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Voq

De Voq [682 Pts], le 21 Août 2022 à 12h43

14/20

L'été. La chaleur. La période où, à moins d'avoir un jeu auquel on veut absolument jouer (ou d'oublier ce petit inconvénient et d'en souffrir ensuite), on évite les PS3 et 4 qui combinent console et radiateur.
On peut alors profiter de l'occasion pour revenir à la Switch, un peu délaissée ces derniers mois, ne serait-ce que le temps d'un petit Metroid. On peut aussi revenir à d'anciennes générations, ou ressortir les consoles portables, ce ne sont pas les solutions qui manquent. (Enfin... sauf pour les gens normaux qui n'ont pas plus d'une console et qui préfèrent sortir de chez eux que d'investir dans toute une ribambelle de stations de jeux et de disques/cartouches qui vont avec. Sont bizarres, ces gens normaux.)
On peut même se souvenir qu'un jour, on a acheté un petit boîtier noir vendu à prix cassé suite à son immense succès, et qui n'a à peu près jamais servi mais qui permet de profiter d'une grande partie du catalogue Vita sur la télé. Eh oui, je veux bien entendu parler de la fameuse PSTV !
Et puisque plus de six mois se sont écoulés depuis Tales Of Arise, il est largement temps de reprendre mon exploration de la saga : Tales Of Hearts R me tend les bras !
Après, soyons honnêtes, jouer avec une manette sur l'écran télé plutôt que sur la portable, c'est uniquement une question de confort de jeu, parce que graphiquement, ce n'est pas folichon.
Bref.

Tales Of Hearts R est le remake en 3D de Tales Of Hearts, un jeu en 2D sorti sur Nintendo DS uniquement au Japon et que je ne connais absolument pas, donc pas d'attente particulière ni de comparaison en ce qui me concerne.
On y incarne Shing... euh, non, Kor. Je n'ai rien contre les noms traduits si ça a du sens, mais là, en plus de ne rimer à rien, c'est assez agaçant d'entendre l'un et de lire l'autre. Par chance, à part Gallad abrégé en Gall, les autres membres de l'équipe y échappent et seuls des personnages secondaires sont concernés (la mère et le grand-père de Shing/Kor, notamment... les traducteurs avaient-ils une dent contre le héros et sa famille ?).
Je reprends. On incarne Kor, qui vit et s'entraîne avec son grand-père dans un petit village en bord de mer dont il n'est jamais sorti. Un beau jour, une jeune fille du nom de Kohaku s'échoue sur la plage après avoir sauté à l'eau avec son frère Hisui pour tenter d'échapper à la sorcière Incarose. Mais la sorcière la retrouve bien vite et infecte sa spiria (le siège des émotions - disons le cœur, pour faire simple) avec des méchantes bestioles tout droit sorties d'un conte de fées. Après avoir réussi à lui échapper, Kor tente de sauver Kohaku de cette infestation, mais la spiria de la jeune fille se brise et ses fragments s'éparpillent à travers le monde, lui faisant perdre toutes ses émotions. C'est le début d'un périple à la recherche des fragments perdus. En cours de route on aura droit à un conflit entre l'église et l'armée, ainsi qu'à une menace impliquant un autre monde et sa civilisation disparue, autant dire que rendre à Kohaku son état normal n'est que la première partie de l'histoire. Au fait, j'ai précisé que Kor et Kohaku allaient s'éprendre l'un de l'autre ?

Clairement, en dehors de cette histoire de spiria qui est juste un moyen de donner forme à un concept abstrait, rien de bien nouveau quand on connaît la licence, et ça n'évite même pas certains écueils.
Kor qui semble de plus en plus amoureux alors que Kohaku est encore à moitié amorphe et qu'avant ça il ne l'a pas côtoyée plus d'une demi-heure, passe encore grâce aux interventions du frangin surprotecteur.
La trahison qui est tellement évidente qu'on se demande comment les personnages peuvent s'en étonner, et sa résolution immédiate en mode bisounours, c'est déjà plus difficile de retenir un soupir désabusé.

La scène de torture atroce, qui consiste en... des tapes derrière la tête parce qu'on ne pas tout de même pas faire couler une goutte de sang, enfin ! J'hésite entre y porter un regard blasé et le prendre à la rigolade.
Et puis n'oublions pas le grand méchant de l'histoire qui est... bizarrement écrit, pour ne pas dire carrément mal écrit. On part sur un vilain méchant assez basique, puis on lui rajoute des motivations et un background « nobles » afin de l'humaniser, sauf qu'il se complaît tellement dans la cruauté que cette tentative d'humanisation tombe complètement à l'eau et qu'il perd toute crédibilité ; au final, il aurait été encore plus intéressant d'en faire un salopard sans équivoque. En fait, on dirait un peu une mauvaise copie du méchant de Tales Of Phantasia. Et on passera sur son design kitschissime.

Mais bon, ça reste plus ou moins du détail, et si le scénario global reste très convenu, on s'en contente grâce à l'alchimie entre les personnages et l'humour très présent, notamment dans les nombreuses saynètes. Pas de quoi gâcher le plaisir de jeu, en somme.
Parce que dans le fond, est-ce qu'on en attend tellement plus d'un Tales Of ? Des personnages hauts en couleurs, un univers plaisant à explorer, un gameplay dynamique et une grande quête pour sauver le monde histoire de justifier tout ça... La recette m'a convaincu sur d'autres épisodes, et j'aurai beau énumérer des défauts, aucun n'est rédhibitoire et au final cette même recette fait mouche ici aussi.

Je n'ai pas encore parlé du gameplay, mais là non plus, pas vraiment de surprises quand on connaît la saga. Le système de combat n'est pas le plus riche qu'on ait vu mais il fonctionne très bien, dynamique avec un côté un peu technique si on prend la peine de creuser un minimum, et comme d'habitude la possibilité de changer de personnage contrôlé afin de varier les plaisirs (enfin, je dis ça mais à l'exception de Tales Of Graces où j'avais vraiment pris plaisir à manier tous les persos, je me retrouve toujours à jouer essentiellement avec le protagoniste, le plus maniable et équilibré, et à me dire pour les autres que je m'y pencherai plus sérieusement dans un éventuel new game +).
Je reprocherais juste l'utilisation du tactile pour une commande spécifique en combat puisque 1) à moins d'un côté point&click qui se joue au stylet, je n'aime pas le tactile, 2) quand la quasi totalité des commandes se fait via les boutons, ça ne me paraît vraiment pas naturel de les lâcher pour aller tripoter l'écran, et 3) de toute façon avec la PSTV, le tactile passe par un curseur qui apparaît en appuyant sur L3 ou R3 (à condition de penser à l'activer dans les options de la console), autant dire que pour la réactivité en combat, on repassera.
Pour ce qui est de la difficulté, le jeu est très accessible et il faut passer en difficile, voire attendre de débloquer les modes supérieurs en battant le boss de fin, si on espère du challenge. Mais contrairement à certains autres opus comme Tales Of Zestiria qui récompensait les modes plus corsés par du butin de qualité, ici aucun avantage si ce n'est l'attrait du défi. Notons tout de même un contenu post-game autrement plus velu que l'aventure principale, avec notamment un boss face auquel j'ai abandonné (même en passant en facile, je ne lui ai pas fait perdre plus de la moitié de sa barre de vie avant qu'il n'élimine toute mon équipe en une attaque surpuissante) ; plutôt à retenter en profitant des bonus de NG+.

Pour finir, côté exploration, on est sur un monde « à l'ancienne » avec les déplacements sur la map globale, à partir de laquelle on accède aux villes, donjons, etc., et où l'on finit par pouvoir voler afin d'aller plus vite et de pouvoir explorer quelques secteurs auparavant inaccessibles. Les villes et donjons eux-mêmes sont globalement de taille modeste mais plutôt bien construits, renforçant le côté accessible du jeu et évitant la lassitude qui peut s'installer face aux donjons parfois longuets qu'on peut trouver dans d'autres épisodes.
On pourrait reprocher un certain nombre d'allers-retours à faire au fil de l'histoire, et un système de téléportation vers les endroits déjà visités ne serait effectivement pas superflu, mais la carte n'est pas non plus immense, suffit d'utiliser un objet pour éviter les combats aléatoires et on a quand même vite fait.
Par ailleurs, je dis modeste, pas immense, mais je ne voudrais pas non plus minimiser le contenu : ce n'est clairement pas le Tales Of le plus long, mais il y a de quoi faire. J'ai entendu dire que 20h suffisaient à le finir... alors en ligne droite et en mode facile, ça me paraît faisable, mais pour peu qu'on aime explorer tous les recoins et qu'on s'intéresse aux quêtes annexes et aux saynètes, on dépasse facilement les 60h. Pas titanesque, mais ça reste très honnête.

Enfin voilà. J'ai aimé Tales Of Hearts R. J'ai presque envie de dire, évidemment que je l'ai aimé, puisque j'y ai retrouvé les éléments qui m'ont fait adhérer à la saga.
En fait, il pourrait faire une très bonne porte d'entrée : si j'avais commencé par là, nul doute que j'aurais adoré. Mais ce n'est pas le cas, je m'y suis lancé avec déjà une dizaine de Tales Of au compteur, et dans ces conditions, je dois reconnaître que celui-là n'a pas de quoi me marquer durablement. Rien pour le démarquer des autres : quelque part, c'est juste un Tales Of, sans vrai défaut pour le plomber mais sans qualité unique non plus. Un peu comme un épisode filler, qui n'apporte rien à la saga mais qui fait quand même plaisir.
Allez, si, bon point pour lui : grâce à lui, je peux dire je n'ai pas acheté la PSTV pour rien ! Mais bon, il y en aura d'autres.

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