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Avis sur Tales of Vesperia Definitive Edition

Voq

De Voq [682 Pts], le 06 Mai 2021 à 17h19

17/20

Quand il est question d'une grande saga vidéoludique, les épisodes les plus aptes à nous marquer sont bien souvent les premiers auxquels nous sommes confrontés. En ce qui me concerne, mon Tales Of préféré reste Tales Of Graces f, par lequel j'ai commencé ; peut-être aurais-je une moins grande opinion de lui si j'avais connu ses prédécesseurs avant lui, peut-être me dirai-je qu'il n'est pas si extraordinaire que cela le jour où j'y rejouerai, mais pour l'heure, c'est ainsi.
J'ai aussi beaucoup d'affection pour Tales Of Zestiria, qui m'a fait renouer avec la série quelques années après un Xillia 2 que j'ai lâché en cours de route (pas entièrement de sa faute), ainsi que pour Tales Of Berseria pour son équipe atypique malgré un gameplay auquel j'ai un peu moins adhéré. Quelques autres sont passés par là (le classique Symphonia ? pas trop mal, mais j'ai été par moments plus agacé par ses défauts qu'émerveillé par ses qualités), et Vesperia, dans cette Definitive Edition, se trouve être mon neuvième Tales Of. Pas de quoi être blasé, mais peut-être suffisant pour que ça devienne un peu routinier...
Telle était ma crainte, du moins. Qui par chance s'est révélée complètement infondée. Je crois même que j'y ai trouvé mon deuxième épisode favori.


De la chasse au voleur au sauvetage du monde, il n'y a qu'un pas

On incarne Yuri Lowell, jeune homme vivant dans les bas-quartiers de la capitale en compagnie de son ami à quatre pattes et vaillant guerrier Repede. Lorsqu'un objet essentiel à l'approvisionnement en eau potable du voisinage est dérobé, les autorités ne se sentant guère concernées par ce qui peut bien arriver au bas-peuple, Yuri va se lancer à la poursuite du voleur. Hélas, il se retrouve finalement écroué dans les geôles du château pour avoir causé des troubles dans les quartiers plus huppés où les roturiers ne sont pas bienvenus. Ce n'est que grâce à un individu louche qui intégrera l'équipe plus tard dans le jeu qu'il parvient à sortir de sa cellule au nez et à la barbe du gardien qui pique un bon roupillon.
Au cours de son évasion, il fait la rencontre d'Estellise, bientôt raccourcie en Estelle, une jeune noble qui cherche elle aussi à fuir le château (serait-elle... une princesse ?) et avec qui il va se retrouver à faire un bon bout de route. Une fois sortis de là, les PNJ du bas quartier (notons un vieux qui perd son dentier dans la mêlée, il faudra attendre un bon moment avant de savoir s'il parvient à le retrouver ou non, ô suspens insoutenable) se liguent afin de retenir les chevaliers lancés à leur poursuite, et les voilà enfin qui quittent la ville, découvrant le monde extérieur pour la première fois.
La chasse au voleur les fera courir par monts et par vaux, et mettra à jour une intrigue de plus grande ampleur, les manigances de magistrats véreux et chefs de guildes sans scrupules pointant vers le haut de la hiérarchie des chevaliers impériaux et la traque de créatures millénaires en voie d'extinction, pour aboutir à une menace qui pèse sur le monde entier.

Bon, l'intrigue tient la route et se suit avec plaisir, mais on ne va pas se mentir, même si j'aime le fait que le destructeur de monde soit une entité sans véritable conscience et que sa destruction passe par un boss de fin qui n'est ni un monstre ni le méchant de l'histoire, le scénario n'est pas non plus d'une originalité folle et on y adhère surtout grâce aux personnages qu'il met en scène, à commencer par Yuri lui-même. Quand on fait sa rencontre, il n'est déjà plus le jeune naïf idéaliste qui met pour la première fois le pied hors du monde des Bisounours, il est désabusé par sa brève expérience parmi les chevaliers impériaux et est convaincu qu'il ne peut compter que sur lui-même pour rendre la justice, quitte à se salir les mains pour cela. Il est probablement le héros de Tales Of qui m'aura le plus marqué (en compagnie de Velvet de Tales Of Berseria), s'éloignant de l'archétype du héros que représenterait plus son ami d'enfance Flynn, qui de son côté est resté chez les chevaliers et tente de changer les choses dans les règles.
Pour accompagner Yuri, les déjà mentionnés Repede, d'autant plus appréciable qu'il est à des lieues de l'animal mascotte, et Estelle, personnage bien plus typique mais qui n'en participe pas moins à la dynamique de l'équipe. Ils seront rejoints par Karol, le gamin que tout prédisposait à devenir l'élément humoristique et surtout agaçant du jeu et qui par miracle échappe à ce traitement pour devenir un membre central (le héros tue de sang froid, le chien n'est pas une mascotte et le gamin n'est pas lourdingue, non mais où va le monde ?), puis Rita Mordio, génie de quinze ans pas très douée pour les relations humaines, Raven, le type louche du début, plus âgé que les autres mais pas plus mature, Judith, représentante d'une autre race (une krytienne, c'est comme une elfe mais en différent) et élément sexy de l'équipe dont on ne sait jamais à quel degré prendre les paroles, ou encore Patty, l'aventurière juvénile qu'on retrouve régulièrement dans des situations abracadabrantes et autoproclamée femme de Yuri (après on s'étonne qu'il soit poursuivi par les autorités). Bref, une belle bande de joyeux drilles que l'on prendra plaisir à balader d'un bout à l'autre du monde.


Suivez le guide, mais pas trop

Et le monde, parlons-en un peu. À l'instar des jeux plus anciens, Tales Of Vesperia utilise encore le système de déplacement sur une map globale (mais sans la caméra pourrie de Symphonia) où ressortent les divers lieux intéressants (villes, donjons) et où l'on explore de plus en plus librement à mesure que l'aventure progresse. Dans l'ensemble, l'univers du jeu est du type classique mais efficace, que l'on peut parcourir en se contentant de suivre l'histoire (ce serait dommage) ou que l'on peut fouiller à la recherche de contenu facultatif... et de ce point de vue, le jeu est généreux !
Petites scènes, obtention de nouvelles capacités ou véritables quêtes annexes, on a amplement de quoi faire en plus de la quête principale, et c'est d'autant plus gratifiant de les trouver qu'à l'inverse des jeux plus récents où l'on nous mâche tout le travail, tout ce contenu annexe est caché et bien souvent nécessite plusieurs étapes disponibles à différents moments du jeu, donc si l'on s'y intéresse mieux vaut s'écarter très régulièrement du chemin tracé par l'histoire. Personnellement, j'ai passé entre 110 et 120h sur le jeu (quand j'y réfléchis, ça n'en fait que mon troisième Tales Of le plus chronophage, et même pas dans le top 5 si j'inclus d'autres JRPG... pas si impressionnant que ça, en fait) et je suis sûr d'en avoir raté des caisses.
Si je devais mettre un bémol concernant cet aspect, c'est que ces éléments cachés sont parfois trop cachés, justement : la lance de Judith, par exemple, qui nécessite de réexplorer tout un donjon déjà fait pour la trouver, à condition (1) d'avoir vu les scènes cachées correspondantes au fil du jeu et (2) de deviner d'abord dans quel donjon elle se trouve parce qu'on n'a aucun indice ; pire, les « aer krene » des quatre tas de pierres qui apparaissent sur la carte, qu'on ne peut explorer qu'après un certain point, mais aucun intérêt à s'enfoncer dans le donjon si l'on n'a pas vu la bonne scène dont absolument rien ne dit qu'il existe un rapport, et qui en plus nécessitent d'être faits dans un ordre particulier que rien n'indique... à un moment ça donne surtout l'impression de perdre son temps ; ou encore l'homme qui donne une description de Patty à Nordopolica mais qui n'a aucune réaction quand on la lui met sous le nez (là honnêtement j'ai terminé le jeu sans comprendre)...
En fait, c'est le genre de détails qui me donnerait envie de refaire le jeu avec une soluce pour tout voir parce que je n'imagine pas passer des heures et des heures à tourner en rond pour tout trouver moi-même (pas dans un futur proche, trop de jeux en attente, mais c'est très certainement ce que je ferai en new game +, un jour). L'avantage, c'est qu'on peut être sûr d'avoir encore des choses à découvrir après une première partie.


Esquive, taillade, et un bon coup dans les dents pour faire bonne mesure

Côté combats, au départ le système semble aussi rigide que celui de Tales Of Symphonia, mais sans perdre complètement cette rigidité il s'assouplit rapidement en obtenant quelques compétences bien utiles qui offrent une plus vaste palette d'actions et de réactions face aux assauts ennemis. Il est également possible de varier les combattants, mais comme d'habitude le personnage de départ s'avère être le plus équilibré et le plus agréable à prendre en main, j'ai donc presque exclusivement manié Yuri au cours des affrontements. Pas que ça me dérange, cela dit, sur ce type de jeu je préfère bien contrôler un perso que d'expérimenter avec tous, surtout en première partie ; à la limite Repede et Judith se manient plutôt bien aussi, je leur donnerai plus de place en NG+ (un jour).
Pour ce qui est de la difficulté, le mode normal est très abordable, peut-être juste quelques boss qui m'ont fait utiliser pas mal d'objets de soin. Après, je ne suis pas du genre à chercher la difficulté pour la difficulté, mais contrairement à Graces f ou Zestiria où il était très gratifiant de débloquer les modes intense et chaos, ici le jeu n'invite pas à en changer et je suis resté en normal. Bref.
Quant au système d'équipement et d'amélioration, il arrive à rester simple tout en offrant de nombreuses possibilités, il manquerait juste un onglet « nouveautés » pour la synthèse plutôt que de se retaper toute la liste à chaque fois, et ce serait parfait (on est loin du laborieux système d'amélioration de Berseria !).
Et tant que nous y sommes, mentionnons également le système de titres qui, comme depuis Tales Of Phantasia... ne sert à rien. Enfin, on a ceux qui changent la tenue du personnage, là d'accord, mais sinon... donner une fortune à l'orphelinat juste pour obtenir un mini dialogue et un titre inutile pour Estelle, sérieusement ? J'aurais mieux fait de garder cet argent pour les bains. En l'occurrence c'est une excellente chose que le système ait évolué dans les jeux plus récents.


*

En bref, hormis quelques broutilles, j'ai passé un excellent moment avec Tales Of Vesperia, et je peux parfaitement comprendre que certains y voient le meilleur Tales Of, bien plus que pour Symphonia notamment... mais ce serait oublier que Symphonia était là avant (quelque part, j'ai envie de dire que tout ce que fait Symphonia, Vesperia le fait en mieux).
Enfin voilà, un pas de plus dans la saga Tales Of, il m'en reste encore quelques uns à découvrir (The Abyss et Hearts R sur consoles portables, ou les plus anciens Destiny et Eternia, pour ceux qui me sont accessibles), mais pour maintenant le prochain sera très certainement Tales Of Arise !

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