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Assassin's Creed - Brotherhood

Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 13 Juin 2014

C'était une des toutes petites déceptions d'Assassin's Creed II : la fin nous présentait une Rome en arrière-plan, sans qu'on puisse y accéder... Il faut dire que le terrain de jeu était tellement riche qu'on comprenait bien pourquoi une ville supplémentaire ne pouvait y figurer. Avec ce Brotherhood, Ubisoft pensait répondre au mécontentement en en faisant le nouveau terrain de jeu.

Les férus d'Histoire le savent, la Rome de la Renaissance n'avait rien à voir avec la Rome antique. Plutôt tombée en désuétude, la future capitale italienne n'était plus, au XVI°s, la cité puissante et pleine de splendeur qui dominait l'Occident durant l'Antiquité. Pourtant, Ubisoft a fait le choix de la Rome du XVI°S pour son Assassin's Creed Brotherhood ? Alors, choix judicieux ? Pas totalement, malheureusement, même si cet épisode reste agréable.

Je m'en souviens comme si c'était hier. Premier trailer d'Assassin's Creed Brotherhood : la douche froide. Pas de nouveau héros, pas de nouvelle époque. Des aspects rédhibitoires. Pour autant, connaissant le savoir-faire d'Ubisoft, on pouvait se douter qu'un nouvel épisode ne saurait été créé que pour des raisons commerciales, qu'il y aurait forcément du contenu derrière. Est-ce que cela a été le cas ? En grande partie, oui.




Passée la déception d'avoir à explorer une Rome de la Renaissance forcément plus morte qu'une Rome antique (entendez par là une ambiance forcément moins intéressante : pas de combats de jeux du cirque, pas de complots impériaux, pas de débats houleux au Sénat), on apprécie tout de même le voyage...bien que le tout ne s'avère pas aussi bluffant qu'attendu. L'avantage d'évoluer dans un terrain de jeu unique est d'échapper aux temps de chargements...pas forcément une bonne nouvelle, puisqu'en contrepartie, il faudra supporter un clipping omniprésent, avec des maisons, des arbres ou des villageois apparaissant au dernier moment. Le moteur commençait à se faire vieux. Les développeurs ont encore une fois abattu un travail de reconstitution énorme, puisque l'on a toujours cette impression de faire une balade touristique lors de nos parties. Brotherhood garde l'aspect « musée » de son prédécesseur, avec une base de données riche en infos sur chaque lieu visité, personne rencontré, objet récolté. Dépaysant, Brotherhood l'est, avec ses immanquables, tel le Colisée ou les thermes. Ubisoft a aussi fait des efforts pour diversifier l'esthétique des quartiers, proposer des missions dans des environnements spécifiques pour varier les plaisirs, améliorer les décors de campagne faisant la transition (des décors trop peu soignés dans les deux premiers épisodes et jurant avec le reste). Mais l'ensemble reste un peu trop...vide. Cela manque d'ambiance. Cela manque... d'Antiquité. Sans vouloir faire une fixette, le terrain de jeu transposé à une autre période aurait eu une toute autre gueule. Bref, Brotherhood reste franchement enthousiasmant de ce côté-là, mais peine à surprendre.

Et au niveau du gameplay ? Ubisoft a fait le job, même si on sent que beaucoup d'autres idées auraient pu être intégrées avec plus de temps ou d'envie. Brotherhood se repose sur les acquis du précédent volet, avec des missions toujours très variées. L'immensité est au rendez-vous malgré le terrain de jeu unique, et le jeu est long, peut-être même trop. Si, on va le voir, il y a beaucoup de choses à faire, ce qui est appréciable, y jouer un an après le second épisode n'était peut-être pas une bonne chose, avec cette impression de se répéter dans les missions. De plus, le rythme n'est pas aussi maîtrisé, et une sensation de remplissage se fait clairement sentir. Mais Ubisoft a voulu garder cette impression de variété en imaginant des séquences originales. C'est le cas par exemple des missions vous demandant de détruire les machines inventées par De Vinci pour les Borgia, qui vous mettront aux commandes de drôles d'engins bien bourrins, Brotherhood prenant alors des airs de jeu d'action. Les mémoires de Cristina vous permettront de revivre des passages de la vie d'Ezio avant qu'il ne devienne assassin. Les tanières de Romulus sont les nouveaux tombeaux d'assassin, prenant place dans des lieux vraiment sympas.




Du côté de ce qui change, on remarquera que l'exploration est agrémentée d'un peu plus de challenge. Les points d'observation, qui permettaient auparavant de révéler la carte et le lieu des missions, mais aussi de déclencher des travellings très classes pour contempler l'immensité des décors, pour ensuite terminer par un saut de l'ange, et bien beaucoup de ces points sont transformés en « Tours Borgia », des bastions bien gardés qu'il faudra libérer. Sympa, mais redondant sur la longueur. Une fois l'officier gardant les lieux éliminé et la tour détruite, la carte du jeu dévoile les missions, mais aussi tout autre type d'activité, notamment, et c'est là une autre petite nouveauté, les bâtiments à rénover. Brotherhood étend le système de gestion de propriété d'Assassin's Creed II, qui se cantonnait à Monteriggioni, à toute Rome. Vous aurez donc à cœur de rénover la cité, pour prélever des impôts et pour débloquer de nouvelles possibilités (telle que visiter les égoûts pour se téléporter et éviter les allers-retours, bien utile !). Anecdotique dans le deuxième volet, le système est mieux exploité ici car nécessaire pour bien avancer dans l'aventure. Du challenge, vous en trouverez aussi via une autre petite nouveauté consistant à remplir des objectifs secondaires au cours des missions (ne pas subir de dégâts, terminer la mission dans un temps imparti, ne pas être repéré, ne pas recommencer la mission, ne pas tuer d'autres personnes que la cible principale).

Au-delà de ce qui a plus l'air plus d'évolutions que de réelles nouvelles idées, les combats sont-ils vraiment plus dynamiques, comme l'avaient promis les développeurs ? Pas vraiment. De nouvelles possibilités de gameplay sont-elles là ? Pas vraiment non plus. L'essentiel des changements sont en réalité fidèle au titre de cet épisode, « Brotherhood », et concernent l'orientation fortement communautaire prise tant dans le mode solo que dans le tout nouveau mode multi.

Dans le solo, vous deviendrez le leader de la résistance face à la famille Borgia, et vous ne pourrez donc plus agir seul avec des aides ponctuelles. Tous les compagnons croisés dans Assassin's Creed II, des mercenaires ou courtisanes, deviennent désormais des personnages de premier ordre, à enrôler dans des factions. Il faudra d'abord les convaincre de s'engager avec vous. Puis vous aurez tout le loisir de les commander en les envoyant combattre des ennemis à votre place. Il ne faudra donc pas négliger les missions de sauvetage, puisque celles-ci sont synonymes de nouveaux alliés à la clef... Le système ne s'arrête pas là, puisque vos différents compagnons gagneront des points d'expérience, à répartir entre attaque et défense, et qu'il sera possible de les customiser en termes d'apparence autant que de compétences. Cette nouveauté apporte un brin de stratégie lors de vos phases d'infiltration, bien que les choix soient trop limités et l'IA pas forcément très au point. Bref, cette soi-disante grosse nouveauté est sympa, modifie le gameplay, mais pas en profondeur comme ce fut le cas avec les nouveautés d'Assassin's Creed II. Oubliez également l'une des nouveautés évoquées par Ubisoft : chevaucher en pleine ville. Gros raté de ce côté-là, puisque les rues étant déjà remplies d'habitants, il est impossible de prendre du plaisir à contourner la foule à cheval !!!




La vraie nouveauté, la seule, l'unique, c'est bien le mode multijoueur. Et qu'il est difficile d'inventer un multi pour un jeu d'action/aventure/infiltration ! Le travail a été confié à Ubisoft Annecy, qui casse littéralement la baraque. Plusieurs modes de jeu ont été créés, focalisés autour d'un même principe qui sous-tend tout le gameplay : assassiner ou être assassiné. Dans le mode « Traque », 8 joueurs peuvent s'affronter. Dans « Chasse à l'homme », 3 équipes de 2. Dans « Alliance », 2 équipes de 4. Le point de départ sera de choisir votre avatar parmi une liste de skins. Puis vous atterrirez directement dans un segment de Rome peuplé de PNJ...où figurent aussi vos concurrents humains ! Le but : repérer la cible humaine parmi tous les personnages, grâce à une boussole et un mini-portrait. Facile direz-vous ? Non, car contrairement au mode solo, l'IA des PNJ en multi est, c'est un comble, beaucoup plus inspirée. Les créateurs d'Annecy ont intelligemment programmé une IA aléatoire au comportement paraissant humain (ils courent dans tous les sens, stoppent net, explorent les lieux). Et si vous recherchez votre cible, vous imaginez bien que vous êtes aussi recherchés par les joueurs dans la même partie que vous. Le principe est absolument génial. Sachant que l'on est recherché, on se met à guetter tout le monde, l'IA étant capable de nous induire en erreur. Même un entraînement chevronné ne suffira pas à déjouer la paranoïa qui s'installe dans ce mode. Sachant que l'on doit aussi avancer en tuant nos cibles, on se met à tenter d'imiter des comportements normaux, à être le plus naturel et discret possible : le mode multi de Brotherhood conserve donc l'essence d'un Assassin's Creed en ayant su la transcender pour concevoir du multi. Pas de combat, juste des assassinats. Et le mode mutli est d'ailleurs beaucoup moins arbitraire que le mode solo. En cas de soupçons de notre côté ou du côté adverse, le mode filature prend automatiquement fin pour laisser place à une course-poursuite bien stressante dans la foule, ou le plus malin ou puissant l'emportera. C'est dans ce dernier cas qu'il est important d'engranger de l'expérience, car vous vous doutez bien qu'un néophyte n'aura aucune chance face à un joueur chevronné lors des courses-poursuites, ce dernier ayant acquis des capacités spéciales lui permettant de cheater du noob. Grosse réussite en tous cas que ce mode multi reposant sur un concept simplissime mais développé avec intelligence. Le mode Alliance ne prendra néanmoins tout son sens que si vous jouez de façon non bourrine, sous peine de devenir vite ennuyeux.

Le sentiment de surprise tant recherché, en-dehors du multi, on le retrouvera aussi heureusement dans le scénario, l'aspect le plus réussi de cet épisode. Reprenant directement l'histoire là où l'épisode II l'avait laissée, le joueur découvrira un Ezio perturbé par les révélations qui lui ont été faites... et rapidement dépouillé par ce qui lui restait de plus cher. C'est à la mode dans le jeu vidéo, Ezio s'en prend plein la gueule en début de jeu, pour devenir encore plus déterminé par la suite. Le personnage gagne encore en complexité. L'objectif est ici clairement fixé : anéantir les Borgia. Et on retrouvera nos vieux alliés de l'épisode II pour ce faire : Brotherhood, le terme est bien choisi. Le scénario prend des allures métaphysiques de série B avec la méta-histoire qui est définitivement lancée, et Brotherhood nous fait clairement sentir qu'Ubisoft envisage les choses sur plusieurs épisodes.




Graphismes :
Rome est colossale, Rome est détaillée, Rome est belle. Mais l'ambiance manque de punch. Bref, Rome au XVI°s n'est pas la Rome antique. Dommage. Brotherhood n'est, qui plus est, pas aussi propre que le deuxième épisode, avec des bugs persistants. Et les cut-scenes commencent fortement à faire pitié : il était temps de revoir le moteur du jeu !

Maniabilité :
A force de jouer du Assassin's Creed, on devient exigeant. La course libre montre clairement ses limites, avec un héros qui n'obéit pas forcément au doigt et à l'oeil.

Sons :
Toujours pas de possibilité de bénéficier des voix italiennes sous-titrées français. Quel dommage. Notons une synchronisation labiale assez déplorable pour la VF d'ailleurs.

Durée de vie :
Aussi long qu'Assassin's Creed II, donc plus de 20 heures pour faire un peu de tout. Brotherhood est peut-être même trop long, puisque le remplissage se fait sentir à certains moments.

Scénario :
La force de cet Assassin's Creed est là, même si le rythme laisse à désirer.

En résumé :
Assassin's Creed Brotherhood apporte pas mal de choses, notamment son multi. Mais on regrette que ses nouveautés ressemblent plus à des améliorations, ou ne soient pas plus poussées. De plus, seuls les fans pouvaient décemment y jouer un an après l'épisode 2, le sentiment de redite étant bien présent malgré la variété des missions.
  

Chroniqueur: RogueAerith


Note de la rédaction
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