Chacun des éléments pris séparément suffirait à faire un jeu correct. Mais une fois tous mis ensemble, une magie particulière opère, susceptible de laisser un souvenir impérissable sur tous les joueurs, même ceux qui ne sont pas particulièrement fans de RPG japonais. Sa réputation n’est pas usurpée. Un des meilleurs jeux de tous les temps, tout simplement.

Sorrow

Note de la rédaction
Note des lecteurs