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Avis sur Dragon Quest VII : La Quête des vestiges du monde

Voq

De Voq [678 Pts], le 26 Juillet 2021 à 22h07

9/20

Parmi les grandes sagas vidéoludiques, il y a celles dont un jeu ou deux suffisent à nous faire tomber irrémédiablement amoureux. À titre personnel, j'ai tellement aimé les Trails Of Cold Steel que le jeu que j'attends actuellement avec le plus d'impatience (devant Tales Of Arise qui est pourtant plus proche, et loin devant les prochains Final Fantasy) est Trails From Zero, début de l'« arc de Crossbell » des Legend Of Heroes, récemment annoncé chez nous pour l'automne... 2022. Arf, ça fait loin.
D'autres sagas ne sont définitivement pas pour nous, aussi attrayantes qu'elles paraissent de prime abord ou aussi réputées qu'elles soient. Pour ma part, l'Action-RPG occidental type Elder Scrolls m'ennuie prodigieusement. Ou pour rester côté japonais, je peine à trouver autre chose que des défauts au tant vanté Secret Of Mana.
Et parmi les multiples degrés qui séparent ces deux extrêmes, Dragon Quest se situe un peu à l'équilibre : au vu de sa réputation, j'ai envie de connaître davantage la série, ce que j'en connais déjà ne m'a pas déplu (en l'occurrence les épisodes IV et VI), mais ça n'a pas non plus suffi à me faire véritablement adhérer, à provoquer ce fameux déclic qui en ferait une de mes sagas de référence... Et autant le dire tout de suite : j'en avais entendu du bien, mais en ce qui me concerne, ce déclic ne viendra pas plus de Dragon Quest VII que des deux qui l'ont précédé. Plutôt le contraire, même.


La septième quête du dragon, un jeu tant attendu

Dragon Quest n'est arrivé en Europe qu'en 2006 avec son huitième opus sur PS2. À partir de 2008, elle s'est étendue sur Nintendo DS avec les portages des épisodes IV, V et VI ainsi qu'un IX développé spécifiquement pour la console portable, mais il aura fallu attendre quelques années de plus pour le VII : initialement sorti en 2000 sur les PS1 japonaises, ce n'est qu'en 2016 qu'il débarque dans nos contrées dans une version refaite en 3D à destination de la 3DS.
Personnellement, je me suis lassé de la fonction 3D de la console en moins d'une semaine, mais il y a sûrement des joueurs qui y tiennent, on ne peut pas décemment leur proposer un jeu en 2D, non mais ! Et tant pis si la caméra n'est pas géniale et que les personnages sont moches. Bon, je me moque mais rien de catastrophique non plus, c'est juste qu'à mon avis, le passage à la 3D était ici franchement dispensable.
Autre différence avec l'original, il paraît que cette nouvelle version rend les combats plus faciles, je ne peux pas vérifier mais je le crois sans problème.


L'histoire du héros qui n'avait pas d'histoire à lui et qui allait donc se mêler de celle des autres

J'ignore si c'est systématique dans les Dragon Quest, mais dans La Quête des Vestiges du Monde, on incarne une nouvelle fois un gamin anonyme... enfin, il a le nom qu'on choisit pour la sauvegarde en lançant le jeu, donc ici « moi », c'était déjà pareil dans le VI. Bref, ce gamin possède autant de personnalité qu'une motte de beurre, et son vocabulaire se limite aux mots « oui » et « non » pour répondre à des questions qui n'en sont pas (soit la réponse n'a aucune importance, soit répondre non va nous faire tourner en rond jusqu'à ce qu'on réponde oui, un procédé que je trouve déjà agaçant dans d'autres jeux et qui est ici systématique : si c'est pour ne pas avoir le choix, pourquoi demander notre avis ?).
Ce gamin sans intérêt vit sur une île paisible dont les habitants se croient seuls au monde : le reste du monde n'est qu'un vaste océan. En compagnie de son copain le prince et de la peste du village, ils partent jouer dans des ruines interdites afin d'échapper tant à la monotonie qu'aux PNJ qui sont à peu près tous détestables sur cette île (ça n'incite clairement pas le joueur à se plonger dans l'univers du jeu, mais disons que c'est conceptuel). Là, ils vont se retrouver propulsés dans un passé lointain, sur une île inconnue où les monstres font régner la terreur...

Partant de là, le gros du jeu, ce sera ça :
1) récolter des tablettes de pierre pour débloquer l'accès à une nouvelle île ;
2) libérer cette île de l'oppression des monstres dans le passé ;
3) l'île apparaît dans le présent, aller la revisiter afin de compléter la collection de tablettes, autrement dit retour à l'étape 1.
Et sachant que les îles apparaissent subitement dans le présent (et non à l'époque où on les sauve, ce qui reviendrait à changer l'histoire du monde, trop compliqué pour le scénar), on peut se demander pourquoi elles interagissent comme si elles avaient toujours été voisines, mais si on commence à se pencher sur la cohérence du jeu, on ne va pas s'en sortir. D'autant que c'est encore le moindre de ses problèmes.

Non, le gros problème, c'est surtout que Dragon Quest VII est BEAUCOUP trop long pour ce qu'il propose.
Comme dans le VI, on n'a pas véritablement de grande histoire qui impliquerait nos personnages et ressemble plus à une collection de quêtes annexes (à l'exception de la dernière portion du jeu). L'intrigue principale est très vite résumée : dans un lointain passé, le méchant roi démon a fragmenté le monde, isolant les îles et les laissant à la merci de ses sbires, alors on restaure ce monde morceau par morceau, et quand c'est fini on va faire sa fête au roi démon (mais il n'est pas mort et voilà qu'il vient pourrir aussi le présent, alors on va faire appel aux esprits pour le battre pour de bon). Soit dit en passant, les méchants n'ont pas plus d'intérêt que les protagonistes, ce sont juste... des monstres. Qui sont méchants parce qu'ils ne sont pas gentils.
À défaut d'une vraie grande histoire, chaque île à sauver possède sa propre petite histoire, et même si elles s'achèvent toutes en battant un monstre quelconque, ces petites quêtes sont assez variées... mais pas franchement passionnantes. Certaines passent pas trop mal, d'autres sont assez pénibles, particulièrement parmi les premières : clairement, durant les 15-20 premières heures de jeu, je m'ennuyais, à me demander si j'allais vraiment poursuivre jusqu'au bout. Par la suite, ça s'améliore un peu, mais d'une manière générale, l'univers est bien trop enfantin et superficiel pour qu'on soit un minimum touché par les drames qui se jouent ici et là, je pourrais en dire autant de l'humour, et cette séparation en de multiples îles et autant d'histoires ne donne à aucun moment l'impression de vivre une grande aventure.
À la limite, ça passerait si, comme dans DQVI, ça allait vite, du genre simple mais efficace. Mais non. Entre les dialogues longs et ennuyeux, les allers-retours stériles, et de temps en temps les longs moments où l'on cherche où on doit aller / comment y aller / à qui on doit parler parce qu'on vient de terminer un truc, qu'on a déjà tout exploré et qu'on n'a aucune idée de ce qu'il faut faire après (à deux reprises, j'ai dû consulter une solution sans quoi j'aurais littéralement passé des heures à retourner sur toutes les îles dans le présent ET dans le passé pour trouver quoi faire - il y a bien une créature censée pouvoir nous donner des indices, mais la première fois, c'était « dém...brouille-toi », et la seconde « il existe un sanctuaire dans le ciel » quand le problème, c'est justement de trouver comment l'atteindre... manquerait plus que les délais avant réponse et on se croirait chez le service client Hachette)... bref, on perd un temps fou.
Ajoutez à ça le nombre élevé d'îles et la portion finale du jeu qui nous en rajoute plusieurs couches quand on croyait toucher au but (désolé, mais le jeu manquait jusque-là d'une histoire principale, c'est un peu tard pour essayer d'en développer une, surtout avec un retournement de situation aussi prévisible), et ça paraît interminable. J'ai dépassé les 70h de jeu pour en voir le bout, et je n'ai pas eu l'impression de vivre une aventure plus riche que celle de DQVI pourtant moitié moins longue. Personnages, histoire, il n'y a absolument rien de marquant, rien qui soit susceptible de me rester en mémoire.


Des gluants, des rochers, des serpents, mais pas tellement de dragons

Quitte à comparer avec Dragon Quest VI, il n'y a pas que du négatif, on peut aussi relever deux points qui ont été améliorés pour cet opus, tous deux liés au système de combat.

Bon, les affrontements au tour par tour, ça, ça ne change pas, personnellement ça me convient très bien. Ce qui change en revanche, c'est que les combats ne sont plus aléatoires, les monstres apparaissent à l'écran. Attention, je n'ai rien contre les combats aléatoires (j'adore le gameplay des anciens Final Fantasy), mais dans le VI, ils étaient beaucoup trop fréquents.
Ici, on peut les éviter. Certes pas toujours, dans les donjons notamment les couloirs sont souvent trop étroits pour les contourner et parfois on ne peut pas y faire trois pas sans un ennemi à affronter, mais en extérieur, vu la quantité de monstres qui surgissent de toutes parts, c'est très appréciable de pouvoir en éviter une bonne part. Ce qui aurait été encore plus appréciable : mettre moins de combats mais un peu plus corsés, parce qu'en dehors des boss on a un peu tendance à les expédier en un seul tour - disons que c'est toujours mieux que des combats nombreux et longs.

L'autre amélioration, et pas des moindres, c'est l'accès au système de vocations. Tout comme son prédécesseur, Dragon Quest VII propose une variété de vocations pour nos personnages (guerrier, mage, artiste martial, barde...), et quand on maîtrise certaines vocations de base (la maîtrise se faisant au fil des combats), on en débloque de plus intéressantes. Et comme dans DQVI, l'accès aux vocations se fait dans un bâtiment spécifique, l'« Abbaye des Vocations », qui n'apparaît qu'après un certain temps de jeu.
Sauf que dans DQVI, le bâtiment apparaissait sans prévenir dans une zone auparavant déserte où l'on n'avait plus de raison de revenir, autant dire qu'il était très facile de la rater et de ne jouer qu'avec les quelques aptitudes de base de chaque personnage. Oui, ça sent le vécu.
Ici, c'est différent (ouf !). Impossible de passer à côté, reprendre l'abbaye aux monstres est même l'objectif principal sur l'une des îles que l'on sauve. Et ne pas attendre de s'être fait laminer par le boss de fin pour adopter des vocations rend tout de même les combats plus intéressants, avec une palette d'actions autrement plus riche.
Un reproche tout de même : si l'on cherche à gérer régulièrement ses vocations et à en adopter une nouvelle dès qu'une autre est maîtrisée (d'autant que certaines de base sont surtout handicapantes), il faut repasser régulièrement par l'abbaye, jusque-là, d'accord. On utilise donc la magie de téléportation jusqu'à l'abbaye, c'est le moyen le plus rapide. Le problème, c'est que cette magie ne fonctionne que dans le présent... et que l'immense majorité des combats se fait sur les îles isolées dans le passé. Il faut donc d'abord revenir au point d'accès de l'île, puis sortir du sanctuaire par lequel on revient dans le passé, et là, se téléporter à l'abbaye, avant de refaire la même chose dans l'autre sens. En gros, si l'on veut gérer correctement ses vocations, ça implique tout un tas d'allers-retours qu'on aurait très facilement pu éviter si la téléportation marchait aussi entre les époques. Ce n'est pas comme si ça posait un vrai problème de cohérence, éviter les longs allers-retours est justement le seul but de cette magie, bon sang !


« J'ai de la corne aux doigts à force de sauver le monde »

Quand j'y pense, je me demande un peu pourquoi j'ai poursuivi La Quête des Vestiges du Monde jusqu'à sa fin.
L'aura dont bénéficie la saga y est sans doute pour quelque chose. Si j'avais abandonné trop vite, je serais resté avec l'idée d'être passé à côté de quelque chose. D'une certaine manière, je n'aurais pas classé le dossier Dragon Quest VII, j'aurais juste laissé le jeu de côté pour le reprendre dans un avenir indéterminé, et avec tous les autres jeux qui m'attendent, je n'ai vraiment pas besoin de ça.
Ensuite, que ce soit un livre ou un jeu, une fois commencé, j'ai la manie d'aller jusqu'au bout (côté mangas, je dois parfois me faire violence pour ne pas continuer d'acheter des séries qui ne me plaisent pas des masses !). Concernant plus spécifiquement les jeux, certains que j'ai commencés sans les terminer sont restés dans ma liste « à faire » (fut un temps où je passais plus facilement à autre chose en me disant « j'y reviendrai plus tard », maintenant j'essaie d'éviter, cf. juste au-dessus) ; pour que j'abandonne définitivement un titre, il faut soit que je le trouve trop difficile, soit que ses défauts me donnent constamment envie de hurler... enfin bref, j'ai besoin de me trouver une bonne excuse. Hors DQVII n'est pas trop difficile, plutôt le contraire, et il ne m'énervait pas non plus (enfin, pas souvent)... c'est juste qu'il m'ennuyait (mais pas au point de m'énerver, haha).
Alors j'avançais en me raccrochant d'abord à l'espoir que ça allait s'améliorer au bout de quelques heures, puis à la progression des personnages et de leurs vocations ainsi qu'à quelques sous-intrigues un poil plus intéressantes que les autres, et enfin à l'espoir (déçu une fois) que c'était bientôt terminé... de fil en aiguille, j'ai pu assister à cette fin toute pourrie (c'est vrai que je n'en ai pas parlé plus tôt, mais la scène de fin est un beau cas de « je n'attendais rien mais je suis quand même déçu »).

Donc voilà, en ce qui me concerne le dossier DQVII est classé, et le bilan n'est pas reluisant. Cela dit, pour ce qui est de la saga Dragon Quest dans son ensemble, c'est une autre histoire.
Sans avoir adoré les épisodes IV et VI, je m'étais tout de même autrement plus amusé. Donc si un jour j'ai l'occasion de me lancer dans le V, pourquoi pas. De même concernant le futur remake du III : pourquoi pas.
Maintenant, Dragon Quest, c'est aussi un VIII qui l'a fait connaître chez nous, puis un IX et un XI (et un XII annoncé en même temps que le remake du III). Honnêtement, si le passage du VI au VII est représentatif de l'évolution de la saga, ça ne me fait clairement pas rêver pour la suite. Mais d'un autre côté, difficile de ne pas être curieux, au moins pour ce qui est de l'épisode PS2. J'ai même pu lire que ses héros étaient attachants, son histoire prenante et son méchant charismatique, exactement ce qui fait défaut ici (et des quelques images que j'ai vues, ça a l'air autrement mieux fichu visuellement)... alors d'accord, je veux bien espérer. J'y jouerai sûrement. Mais pas dans un avenir proche. Vu la quantité de jeux qui vont passer en priorité, c'est même plutôt dans un avenir encore indéfini.
En tout cas, ce n'est pas encore maintenant que DQ rejoindra mes références du JRPG.

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