Critique de l'anime : Shining Tears X Wind
Publiée le Jeudi, 21 Mai 2015
Adapter un RPG japonais en une série télé... Voilà un défi qui paraît bien difficile à relever. En effet, comment rassembler en 13 épisodes seulement la centaine d’heures de jeu que représente un bon RPG ? Quand en plus, on s’impose de condenser non pas un mais bien deux RPG en une seule série animée (à savoir Shining Tears sorti en 2004 sur Playstation 2, et Shining Wind sorti en 2007 sur la même console), ça donne quelque chose de très moyen, une sorte de crossover assez laborieux. Jugez plutôt.
Plus facile à dire qu'à faire
Shinning Tears x Wind a les défauts de ses qualités. En effet, prendre le scénario d’un RPG comme base pour un dessin animé est une bonne chose a priori, en particulier ceux de Shining Tears et Shining Wind qui, compilés en un seul anime proposent une histoire très intéressante, et un nombre de rebondissements assez conséquent (un retournement de situation par épisode en moyenne, c’est plutôt pas mal). Mais la production a dû le voir venir : treize épisodes, c’est assez court, et Shinning Tears x Wind balance donc le plus d’informations possible à chaque épisode. Ce qui a pour résultat de faire avancer l’intrigue assez rapidement, mais sans creuser à aucun moment ce qui fait en général l’intérêt d’un bon RPG : la psychologie des personnages.
Ces derniers sont en effet les premiers lésés dans cette production "à la va-vite", dans laquelle il semblerait que le mot d’ordre ait été de caser absolument tous les personnages des deux jeux dans l’anime, histoire de satisfaire tout le monde. On se retrouve alors avec une galerie (un troupeau ?) de personnages, à l’intérêt très moindre en raison de leur manque de profondeur. Une quinzaine de personnages plus ou moins principaux, qui veulent tous avoir leur heure de gloire forcément, ça oblige à amputer sur certains détails.
On apercevra çà et là des petites histoires d’amitié et d’amour entre différents personnages, mais le tout reste très basique et ne va, on s’en doute, pas aussi loin que ce que le RPG devait proposer. Le fait que les personnages soient aussi peu intéressants implique forcément que l’on croit beaucoup moins en leurs pseudo-sentiments (on pense notamment à Kiriya et Zecty, pas touchants pour un sou, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé).
Esthétiquement parlant
Les personnages assez vides auraient pu être sauvés par un character design sympathique, pour tenter de leur attribuer quelques points de charisme, mais on n’y est pas vraiment. Certes les dessins de base réalisés par monsieur Tony Taka pour les jeux sont tout de même très réussis, mais leur passage entre les mains de Mariko Emori et Yukiko Ban pour la version animée les rendent d’une banalité affligeante. Et ce n’est pas l’animation très sommaire qui permettra aux personnages de Tony Taka de briller dans l’anime. Les combats manquent incroyablement d’énergie et ne donnent même pas envie de s’y intéresser. Le coup de grâce ? Le combat final, expédié en deux minutes montre en main. Très moyen.
L’autre gros point noir de Shining Tears x Wind, ce sont les décors relativement pauvres et sans aucun détail, qui contrastent incroyablement avec le design des personnages, tout en épaulettes, froufrous, et autres subtilités vestimentaires pas forcément nécessaires, mais qui pour le coup, tentent de s’approcher le plus possible de ce que les jeux proposaient. On peut au moins leur laisser ça.
La mise en scène n’est pas non plus du meilleur goût passant du coq-à-l’âne sans crier gare, et le tout dans un environnement sonore très répétitif, sans être génial pour autant.
En bref, Shining Tears x Wind est un manga très moyen, mais reste une excellente vitrine de ce que les jeux pouvaient proposer en matière de scénario et de personnages, et pourrait donner envie à certains amateurs de se les procurer (en import, évidemment puisqu’ils ne sont disponibles qu’au Japon et aux États-Unis). Le reste tombera sur une œuvre assez fade dont l’intérêt reste limité à une intrigue certes fouillée, mais qui demande beaucoup de temps pour être appréciée à sa juste valeur...
par Mouss