Voie du tablier (la) - Saison 1 - Actualité anime
Voie du tablier (la) - Saison 1 - Anime

Voie du tablier (la) - Saison 1 : Critiques

Critique de l'anime : Voie du tablier (la) - Saison 1

Publiée le Mardi, 05 Octobre 2021

8 avril 2021. Dans le catalogue de la plateforme Netflix, apparaît mondialement un nouvel anime qui est assez attendu par celles et ceux connaissant la très fun oeuvre d'origine, et qui semble avoir de quoi intriguer les néophytes de par son pitch assez décalé, le temps de ses 5 épisodes durant tous entre 16 et 19 minutes. Produit par le studio J.C. Staff, avec à la réalisation Chiaki Kon (Sailor Moon Eternal, Golden Time, Zakuro...) et au script Susumu Yamakawa (Back Street Girls), l'anime La Voie du Tablier fut annoncé en exclusivité par la célèbre plateforme en octobre 2020 et, à son arrivée, a beaucoup divisé, mais a toutefois rencontré suffisamment de succès pour avoir droit à une 2e partie. Alors que cette 2e partie va rejoindre le catalogue de Netflix cette semaine, le 7 octobre, il est temps que l'on revienne, à notre tour, sur la première salve d'épisodes...



A l'origine de la série, on trouve donc le manga éponyme de Kousuke Oono, en cours de parution au Japon depuis 2018 sur le site Kurage Bunch des éditions Shinchôsha sous le nom Gokushufudo, et en France depuis juillet 2019 aux éditions Kana. Jouissant d'une belle réputation dans son pays d'origine, le manga est classé dans le top des ventes à chaque nouveau volume, a déjà connu des adaptations live en drama, et s'est distingué dans diverses récompenses: 8e au classement Kono Manga ga Sugoi! 2019, récompensé aux Tsugi ni Kuru Manga Awards 2020, 9e au Web Manga General Election 2021, élu meilleure publication comique au prix Will Eisner 2021...



La Voie du Tablier nous invite à suivre la nouvelle voie prise par un ancien yakuza afin de devenir le parfait... homme au foyer. Cet homme, qui se faisait autrefois appeler "Tatsu l'immortel", s'est rangé et a cessé ses activités de yakuza... par amour pour son épouse Miku, qui travaille comme pas deux dans son job de designer ! Depuis, notre homme a remplacé les flingues et autres joyeusetés de gang contre un tablier et des boîtes à bento.



Le schéma est on ne peut plus simple: pas de réelle entrée en matière, et des épisodes qui se divisent chacun en pastilles indépendant d'environ 3 minutes, chacune de ces pastilles adaptant un chapitre du manga. Chaque nouvelle pastille nous invite à découvrir différents moments de tranche de vie... mais des moments forcément décalés ! Apprendre à cuisiner, faire les courses, préparer des petits bentô tout mignons pour sa chérie... ne sont que quelques-unes des situations simples auxquelles on assiste, mais d'emblée le décalage est créé par la dégaine de Tatsu: il a beau s'être rangé et même être apprécié par certaines femmes au foyer du coin, celles et ceux qui ne le connaissent pas ne peuvent, au premier abord, qu'être inquiétés ou étonnés de voir sa mine patibulaire: lunettes, tatouages, coupe de cheveux, sourcils froncés... Souvent sans s'en rendre compte, il a gardé les gimmicks d'un yakuza, pour un résultat pouvant être très drôle, encore plus quand viennent s'en mêler des personnage récurrents comme Masa, l'ancien disciple de Tatsu chez les yakuza, pour n'en citer qu'un.



Une recette simple, donc, mais qui fonctionne bien dans le cadre d'une oeuvre comique au tel parti pris. En plus de pousser l'inversion des rôles à son extrême (un yakuza devenant homme au foyer) pour un propos moderne, le mangaka d'origine sait très bien mettre en images ses gags, que ce soit dans son découpage des cases insistant quand il le faut sur le décalage des situations (par exemple, dès le début on s'inquiète de voir notre ancien yakuza s'emparer violemment d'un couteau, alors que c'est juste pour faire un joli petit bentô), dans le design vraiment excellent de Tatsu qui a toutes les mimiques d'un yakuza, dans celui des personnages secondaires parfois gentiment décalés aussi, ou dans un vrai sens de la mise en scène avec un grand soin sur les détails et les décors intérieurs et extérieurs qui sont très présents et qui sont mis en avant dans des angles de vue variés et bien trouvés.



Mais tout ça, ça vaut pour le manga. Car concernant l'adaptation animée... eh bien, c'est une tout autre affaire, dans la mesure où elle se contente de reprendre littéralement chaque case du manga, et c'est tout. Celles et ceux possédant le manga pourront comparer: il s'agit d'un copier-coller de chaque case, celles-ci étant mises les unes à la suite des autres, et reprenant même les petites illustrations entre les chapitres (qui servent donc ici à séparer les pastilles). Quant à l'animation, elle se limite surtout à des mouvements de caméras type travelling, pour passer d'une case à l'autre. La raison de ce parti-pris pouvant déstabiliser ? Eh bien, La Voie du Tablier n'est pas un anime, mais un motion-comic, un style de création combinant BD et animation, où l'on s'empare des dessins fixes de la BD d'origine numérisée pour y apposer ce que l'on veut:  animation 2D ou 3D, effets spéciaux, sons, musique, voix... C'est d'ailleurs pour ça qu'aucun character designer n'est crédité sur la série, puisque toutes les images proviennent directement du manga d'origine.



Simplement, Netflix a très mal communiqué dès le départ sur le rendu qui devait être adopté pour la série, avec à l'arrivée une forte déception des fans de la première heure. Mais cette simple bévue suffit-elle à tout excuser concernant cette adaptation ? Clairement, non, car même pour un motion-comic, ces 5 premiers épisodes restent très pauvres, tant il n'y a aucune animation ou aucune idée un minimum personnelle. Pire, la fidélité totale aux cases du manga nuit à la série, dans la mesure où le motion-comic bousille l'agencement des cases et la mise en scène imaginés par le mangaka d'origine dans ses planches. Les seules plus-values par rapport au manga viennent de deux choses: d'un côté la mise en couleurs, sympathique mais n'apportant par forcément grand chose car elle reste basique, et de l'autre côté le doublage, bénéficiant d'un casting de seiyûs vraiment bien dans le ton, à commencer par un Kenjirô Tsuda qui colle parfaitement à Tatsu et qui est parfois hilarant (il faut l'entendre se souhaiter son propre anniversaire). En revanche, sauf si vous êtes allergique à la vostfr, ne pensez même pas à regarder ça en vf: les comédiens de doublage choisis ont beau, à la base, des voix qui collent bien aux personnages, les intonations sont catastrophiques et à l'ouest 90% du temps, ce qui confirme que certains types d'humour ne sont peut-être tout simplement pas faits pour le doublage français.



Le constat est donc très mitigé. Les personnes ne connaissant pas le manga d'origine pourront éventuellement s'amuser beaucoup pendant ce court visionnage de même pas 1h15, d'autant plus si elles ne sont pas trop regardantes sur le rendu global qui, même pour un motion-comic, reste cheap. Quant aux personnes lisant déjà le manga (largement meilleur, donc privilégiez-le), si l'on excepte la performance de Kenjirô Tsuda qui peut valoir le coup à elle seule, elles risquent fort d'être déçues, tant on est au degré zéro de l'adaptation, et tant la Voie du Tablier aurait mérité un vrai anime avec son propre rendu. Après tout, rester extrêmement fidèle à la mise en scène d'un manga tout en apportant ses propres choses pour donner un anime qui claque, c'est tout à fait possible, des séries comme Monster ou One-Punch Man (la saison 1, hein) l'ont bien prouvé.

  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

8.5 20